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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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enfilant une aiguillée.
    — Une lettre ?
    Emmélie hésita.
    — René a annoncé son retour.
    Marguerite ne broncha pas. Elle resta penchée sur son ouvrage tandis que sa vue se brouillait subitement. Une grosse boule se nicha dans le creux de sa gorge. René serait bientôt l{. Elle s’était refusée { songer { cette éventualité depuis des mois et redoutait plus que tout le jugement de son cousin : elle avait trahi sa promesse de l’attendre, même si c’était malgré elle.
    — Marguerite, je t’en prie, dis quelque chose.
    — Mais il n’y a rien { dire, Emmélie, fit Marguerite, incapable de regarder son amie.
    — C’est aussi difficile pour moi. Cette nouvelle t’afflige alors que je suis folle de joie { l’idée de revoir mon cher frère. Si tu savais comme il m’a manqué ! clama Emmélie.
    Marguerite releva la tête, consciente qu’elle était égoïste.
    — Ma chère Emmélie, je ne t’en veux pas. Tu es gentille de m’apprendre le retour de ton frère. . Je préfère que ce soit toi, ajouta-t-elle la voix étranglée, plutôt qu’Alexandre.
    Elle réalisa soudainement qu’elle n’avait jamais confié ses sentiments à Emmélie. «Mais comment as-tu su ? »
    Emmélie regarda tendrement son amie.
    — René et toi aviez une façon si particulière de vous éviter. Tous ces efforts pour ne pas vous regardfer, voire, vous frôler.. Au début, je croyais que vous vous détestiez jusqu’au jour où j’ai réalisé que c’était exactement le contraire, avoua-t-elle en souriant. Ne t’inquiète pas, la rassura-t-elle en devinant ses appréhensions. Je ne crois pas que Sophie ait remarqué, elle est trop occupée à penser à ellemême. Mais, ajouta-t-elle d’un ton plus grave, c’était iné-
    vitable qu’il revienne, Marguerite.
    La jeune femme était bouleversée, traversée par toutes sortes d’émotions contradictoires. Puis, elle songea {
    l’affection d’Emmélie. Comment pourrait-elle s’en passer?
    —J’ai une faveur { te demander. Je t’en prie, ne révèle jamais à René ce qui s’est passé. . les circonstances de mon mariage.
    Elle hésita un moment avant de poursuivre: «Je suis l’épouse du docteur Talham désormais et il ne sera plus jamais question de sentiments entre ton frère et moi, décréta finalement Marguerite. »
    Emue, Emmélie se leva pour enlacer tendrement sa cousine. Elle l’admirait. Elle lui enviait cette force tranquille qui lui donnait le courage de traverser les épreuves que le ciel lui envoyait.
    «Marguerite a raison. Elle doit oublier René et se consacrer { sa famille : son mari et l’enfant qui vient. Comme elle doit être reconnaissante envers le docteur ! » songea la jeune fille en pensant au terrible secret de Marguerite.
    Les deux femmes restèrent un moment serrées l’une contre l’autre, appréciant cette amitié qui les liait fortement.
    — Donne-moi plutôt des nouvelles de ma tante Victoire, demanda enfin Emmélie en changeant carrément de sujet.
    Comment va-t-elle ? C’est quand même particulier, ta mère qui attend aussi du nouveau !
    La grossesse de Victoire - «un retour d’âge» avouait cette dernière, puisque la petite Esther avait déjà cinq ans - provoquait des sentiments mitigés chez sa fille.
    — C’est ridicule et vraiment embarrassant, répondit vivement Marguerite. Imagine ! Mon enfant, qui sera le neveu ou la nièce, sera plus vieux que l’enfant de ma mère, sa tante ou son oncle. Ce n’est pas normal.
    — Marguerite !
    Emmélie était désespérée de voir son amie s’en faire pour des futilités.
    « Cela se voit souvent, dans les familles nombreuses. Il n’y a rien d’anormal là-dedans. »
    — Elle ne pourra pas assister à mes couches. La sage-femme l’a dit, l’autre jour. Lorsqu’on est soi-même en mal d’enfant, ça porte malheur d’assister une femme en gésine, surtout si les couches tournent mal. L’enfant { naître risque d’être mal formé ou imbécile.
    — Nous y sommes. Voilà pourquoi tu en veux à ta mère.

    Tu n’as pas honte, Marguerite, de la jalouser bêtement parce qu’elle aussi attend un enfant ?
    Mais Marguerite regimbait, elle avait besoin de confier son trop-plein de frustration.
    — De plus, figure-toi qu’Alexandre s’est offert pour être le parrain, avec moi comme marraine ! Et si c’est une fille, mes parents ont promis de la nommer Appoline, en l’honneur de la défunte d’Alexandre.
    — Tes parents souhaitent sans doute le remercier

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