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Marco Polo

Marco Polo

Titel: Marco Polo Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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l’avait
dit Chao, une véritable maquette plus qu’une peinture sur papier. Modelée à
l’aide de plâtre ou de terre cuite, elle était plate aux endroits où il n’y
avait aucun relief, relevée, tourmentée et découpée en dents de scie là où
s’élevaient collines et montagnes, et intégralement garnie de métaux précieux,
de pierres fines et de peintures émaillées de couleur. À l’une de ses
extrémités s’étendait une mer de Kithai turquoise, aux baies, aux escarpements
du rivage et aux petites îles délimités avec précision, dans laquelle se
jetaient des rivières colorées en argent. Toutes les montagnes étaient dorées, les
plus élevées arboraient des diamants censés représenter la neige, tandis que de
petits bassins de saphir bleu figuraient les lacs. Le vert des forêts, si
minutieusement représentées qu’on aurait presque pu en compter un à un tous les
arbres, avait été rendu à l’aide de jade, les champs étaient d’un vert émaillé
plus foncé, et les villes, précises à la maison près, étaient taillées dans
l’albâtre. Ici et là serpentaient les méandres de la Grande Muraille
entièrement composée de rubis. L’étendue étincelante des déserts était couverte
d’une fine couche de perles réduites en poudre. Sur toute la largeur de ce
paysage grand comme la table, des lignes incrustées d’or semblaient onduler sur
les hauts plateaux et les montagnes, mais en y regardant de plus près, je
constatai qu’elles étaient parfaitement rectilignes et formaient une sorte de
damier sur l’ensemble de l’ouvrage. Celles qui étaient orientées est-ouest
semblaient représenter les parallèles climatiques, tandis que les lignes
nord-sud ne pouvaient figurer que les longitudes. En revanche, je ne parvenais
pas à voir où passait le méridien d’origine.
    — Dans la cité qui était alors la capitale,
m’éclaira Chao qui, ayant suivi mon regard, faisait écho à ma pensée. En ces
temps reculés, c’était la ville de Xian, dit-il, pointant du doigt la minuscule
cité d’albâtre, loin au sud-ouest de Khanbalik. C’est d’ailleurs là qu’on a
retrouvé cette carte, il y a quelques années.
    Je remarquai les ajouts qu’y avait faits Chao :
de petits drapeaux de papier représentant les étendards de bataille des orlok et des plumes figurant la queue de yack des sardar entouraient les
terres possédées par le khan Kubilaï, ses ilkhans et ses wang.
    — L’empire ne couvre pas encore toute la carte,
fis-je observer.
    — Oh, il le fera, tôt ou tard, répondit Chao, du
même ton las que lorsqu’il évoquait ses fonctions officielles.
    Il engloba du geste une partie du paysage :
    — Toute cette région située au sud du fleuve
Yang-Tze fait encore partie de l’empire Song, avec sa jolie capitale côtière,
Hangzhou. Mais vous voyez à quel point la pression de toutes nos armées
mongoles aux frontières est devenue puissante. Au nord du Yang-Tze, c’est
l’ex-empire Chin, la Kithai d’aujourd’hui. Plus loin, tout l’ouest est tenu par
l’ilkhan Kaidu. Quant aux hautes terres du To-Bhot [8] , plus au sud,
elles sont dirigées par l’un des nombreux fils de Kubilaï, le wang Ukuruji.
Les seules batailles menées actuellement le sont dans cette région (il montrait
le sud-ouest) où l’orlok Bayan est en campagne dans la province du
Yunnan.
    — J’ai déjà entendu parler de cet endroit.
    — C’est une contrée riche et fertile. Hélas
habitée par ce peuple turbulent et insoumis que sont les Yi, fit Chao, toujours
détaché. Dès que ces derniers auront eu le bon sens de se rendre à Bayan et que
nous dominerons le Yunnan, nous encerclerons, comme vous pouvez le voir, de si
près le reste des provinces Song qu’elles n’auront d’autre choix que de se
soumettre à leur tour. Elles seront appelées Manzi. Le khan Kubilaï régnera
alors sur toute l’étendue de cette carte, et sans doute plus loin encore.
Depuis Sibir, dans le Nord glacial, jusqu’aux abords des forêts vierges de la
région de Champa, au sud. Et de la mer de Kithai jusque très loin vers l’ouest,
bien au-delà des terres figurées sur cette carte.
    — Vous avez l’air de penser que cela ne lui
suffira pas.
    — Je ne le pense pas, je le sais. Il y a un an à
peine, le khan a diligenté la toute première expédition mongole vers l’est.
Oui, c’était leur première incursion maritime. Il a lancé une flotte de chuan à l’assaut de la mer de Kithai

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