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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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renvoyé, mais elle était trop
    orgueilleuse
    pour
    l’implorer
    de
    revenir.
    La
    servante se sentait encore plus seule que le jour où madame Appoline, la vraie madame Talham, était morte.

    *****
Emmélie et Marguerite cousaient dans l’atmosphère étouffante de la grande chambre du rez-de-chaussée de la maison du docteur Talham. Pas un souffle de vent n’entrait par les fenêtres grandes ouvertes qui donnaient sur le bassin.
    L’air lourd et chargé d’humidité incommodait Marguerite.
    Il lui semblait que l’enfant bougeait moins. Elle avait craint un moment qu’il ne soit mort, mais Alexandre l’avait rassurée. A son avis, tout cela était bien normal. Il avait quand même fait appeler la bonne femme Stébenne. La sage-femme l’avait examinée en touchant ses parties intimes, geste qui avait mortifié la jeune femme.
    — Le passage est ouvert, avait dit la sage-femme au docteur. Ce ne sera plus bien long, au plus quelques jours.
    Préparez le nécessaire et faites-moi chercher dès que les douleurs seront rapprochées.
    Chaque jour, si elle n’avait pas d’autres obligations, Emmélie arrivait avec son panier à ouvrage pour distraire Marguerite ou l’aider { accomplir une tâche quelconque.
    Ces derniers temps, la future mère se déplaçait difficilement, marchant à petits pas, les reins en feu. Elle dormait peu, la chaleur l’accablait et son corps douloureux ne lui donnait plus aucun répit.
    Appréhendant ces fameuses douleurs que tout le monde évoquait avec une certaine terreur dans la voix, elle cousait à petits points rigoureusement égaux une robe d’enfant tandis qu’Emmélie s’appliquait { poser les rubans { la minuscule « bonnette » en coton doux qui protégerait la tête de l’enfançon. Se concentrer sur un ouvrage de couture permettait { Marguerite d’oublier momentanément l’inconfort de la canicule. Quelle géhenne l’attendait le jour où l’enfant viendrait ?
    — Comment te sens-tu ? demanda Emmélie, attentive au bien-être de son amie.
    — J’aime mieux ne pas y penser. J’ai mal partout. Ça a l’air drôle, ce que je vais te dire, mais je prendrais bien mon ventre pour le poser sur la commode, une fois de temps en temps. J’ai hâte d’être délivrée. Dès que je vais au village et que je croise une bonne femme, elle sort de sa besace un conte d’épouvante en voyant mon gros ventre ! Si tu savais le nombre de récits de femmes mortes au bout de leur sang ou d’enfants découpés en morceaux que j’ai entendus depuis quelque temps, tu n’en reviendrais pas! — Ça ne t’arrivera pas, la rassura Emmélie. Nos mères ont accouché nombre de fois et malgré leurs cris d’effroi, elles sont toujours vivantes. D’autres disent aussi que c’est le «mal joli», puisque lorsque tout est fini, la douleur s’envole miraculeusement. Il ne reste plus qu’un nourrisson qui cherche à téter dans les bras de sa mère.
    Emmélie pouvait comprendre l’angoisse de Marguerite.
    Qui ne connaissait pas une femme morte en couches ? Elle était aussi ignorante que sa cousine sur le mal d’accouchement. Mais l’heure n’était pas aux apitoiements.
    — On dit que c’est un heureux présage que d’être bien grasse, dit-elle pour encourager Marguerite. C’est un signe que l’enfant sera en pleine santé. Tu verras, avança-t-elle joyeusement, en tirant l’aiguille, ce sera un gros garçon bien portant et tout blond.
    — Qu’est-ce qui te fait croire que c’est un garçon ?
    L’enfant pourrait aussi bien être une fille.
    — C’est une impression, rétorqua Emmélie, un pressentiment, comme diraient les demoiselles Niverville ou ta mère, tante Victoire. Je n’arrive pas { penser { ce petiot en fille.
    — La Stébenne prédit aussi un garçon: «porter devant est signe d’un mâle», m’a-t-elle dit. Mais le docteur ne croit pas à « ces superstitions propagées par les bonnes femmes ».
    J’aimerais bien que ce soit un garçon, ajouta amèrement Marguerite.
    Emmélie se sentait impuissante face aux craintes, justifiées, qu’entretenait son amie. Et aujourd’hui, elle devait se résoudre à lui révéler une nouvelle qui la troublerait. Elle hésitait, se disant que Marguerite n’avait pas besoin d’être perturbée davantage. Mais il fallait bien que quelqu’un lui apprenne que René revenait et Emmélie se disait qu’elle était la meilleure personne pour le faire.
    — Mes parents ont reçu une lettre, dit-elle simplement en

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