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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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Porco Dio !
    — Certes, ce ne doit pas être très plaisant à
entendre.
    — Ces foutus scataroni avaient-ils besoin
de venir m’annoncer cela ? Maintenant qu’il est trop tard ? Mona
Merda !
    — Ils ont certainement manqué de tact, en effet.
    — Tout ce que cherchaient ces maudits saputèli, c’était me démontrer leur supériorité par rapport au charlatan de campagne
qui m’a châtré ! Aborto de natural.
    — Un vieux dicton proclame, Matteo, que ce monde
est comme une paire de chaussures qui...
    — Bruto barabào ! La ferme, Nico !
    L’air peiné, mon père se retira dans la pièce voisine,
où je pus l’entendre s’affairer à ramasser au sol les objets épars et à
remettre sur pied ce qui pouvait l’être. Oncle Matteo s’assit, mijota un moment
à feu doux à la façon d’une bouilloire, avant de relever les yeux, de les
planter dans les miens et de me dire plus calmement :
    — Pardon pour cette saute d’humeur, Marco. Je
suis désolé. Je sais que j’ai affirmé un temps que j’accepterais cette fâcheuse
situation avec résignation. Mais comprendre là, brusquement, que tout cela
aurait pu être évité...
    Il grinça des dents.
    — Qu’on me fasse frire si je sais ce qui est
pire, être un eunuque ou savoir que j’aurais pu ne pas l’être !
    — Eh bien...
    — Si tu me sors un proverbe, je te brise la
nuque.
    Je restai donc muet, m’interrogeant sur la meilleure
façon de lui exprimer ma sympathie, tout en essayant de lui suggérer que ce
handicap, finalement, n’était peut-être pas aussi déplorable qu’il le pensait.
Ici, sur la terre des virils Mongols, ses anciennes tendances n’auraient sans
doute pas été aussi aisément admises que, par exemple, dans les contrées
musulmanes. S’il avait été de nouveau tenaillé du besoin pressant de caresser
un homme ou un jeune garçon, il aurait pu rapidement se retrouver entre les
tenailles du Caresseur en personne. Mais comment diable lui signifier la
chose ? Prêt à encaisser un coup de son poing toujours crispé, je
m’éclaircis la gorge et me hasardai :
    — Il me semble, oncle Matteo, que chaque fois
que, pour ma part, je me suis retrouvé dans une situation pénible ou
embarrassante, c’est mon candelèto qui avait ouvert le chemin. Ce n’est
pas pour autant que je voudrais m’en passer, ni renier les plaisirs qu’il
m’apporte en règle générale... Mais je pense néanmoins que, si j’en étais
privé, je pourrais plus facilement être un homme respectable.
    — Ne me dis pas que c’est vraiment ce que tu
penses ! réagit-il, amer.
    — Il est certain en tout cas que, de tous les
moines et les prêtres que j’ai pu rencontrer, les plus admirables ont toujours
été ceux qui prenaient au sérieux leur vœu de chasteté. Je pense que c’est
parce qu’ils avaient verrouillé leur sens des plaisirs charnels et qu’ils
pouvaient ainsi mieux tendre vers un idéal de bonté.
    — O merda, o beretta rossa. Tu crois vraiment tout cela ?
    — Bien sûr ! Prends par exemple saint
Augustin. Alors qu’il était encore jeune, il priait ainsi :
« Seigneur, fais de moi un être chaste, mais pas tout de suite. » Il
savait très bien, en implorant cela, où était tapi le mal. Il était encore, à
l’époque, tout sauf un saint, jusqu’à ce qu’il renonce, au final, aux
tentations de la...
    — Chiava el santo ! explosa-t-il, laissant sortir pour le coup sa pire insanité.
    Un moment s’écoula, et aucun éclair n’ayant zébré le
ciel pour venir nous frapper, il articula d’un ton un peu plus modéré, bien
qu’encore sinistre :
    — Je vais te livrer ma façon de penser, Marco. Je
pense que tes croyances, qui sentent l’hypocrisie à plein nez, sont de surcroît
rétrogrades. Il n’y a aucune difficulté à être « bon », comme tu dis.
Tout homme, toute femme de l’espèce humaine ne commet jamais que le
« mal » dont il est capable, celui qu’il ose se permettre. Ceux que
l’on qualifie au final de « bons » ne sont donc, en définitive, que
les plus timorés, et ils ne méritent cette qualité que par défaut. Ce sont les
plus pusillanimes de tous qui finissent par être désignés comme des
saints ; le plus souvent, d’ailleurs, ils le sont d’abord et avant tout
par eux-mêmes. Il est facile de proclamer : « Regardez-moi, je suis
un saint : j’ai réussi à grand-peine à éviter tout commerce avec des
hommes et des femmes plus audacieux que

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