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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Rowand et quelques heures de repos. L’assistance se composait de messieurs tirés à quatre épingles et de belles dames dont les tenues rivalisaient d’élégance, exception faite de quelques vieilles douairières se pavanant dans les robes à larges jupes du siècle dernier, alors que la mode exigeait une jupe droite, à peine froncée à la taille, qui était haute et prise sous la poitrine. D’imposants lustres descendaient du plafond, jetant des flots de lumière chatoyante sur les bras nus des femmes qui cherchaient une place dans la grande salle où se déroulerait plus tard la pièce de théâtre.
    A mesure que des gens arrivaient, le brouhaha s’intensifiait.
    Alexandre saluait, présentant une Marguerite ébahie à des personnes de sa connaissance.
    — Docteur Talham, venez par ici !
    C’était le notaire Papineau qui faisait de grands signes en désignant deux places près de lui. Alexandre et Marguerite se faufilèrent pour le rejoindre.
    — Ha ! Ha ! Voil{ de quoi a l’air le papillon sorti de sa chrysalide !
    Le notaire ne cachait pas son admiration.
    — Madame, vous êtes un véritable plaisir pour les yeux!
    Il s’inclina galamment sur la main de la jeune femme en une courbette un peu ridicule.
    — Mes plus respectueux hommages !

    — Bonsoir, monsieur Papineau, je suis bien heureuse de vous revoir.
    — Avec quelle grâce s’exprime cette charmante personne. Asseyez-vous près de moi, dit-il en désignant les sièges libres. Je suis venu seul. Mon épouse écoute trop les curés et réprouve le théâtre. Puisque mon fils aîné est
    { Québec et que ma fille, vous vous en doutez, n’a pas l’autorisation de sa mère pour m’accompagner, je suis donc condamné à assister au spectacle en solitaire. Ces messieurs du clergé qui voient l’œuvre du démon partout ! Proprement ridicule ! La troupe des Jeunes messieurs ne comprend que. . des jeunes messieurs. Diantre!
    Aucune dame sur la scène ! C’est bien dommage, d’ailleurs. Molière a écrit de si beaux rôles pour ses amies comédiennes !
    Marguerite écarquillait les yeux en écoutant le notaire proférer des propos irrévérencieux sur les prêtres. Même s’il arrivait { un de ses parents de manquer la messe domi-nicale, jamais elle n’avait entendu de leur part un mot contre le curé, ni même de la part de Monsieur Boileau.
    — N’ayez crainte, chère madame, ajouta Papineau pour apaiser la jeune femme, ce que vous entendrez et ce que vous verrez ce soir n’a rien de répréhensible.
    — Marguerite, je ne t’aurais jamais amenée ici si le spectacle devait, être le moindrement subversif, la rassura Talham qui, de son côté, ne semblait nullement choqué par les propos de Papineau.
    — Subversif?
    — Disons. . inconvenant.
    — Qui parle d’inconvenance ?

    À la vue de son ancienne maîtresse, madame de Beaumont, Alexandre dissimula son mécontentement en grimaçant un sourire poli. Les distractions étaient trop rares à Montréal pour ne pas rencontrer Lisette { l’hôtel Hamilton. Marguerite observa attentivement cette dame qui, de toute évidence, semblait bien connaître son mari. Trois audacieux plumets ornaient sa coiffure.
    — Marguerite, ma chère, voici madame de Beaumont, une vieille connaissance.
    — Madame Talham, je suis enchantée de vous connaître, répondit-elle en détaillant ostensiblement Marguerite. Et vous, mon ami, dit malicieusement la perfide en taquinant le docteur du bout de son éventail, depuis quand rappelle-t-on son âge à une dame, surtout devant une si jeune femme ?
    «C’est donc elle, la petite oie blanche de son beau docteur. Fi ! Quelle vilaine robe ! Alexandre, mon cher, je vous croyais avoir un meilleur goût! se dit madame de Beaumont. »
    La jalousie empreinte de mauvaise foi égarait madame de Beaumont, car Marguerite était ravissante en tout point.
    La courtisane refusait plutôt de voir ce bouton de fleur qui ne cherchait qu’{ s’épanouir, méprisant le plaisir innocent qui se lisait dans les yeux brillants de la jeune femme, jalouse de cette gorge et de ce teint ivoire délicatement mis en valeur par la nuance parfaite de la robe. La fierté que le mari éprouvait pour sa jeune femme n’échappa pas à la veuve.
    « Eh bien ! murmura l’effrontée pour elle-même, voilà mon docteur qui est amoureux comme un sot ! »
    — Ça y est ! annonça alors le notaire Papineau. La toile va se lever.
    Madame de Beaumont regagna sa place et la représentation du

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