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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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trancher un magnifique jambon de Westphalie. N’entendant Raphaël faire aucun mouvement, il le crut évanoui de nouveau. Alors il se dirigea rapidement vers la porte. Sa main, étendue, rencontra celle de son ennemi.
    – Enfin ! s’écria Raphaël en levant son poignard.
    Et d’un bras encore assez ferme il frappa. Diégo, avec une présence d’esprit qui indiquait un sang-froid remarquable, se baissa vivement. Raphaël frappa dans le vide.
    Alors Diégo, se relevant, saisit son adversaire dans ses bras, le souleva de terre et le renversa sur la dalle. Puis, entr’ouvrant vivement la porte, il s’élança en la retirant à lui. La clef, placée extérieurement, lui permit de la refermer. Une fois dans le corridor, il respira. Hermosa était en face de lui.
    – Eh bien ? demanda-t-elle.
    – Il va mourir ! répondit Diégo.
    – Quoi ! ce n’est pas encore fini ?
    – Je ne voulais pas répandre son sang.
    – Parce qu’il avait été ton compagnon ?
    Diégo haussa les épaules.
    – Non ! dit-il, mais pour que Jasmin puisse croire à ce que nous dirons lorsque nous lui parlerons de cette mort subite.
    À travers l’épaisseur de la boiserie de la porte, on entendait Raphaël blasphémer. Seulement les blasphèmes étaient interrompus de temps à autre par un râle d’agonie.
    – Maintenant, rentre chez toi ! dit Diégo à Hermosa.
    – Tu ne viens pas ?
    – Non !
    – Où vas-tu donc ?
    – À la cellule de l’abbesse.
    – Trouver la Bretonne ?
    – Oui.
    – Pourquoi faire ?
    – Pour savoir si, elle aussi, elle est morte.
    Hermosa fixa sur son interlocuteur son grand œil noir pénétrant.
    – Diégo ! fit-elle.
    – Hermosa ? répondit tranquillement le comte en soutenant sans trouble le regard de sa compagne.
    – Diégo ! tu m’as dit que cette jeune fille t’était indifférente ?
    – Oui.
    – Tu as menti !
    – Hermosa !
    – Tu as menti ! te dis-je.
    – Mais, je te jure…
    – Allons-donc ! interrompit Hermosa avec dédain, crois-tu donc que je t’aime encore assez pour être jalouse ?
    – Eh bien, alors ?
    – Je veux que tu me dises la vérité.
    – Je te l’ai dite.
    – Très-bien ; je vais alors aller moi-même dans la cellule, et comme cette jeune fille nous est inutile…
    – Après ? dit Diégo en voyant qu’elle n’achevait pas sa pensée.
    – Il reste encore quelques gouttes au fond du flacon, continua-t-elle froidement.
    Diégo fit un geste violent d’impatience. Hermosa se rapprocha de lui.
    – Avoue-donc ! dit-elle.
    – Eh ! quand cela serait ? que t’importe ?
    – Il m’importe qu’avant toute chose je veux que nous partagions ce que vous avez rapporté du château de Loc-Ronan.
    – Morbleu ! que ne le disais-tu plus tôt ?
    Et Diégo entraîna rapidement Hermosa dans une chambre voisine. On entendait toujours le râle et les blasphèmes de Raphaël qui lacérait la boiserie de la porte avec la pointe de son poignard. À l’aide d’un briquet qu’il portait constamment sur lui, le malheureux avait encore eu la force de faire jaillir la lumière et de rallumer une bougie. Il espérait pouvoir démonter les gonds de la porte et joindre alors son ennemi, mais sa main vacillante frappait la boiserie et non le fer.
    Diégo se dirigea vers un énorme coffre placé dans un des angles de la pièce dont Hermosa avait fait sa retraite. Ce coffre était doublé en fer et avait servi sans doute à renfermer les trésors du couvent. Les religieuses avaient fui si promptement qu’elles n’en avaient pas emporté les clefs. Lorsque le comte de Fougueray était arrivé dans l’abbaye, le coffre était ouvert et vide. C’était là qu’avec Raphaël ils avaient déposé l’or, les bijoux et les papiers arrachés à Jocelyn.
    Diégo ouvrit le coffre. Il allait procéder au partage, lorsque Hermosa lui posa la main sur l’épaule.
    – Attends ! dit-elle.
    Diégo la regarda étonné.
    – Qu’est-ce donc ? demanda-t-il.
    – J’ai à te parler.
    – Plus tard !
    – De suite !
    – Fais vite en ce cas.
    – Cette demande de partage, mon cher, est un prétexte, dit Hermosa en souriant. Je n’ai pas peur que tu me trompes jamais ; car nous avons trop besoin l’un de l’autre pour que tu songes à faire de moi ton ennemie. Ne t’impatiente pas ! Si tout à l’heure j’avais voulu t’amener ici pour causer, tu aurais refusé ! Je connais ton caractère gai et j’ai suivi mes

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