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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’écouter autour de moi la douce inflexion des cantilènes de Venise, si
distincte du rapide baragouin des cohues de l’Orient. Il était bon, tout
simplement, de voir que Venise était telle que je l’avais gardée en mémoire. Le
campanile de la piazza avait été rehaussé, quelques vieux bâtiments
avaient été détruits et remplacés par d’autres, la basilique San Marco était
ornée de multiples mosaïques nouvelles. Mais rien ne s’était modifié qui sonnât
faux... et ça, oui, c’était appréciable.
    À la Ca’ Polo, les solliciteurs ne cessaient
d’arriver. Si certains étaient plaisants à recevoir, d’autres étaient parfois
pénibles, voire franchement insupportables. Un jour, un camarade, marchand
comme nous, jeta sur notre retour un voile sombre lorsqu’il nous annonça :
    — La nouvelle vient d’arriver d’Orient par la
voie de mon agent à Chypre. Le grand khan n’est plus.
    L’ayant pressé de questions, nous en conclûmes que le
khakhan devait être mort à peu près au moment où nous traversions le Kurdistan.
Oui, ces nouvelles étaient tristes. Mais pas si étonnantes, après tout. Ayant
atteint sa soixante-dix-huitième année, il avait succombé au poids des ans.
Quelque temps plus tard, des détails nous parvinrent : sa mort n’avait
entraîné nulle guerre de succession ; sans opposition majeure, son
petit-fils Temur avait été élevé au rang de khakhan.
    Ici aussi, en Occident, maintes souverainetés avaient
changé en notre absence. Le doge Tiepolo, qui m’avait banni de Venise, était
mort, et Piero Gradenigo portait à présent la scufieta. Sa Sainteté le
pape Grégoire X,  que nous  avions connu à Acre comme l’archidiacre
Visconti, était lui aussi décédé depuis longtemps ; de nombreux papes de
Rome lui avaient succédé. Les Sarrasins s’étaient emparé d’Acre, mettant fin au
royaume de Jérusalem, et tout le Levant, désormais, était sous domination
musulmane. Probablement à jamais. Ayant brièvement assisté, à Acre, à la huitième
croisade conduite de façon peu soutenue par Edouard d’Angleterre, je crois
pouvoir affirmer que je vis la dernière.
    Mon père et ma belle-mère, à cause de la foule qui se
bousculait chez nous, pour asseoir notre prospérité nouvelle ou estimant que le
temps était venu pour nous de vivre comme les NH [40] qu’avaient
toujours été les Polo, commençaient à parler de bâtir une Ca’ Polo plus grande.
S’ajoutèrent donc au flot des visiteurs ceux des architectes, des maçons et
autres artisans, porteurs de dessins, de propositions et de suggestions tels
qu’en les suivant nous aurions éclipsé le palais des doges lui-même. Cela me
rappela une chose que je communiquai à mon père :
    — Nous ne sommes pas encore allés présenter nos
hommages au doge Gradenigo. J’imagine que, depuis l’annonce officielle de notre
retour à Venise, nous sommes redevenus sujets à l’imposition et que nous
devrions recevoir prochainement la visite des collecteurs des douanes. On peut
leur faire confiance pour dénicher, parmi les nombreux objets que nous avons
importés depuis des années, une babiole sur laquelle oncle Marco aurait oublié
de payer quelque taxe dérisoire. Ils feront tout leur possible, sois-en sûr,
pour nous pressurer jusqu’au dernier bagatìn. Cependant, nous ne pouvons
différer davantage notre visite au doge.
    Nous fîmes une requête formelle d’audience, emmenâmes
au jour dit oncle Matteo avec nous, et quand, comme le veut la coutume, nous
offrîmes des présents au doge, nous en présentâmes certains au nom de Matteo au
côté des nôtres. J’ai oublié aujourd’hui la liste de ces cadeaux, mais je me
souviens qu’elle contenait l’une des plaques chryséléphantines pai-tzu que
j’avais portées en tant qu’émissaire du khan de tous les khans et le couteau à
trois lames qui m’avait été si utile en Orient. Je montrai au doge
l’intelligence de son mécanisme. Il joua avec un moment avant de me demander en
quelles occasions je l’avais utilisé, ce que je lui racontai brièvement.
    Il posa ensuite quelques questions polies à mon père,
relevant principalement des affaires commerciales entre l’Orient et l’Occident,
et des projets de Venise dans le but de les accroître. Il exprima son
ravissement que nous ayons, et avec nous la cité de Venise tout entière, si
richement prospéré lors de notre séjour à l’étranger. Après quoi, comme prévu,
il fit part

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