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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Festin de pierre ou Dont Juan commença.
    Dès les premières répliques, Marguerite fut conquise. Elle riait aux éclats aux propos de Sganarelle, le personnage qu’elle préféra d’emblée. Dom Juan lui faisait peur. S’il y avait quelques diableries dans le théâtre, il les incarnait toutes !
    Elle était captivée par cette histoire fantastique. Ce Dom Juan était bien méchant! Pauvre Dona Elvire, l’épouse trompée ! Sganarelle ne devrait pas protéger ainsi son maître.
    Il était bien trop malhonnête. Sganarelle entrait à nouveau sur scène, masqué et déguisé, vêtu d’un sombre manteau noir et d’un chapeau pointu. L’assistance éclata de rire.
    — C'est l'habit d'un vieux médecin, qui a été laissé en gage au lieu où je l'ai pris, et il m'en a coûté de l'argent pour l'avoir.
    Mais savez-vous, monsieur, que cet habit me met déjà en considération, que je suis salué des gens que je rencontre, et que l'on me vient consulter ainsi qu'un habile homme ?
    Marguerite se retint d’applaudir { cette réplique qu’elle entendait comme un compliment à son mari. Sganarelle poursuivait ses explications à Dom Juan.
    — Cinq ou six paysans et paysannes, en me voyant passer, me sont venus demander mon avis sur différentes maladies.
    — Et quels remèdes encore leur as-tu ordonnés ?
    — Ma foi! Monsieur, j'en ai pris par où j'en ai pu attraper; j'ai fait mes ordonnances à l'aventure, et ce serait une chose plaisante si les malades guérissaient, et qu'on m'en vint remercier.
    Ah ! C’était bien vrai, se disait Marguerite, se rappelant les soins du docteur Talham à ses frères et sœurs ; ses parents avaient remercié le bon Dieu de les avoir épargnés. Mais voilà que le vilain Dom Juan reprenait et osait médire des talents de son époux.
    — Et pourquoi non ? Par quelle raison n'aurais-tu pas les mêmes privilèges qu'ont tous les autres médecins? Ils n'ont pas plus de part que toi aux guérisons des malades, et tout leur art est pure grimace. Ils ne font rien que recevoir la gloire des heureux succès, et tu peux profiter comme eux du bonheur du malade, et voir attribuer à tes remèdes tout ce qui peut venir des faveurs du hasard et des forces de la nature.
    Pourquoi Dom Juan était-il si méchant en parlant des médecins ? Et le gentil Sganarelle qui lui répondait comme si c’était vrai ! Et Talham qui riait franchement en essuyant une larme ! Marguerite le regarda, ahurie ! Voyons, on se riait de lui et pourtant, le docteur s’esclaffait. C’était { n’y rien comprendre.
    — Mais ils se moquent de vous, murmura-t-elle.
    Son mari lui chuchota affectueusement :
    — Je t’expliquerai, ma chère petite femme qui veut me défendre.
    — Chut ! fit un impatient derrière eux.
    Mais à la fin de la pièce, Marguerite avait déjà oublié l’épisode cocasse des médecins. Elle était terrorisée par l’apparition du commandeur. Elle n’était pas la seule, on entendait dans la salle les cris effrayés des dames. La séance prit fin et les comédiens vinrent saluer sous les applaudissements nourris du public. Sganarelle revint sur scène en faisant une pirouette pour annoncer que la troupe de théâtre des Jeunes messieurs faisait une pause de vingt minutes avant d’entreprendre la suite de la représentation.
    — J’ai eu si peur, dit Marguerite. Ce commandeur qui venait des enfers était effrayant.
    — Tout cela n’est que comédie, la rassura Talham.
    Monsieur Molière souhaitait qu’à la fin de sa pièce, les spectateurs réfléchissent au bien et au mal, afin que le cœur de tous les hommes soit compatissant. Je vois qu’avec toi, il a réussi.

    — Quel plaisir extrême, mes amis ! s’exclama le notaire Papineau. Quelle interprétation ! Les caractères sont soutenus d’une manière si admirable que leur mérite surpasse tous les éloges. Et votre dame qui est tout en émoi ! Quelle charmante innocence ! Une jeune femme délicieuse !
    Le notaire s’inclinait galamment devant une Marguerite rose de plaisir.
    — Vous ne croyez pas si bien dire, monsieur Papineau, fit une forte voix derrière eux. Mademoiselle Lareau, le titre de madame Talham vous va à merveille !
    — Monsieur et madame de Rouville ! s’exclama le docteur en se retournant. Si je m’attendais { vous rencontrer ici, aujourd’hui !
    Talham bafouillait comme un gamin qu’on venait de prendre flagrante delicto à voler des pommes !
    — Pourtant, il me semblait vous l’avoir annoncé,

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