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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Nouvelle York? Pour cela, il me fallait retraverser une grande partie de la France et je n'étais même pas certain de trouver un bateau en partance pour l'Amérique. Je gagnai finalement Calais où j'ai attrapé ces fameuses fièvres. Décidément, je jouais de malchance, d'autant qu'il me fallait impérativement regagner l'Angleterre. La situation s'envenimait en terre fran-
    çaise et j'étais sujet britannique. Je ne voulais pas mettre en danger la bonne famille chrétienne du docteur qui m'hébergeait si généreusement.
    A peine relevé de ma maladie, ce dernier me présenta à un individu peu recommandable, un genre de contrebandier qui me ferait traverser clandestinement la Manche. De nuit, bien entendu. Je n 'ai jamais eu aussi peur de ma vie ! La pluie incessante et les vents violents transformaient le bateau de pêche de l'individu en frêle esquif qui, à tout moment, menaçait de nous entraîner par le fond. J'ai bien cru vivre ma dernière heure, mais finalement, je me suis retrouvé à Douvres. Sauf que le passeur m’avait délesté de tout ce qui me restait d'argent, ne rue laissant qu'une dizaine de livres.
    J'aurai bien des choses à vous raconter, mais le temps presse et je ne veux pas manquer la malle. Cher père, faites parvenir chez le marchand Pierre Bruneau, à Québec, une lettre de change pour une somme suffisante qui réglera le prix d'un passage pour le Canada. J'ai juste de quoi pourvoir à mon logement et à mon entretien jusqu'à la fin de mon séjour ici. Si tout va bien, j'em-barquerai au début du mois d'août et, si Dieu le veut, je serai à Québec vers le 15 septembre. Comme j'ai déjà noirci deux feuillets, je vous laisse pour porter prestement cette lettre afin qu'elle vous parvienne au plus tôt. Je vous régalerai de tous les détails du récit de mes aventures l'hiver prochain, en compagnie de nos bons amis. Il me tarde de tous vous serrer dans mes bras.
    Embrassez pour moi mes sœurs et ma mère.
    Votre fils affectionné,
    René Boileau, Londres

    — Des nouvelles rassurantes, en effet. Madame Boileau sera heureuse. Mais, pardonnez-moi, je dois partir si je veux être de retour avant la pluie. J’ai l’impression qu’il y aura de l’orage, dit le docteur en scrutant le ciel.

    *****
    Depuis l’arrivée de sa nouvelle maîtresse, en qui elle ne voyait qu’une usurpatrice, Charlotte Troie tenait bien en main les rênes de la maisonnée, n’entendant pas les laisser
    { «une fillette», qui avait su attendrir le cœur du bon docteur. La servante s’ingéniait { contrarier Marguerite, jouant sur l’inexpérience de la jeune femme qui n’avait jamais eu à commander des domestiques.

    Dès les premières semaines, la nouvelle madame Talham eut l’idée de changer l’ordonnance de la chambre de compagnie pour égayer la maison et faire une surprise à son mari.
    Marguerite imaginait déjà les rideaux dans un tissu plus gai et souhaitait déplacer les meubles. Le sofa irait contre un mur plutôt qu’entre les deux fenêtres et un fauteuil judicieu-sement placé dissimulerait l’endroit le plus usé du beau tapis de Bruxelles. Avec ces arrangements, ce serait beaucoup plus joli. Pour ce faire, elle avait besoin de l’aide de Charlotte qui lui opposa une fin de non-recevoir.
    — Il n’en est pas question, madame, avait affirmé la servante, péremptoire. Monsieur le docteur a toujours aimé ces rideaux. C’est madame Appoline qui les avait cousus et c’est elle aussi qui a choisi de placer le sofa l{ où il est. On ne change rien, ce sont les ordres de monsieur.
    Marguerite avait rapporté l’incident { Emmélie.
    — Tu te laisses mener par cette dragonne? Je vais lui parler.
    — Inutile. Je le ferai moi-même plus tard, avait répondu Marguerite qui ne voulait pas chagriner son mari avec de petits ennuis domestiques.
    Même Augustin, le domestique de Monsieur Boileau, qui était encore le confident de Charlotte, n’approuvait pas le comportement de la servante.
    — Ce n’est pas bien, Charlotte. Je connais la demoiselle Lareau, elle ne ferait pas de mal { une mouche. C’est ta maîtresse, mais tu profites de sa jeunesse pour prendre toute la place dans la maison. Que feras-tu lorsque l’enfant sera l{ ? Tu le lui enlèveras en prétextant qu’elle est trop jeune pour s’en occuper ?
    Offensée
    par
    autant
    d’incompréhension,
    Charlotte
    avait demandé à Augustin de ne plus venir la voir, dorénavant. Depuis, elle regrettait de l’avoir ainsi

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