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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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d’un Occidental, et ça m’a suffi. J’en ai encore la nausée,
rien qu’à imaginer que l’infect diamant rouge de l’Arabe, même au repos, est
décalotté !
    — Les musulmans sont circoncis, moi pas,
expliquai-je avec hauteur. Et je n’avais nullement l’intention de vous
l’exhiber. Mais vous pourriez un jour trouver un certain plaisir à représenter
les jumelles qui sont à mon service, elles font de merveilleuses...
    Je m’arrêtai net, les sourcils froncés, et
demandai :
    — Maître Chao, avez-vous voulu dire que le
ministre Ahmad posait en personne pour les tableaux qu’il
commande ?
    — Bien sûr, fit-il, l’air profondément dégoûté.
Mais jamais je n’oserais vous en montrer un, et je suis certain qu’Ahmad ne le
fera pas non plus. Dès qu’un de ses tableaux est achevé, il envoie les femmes
qui ont posé avec lui aux quatre coins de l’empire, pour éviter toute plainte
et tout commérage de leur part. Mais je suis prêt à le parier : où
qu’elles aillent, elles ne risquent pas de l’oublier, ni moi non plus, du
reste. Non seulement j’ai assisté à ce qui s’est passé, mais j’ai de plus
immortalisé leur honte.
    Toute la bonne humeur de Chao s’était évanouie, et il
ne semblait plus du tout avoir l’esprit à s’épancher, aussi pris-je congé de
lui. Je revins vers mes appartements, absorbé dans mes pensées. Non pas au
sujet de ces peintures érotiques, même si elles m’avaient impressionné, pas
plus qu’aux étranges distractions secrètes du Premier ministre Ahmad, bien
qu’elles m’aient, elles aussi, sérieusement intrigué. Non, je m’attardai sur
deux autres détails que Chao avait mentionnés en parlant du ministère de la
Guerre :
    La province du Yunnan. Le peuple Yi.
    L’évasif ministre des Races minoritaires, Pao Nei-ho,
avait lui aussi brièvement abordé ces sujets. Je désirais en savoir plus, à
leur propos tout comme au sien. Bien que Narine fut rentré de sa maraude dans
la domesticité locale, il ne put rien m’apprendre sur le ministre Pao. Nous
nous assîmes, je commandai à Biliktu un bon verre de vin blanc pu-tao pour
chacun de nous deux, et elle nous rafraîchit à l’aide d’un éventail parfumé.
Narine, très fier de faire étalage de ses progrès en langue mongole, déclara
dans cet idiome :
    — J’ai un détail juteux, maître Marco. Lorsque
l’on m’a confié que l’Armurier de la Garde du palais était une personne
extrêmement concupiscente et portée sur la volupté, cela ne m’a d’abord pas
plus étonné que cela. Après tout, qu’est-ce donc qu’un soldat sinon un
fornicateur en puissance ? Mais figurez-vous que cet officier, selon toute
vraisemblance, est une jeune femme han d’un certain niveau social. Il
semble que son comportement leste soit de notoriété publique, mais elle n’en
est pas punie pour autant, car son seigneur de mari est un tel poltron qu’il
ferme les yeux sur sa conduite indécente.
    Je tâchai de tempérer son jugement.
    — Peut-être a-t-il d’autres soucis plus
importants en tête. Ne serait-ce que par compassion, n’ajoutons pas, toi et
moi, nos voix à ce commérage. Le pauvre bougre n’en mérite peut-être pas tant,
après tout.
    — Comme vous voudrez, mon maître. Mais je n’ai
rien de nouveau sur qui que ce soit d’autre... excepté sur les serviteurs
eux-mêmes, auxquels vous ne portez sans doute aucun intérêt particulier.
    C’était vrai, je n’en éprouvais guère. Mais j’eus
l’impression que Narine tenait à me confier quelque chose. Je l’étudiai un
instant, puis commençai :
    — Écoute-moi, Narine, je trouve que tu te
comportes étonnamment bien depuis quelque temps. Pour quelqu’un comme toi, je
veux dire. Je ne parviens à me souvenir dernièrement que d’une action
répréhensible, lorsque je t’ai surpris, une nuit, à m’espionner au lit avec les
filles. Je n’arrive même pas à me remémorer la moindre vraie félonie de ta part
hormis celle-ci. Ce n’est pas tout : tu as changé, depuis peu. Tu t’habilles
aussi élégamment que les autres esclaves du palais. Tu te laisses pousser la
barbe. Je m’étais toujours demandé pourquoi tu t’ingéniais à lui garder cet
aspect broussailleux d’une pousse de deux semaines. Elle est devenue à présent
fort respectable, quoiqu’un peu plus grise que naguère, et ton menton fuyant se
remarque beaucoup moins. Que sont devenus tes anciens favoris ?
Voudrais-tu te cacher de

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