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Marcof-le-malouin

Marcof-le-malouin

Titel: Marcof-le-malouin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ernest Capendu
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qu’ils avaient à parcourir pour atteindre l’abbaye de Plogastel, les trois cavaliers, qui suivaient au galop la route bordée de genêts, entendirent un sifflement aigu retentir à peu de distance. Marcof étendit vivement la main.
    – Halte ! dit-il en retenant son cheval.
    – Pourquoi nous arrêter ? demanda Keinec.
    – Parce que nos amis pourraient nous prendre pour des ennemis et tirer sur nos chevaux. Attendez !
    Le marin répondit par un sifflement semblable à celui qu’il avait entendu, puis il l’accompagna du cri de la chouette.
    Alors il mit pied à terre.
    – Tiens mon cheval, dit-il à Jahoua. Et il s’approcha des genêts. Deux ou trois hommes apparurent de chaque côté de la route.
    – Fleur-de-Chêne ! dit Marcof en reconnaissant l’un d’eux.
    – Capitaine ! répondit le paysan en saluant avec respect.
    – Avez-vous des prisonniers ?
    – Aucun encore.
    – Tonnerre ! s’écria le marin en laissant échapper un geste d’impatience furieuse. Vous veillez cependant ?
    – Tous les genêts sont gardés.
    – Et les routes ?
    – Surveillées.
    – Où est M. le comte ?
    – Dans la forêt.
    – Bien, j’y vais. Donne le signal pour qu’on laisse continuer notre route, car nous n’avons pas le temps de nous arrêter.
    Fleur-de-Chêne prit une petite corne de berger suspendue à son cou et en tira un son plaintif. Le même bruit fut répété quatre fois, affaibli successivement par la distance.
    – Vous pouvez partir, dit le paysan.
    – Et toi, veille attentivement.
    Marcof se remit en selle, et les trois hommes continuèrent leur route en activant encore les allures de leurs chevaux. Bientôt ils atteignirent l’endroit où se soudait au chemin qu’ils parcouraient l’embranchement de celui conduisant à Brest.
    – Continuons, dit Jahoua en voyant Marcof hésiter.
    – Non, répondit le marin. Peut-être se sont-ils réfugiés dans l’abbaye, et alors ils doivent garder l’entrée de la route. Prenons celle de Brest, nous traverserons les genêts en mettant pied à terre, et nous pénétrerons en escaladant les murs de clôture du jardin. De ce côté, on ne nous attendra pas.
    – Au galop ! fit Keinec en s’élançant sur la route indiquée.
    Bien évidemment le hasard protégeait Diégo, car, sans la réflexion de Marcof, les trois cavaliers, continuant droit devant eux, se fussent trouvés face à face avec le comte et Hermosa, qui quittaient en ce moment l’abbaye après le meurtre de Raphaël.

XVIII – LE MOURANT.
    Après avoir fourni une course rapide, accomplie dans le plus profond silence, Marcof Keinec et Jahoua atteignirent les genêts. De l’autre côté, on apercevait les clochetons aigus, les tourelles gothiques et les toits aux corniches sculptées de l’abbaye de Plogastel, qui, plus sombres encore que le ciel noir, se détachaient au milieu des ténèbres.
    Marcof et ses deux compagnons entrèrent dans les genêts. Mettant tous trois pied à terre, ils attachèrent solidement les brides de leur monture à un bouquet de vieux saules qui se dressait à peu de distance de la route. Puis ils s’enfoncèrent dans la direction de l’abbaye, se frayant un chemin au milieu des hautes plantes dont les rameaux anguleux se rejoignaient en arceaux au-dessus de leurs têtes bientôt ils atteignirent le mur du jardin.
    Ce mur très-élevé eût rendu l’escalade assez difficile, si le temps et la négligence des employés de la communauté n’eussent laissé à la pluie le soin d’établir de petites brèches praticables pour des gens même moins agiles que les deux marins. Marcof et Keinec furent bientôt sur l’arête du mur et aidèrent Jahoua à les rejoindre. Tous trois sautèrent ensemble dans le jardin parfaitement désert, à l’extrémité duquel se dressait la façade noire du bâtiment.
    Ils traversèrent le petit parc dans toute sa longueur et examinèrent attentivement l’abbaye. Aucune lumière révélatrice ne brillait aux fenêtres de ce côté.
    – L’abbaye est déserte ! murmura Jahoua.
    – Allons dans la cour ! répondit Marcof.
    Ils pénétrèrent dans le rez-de-chaussée du couvent à l’aide d’une croisée entr’ouverte.
    – Puis, traversant en silence les cellules et le corridor, ils se trouvèrent au pied de l’escalier.
    – Il y a de la lumière au premier étage ! fit Keinec à voix basse, en désignant de la main une faible lueur qui rayonnait doucement au-dessus de sa

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