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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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appréciations. Maintenant que nous sommes seuls, oublie un moment la belle Yvonne, tu as trop d’esprit, et tu n’es plus assez jeune pour sacrifier ton intérêt à l’amour. Or, il s’agit de notre fortune, Diégo ! de notre fortune que la mort de Philippe nous a enlevée tout à coup, et qu’il dépend de moi de nous rendre ! Ah ! tu es devenu attentif ? Tu m’écoutes, maintenant !
    – Sans doute ! tu m’intrigues énormément. Parle vite.
    – Oh ! mon projet sera court à expliquer.
    – Je t’écoute.
    – La mort du marquis est tellement récente, continua Hermosa, qu’elle est à peine connue dans cette partie de la province, et que bien certainement on l’ignore à vingt lieues.
    – Ceci est incontestable.
    – Tu te rappelles, Diégo, lors de notre arrivée à Rennes, jadis ce que nous avons entendu dire de l’amour de Julie de Château-Giron pour Philippe de Loc-Ronan ?
    – On prétendait cet amour fort sérieux.
    – Et l’on ne se trompait pas ! Ce qui a déterminé la nouvelle marquise à prendre le voile a été la pensée de rendre le repos à son époux, croyant le mettre ainsi à l’abri de nos poursuites. Tu avoueras qu’elle se sacrifiait. Or, une femme qui, jeune et jolie, renonce au monde pour l’amour d’un homme, cette femme-la, ferait à plus forte raison, le sacrifice de sa fortune pour assurer la tranquillité de ce même homme ?
    – Puissamment raisonné ! interrompit Diégo.
    – Julie de Château-Giron a perdu son père il y a quatre mois.
    – Comment sais-tu cela ?
    – Que t’importe ?
    – Tu as donc des espions partout ?
    – Peut-être bien !
    – Allons ! tu es bien décidément d’une force remarquable ! dit Diégo en baisant la main de sa compagne.
    Il avait entièrement oublié Yvonne.

XIII – LES PROJETS D’HERMOSA.
    – Tu disais donc, reprit Diégo après quelques instants, que Julie de Château-Giron avait perdu son père il y a quatre mois ?
    – Oui.
    – Mais elle était fille unique, si j’ai bonne mémoire ?
    – En effet, tu ne te trompes pas.
    – Alors elle a hérité ?…
    – De trois millions environ.
    – Elle les a donnés à sa communauté ? demanda vivement Diégo.
    – Non.
    – Qu’en a-t-elle fait ?
    – Elle a donné cinq cent mille livres au couvent dans lequel elle résidait, et dont j’ignore le nom.
    – Et le reste ?
    – Le reste, c’est-à-dire deux millions cinq cent mille livres, est demeuré à Rennes entre les mains de son notaire.
    – Qu’en fera-t-elle ?
    – Elle veut en disposer en faveur du marquis.
    – Qui t’a donné tous ces détails ?
    – L’intendant de la Bretagne qui a été destitué dernièrement.
    – C’est donc cela que tu le recevais si fréquemment à Paris ? fit Diégo avec un sourire.
    – Sans doute.
    – Alors, tu es certaine de ce que tu me dis ?
    – J’en réponds !
    – Et que conclus-tu ?
    – Tu ne devines pas ?
    – Pas précisément, je l’avoue.
    – Je te croyais de l’esprit.
    – Suppose que j’en manque, et explique-toi.
    – C’est bien simple.
    – Mais, encore, qu’est-ce que c’est ?
    – Il faut d’abord connaître le nom du couvent où s’est retirée Julie.
    – Nous saurons cela facilement à Rennes, dit Diégo. Au pis-aller, nous interrogerions le notaire lui-même sous un prétexte quelconque. Bref, je m’en charge ! Après ?
    – Tu dois te faire une idée de la terreur qu’inspirent seulement nos noms à la marquise ?
    – Parbleu !
    – Tu avoueras aussi qu’elle doit ignorer encore la mort de son époux ?
    – Je le crois.
    – Donc, tu iras la trouver hardiment.
    – Bien ; j’irai.
    – Tu demanderas à lui parler en particulier. Au besoin, j’obtiendrai la permission.
    – Ensuite ?
    – Tu lui diras que nous sommes décidés à faire un éclat…
    – Si elle n’abandonne pas entre nos mains les deux millions cinq cent mille livres ? interrompit Diégo.
    – Précisément.
    – Elle les abandonnera, Hermosa ; elle les abandonnera !
    Et Diégo marcha avec agitation dans la chambre en se frottant les mains avec joie.
    – Admirable ! s’écria-t-il tout à coup en s’arrêtant devant sa compagne, admirable ! Tu es un génie !
    – Tu approuves mon projet ?
    – Je le trouve sublime.
    – Et tu le mettras à exécution ?
    – Sur l’heure !
    – Donc nous partons ?
    – Cette nuit même !
    – Et la Bretonne ? demanda Hermosa

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