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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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dans le Bas-Canada. Nous, les Canadiens, pratiquons toujours le notariat { la mode française, suivant l’ancienne Coutume de Paris. Mais pendant mon séjour en Angleterre, j’ai perfec-tionné la langue tout en m’imprégnant de l’esprit des lois anglaises. Je peux facilement rédiger des actes dans la langue de nos deux nations.
    — Et pour un jeune homme aussi accompli que vous, aucune charmante fiancée qui attend le retour de son cavalier en soupirant? suggéra Blythe, espiègle. Intelligent, habile, belle
    prestance,
    physique
    avantageux
    et
    bonne
    famille, vous êtes certainement la coqueluche des jeunes filles de chez vous !
    — Heu ! fit René après une courte hésitation, car cette question pourtant banale l’embarrassait au plus haut point.

    J’ai quelques espoirs, mais je suis encore bien jeune pour me marier, dit-il vivement, comme pour s’excuser. J’aurai à peine vingt-cinq ans en janvier prochain.
    — C’est vrai que vous avez encore le temps, tout comme moi d’ailleurs, fit Blythe, sans insister plus avant.
    Les deux hommes se contentèrent d’observer l’horizon et la côte de Terre-Neuve qui se dessinait au loin.
    La remarque anodine du commis marchand ramena Boileau vers celle dont le prénom était gravé au plus profond de ses pensées. «Ma douce Marguerite», songea-t-il.
    L’éloignement, plutôt que d’atténuer ses sentiments comme l’avait souhaité son père, les avait fait grandir. Il avait pensé à Marguerite chaque jour. Il l’imagina, auréolée de ses beaux cheveux dorés, telles les belles Vénitiennes de la Renaissance, ses yeux délicieux et son sourire éblouissant.
    Comme elle lui avait manqué ! Il se rappela ce jour de juillet et la promesse de Marguerite. Il lui tardait de la revoir et de la serrer dans ses bras. Cette fois, il l’embrasserait longuement.
    Il espérait qu’après cette année d’absence, son père flé-
    chirait. De toute façon, il saurait le convaincre, car aucune autre union ne le satisferait jamais. Ses parents finiraient par comprendre, puisqu’ils ne souhaitaient que son bonheur. Bien sûr, Marguerite et lui étaient cousins au deuxième degré et ces unions étaient proscrites par PEglise. Mais en sachant bien s’y prendre, ils finiraient par persuader les autorités religieuses de leur accorder la dispense nécessaire pour se marier. Ils ne seraient pas les premiers.
    Marguerite ! Elle était si différente des autres jeunes filles qu’il connaissait, ces filles des négociants de la rivière Chambly ou de la noblesse militaire, celles que ses parents voulaient le voir épouser afin de conclure une bonne alliance de terres et d’argent. Mais toutes ces demoiselles le rebu-taient; il les trouvait superficielles et maniérées. Sa Marguerite avait acquis dans sa famille l’éducation nécessaire pour être l’épouse d’un notaire de campagne, mais elle portait en elle ses origines terriennes. Il aimait sa nature heureuse et tranquille, une sorte d’équilibre entre Sophie, trop fantasque {
    son goût, et Emmélie, qui était parfois si sérieuse.
    Après une année entière sans même l’apercevoir, il avait surtout réalisé qu’elle lui était aussi nécessaire que l’air que le corps respire pour rester en vie. Marguerite était si vivante ! Privé d’elle, il n’était plus qu’un pauvre hère attendant patiemment son dernier jour. Dans ses rêves, il la voyait assise près d’une fontaine, qui repoussait une mèche de ses cheveux indisciplinés sous son bonnet, tout en lui souriant. Son amour pour elle était inscrit à tout jamais au tréfonds de son âme.

    *****
    Le lendemain, les deux hommes se retrouvèrent à nouveau sur le pont. René était impatient d’arriver enfin {
    Québec.
    — Heureusement que vous êtes natif du Bas-Canada, monsieur Boileau, sinon le gouverneur Milnes vous retournait en France, lança Blythe.
    — Que voulez-vous dire, au juste ? demanda Boileau, étonné par cette curieuse remarque.
    — Que cette guerre, qui s’esquisse { peine en Europe, provoque déj{ des remous jusqu’en Amérique.
    — Dois-je en conclure que j’ai une tête de conspirateur ?
    ironisa Boileau. On se méfiait de moi en France parce que j’arrivais d’Angleterre. Une fois de retour en Angleterre, j’ai failli être arrêté comme espion français et vous semble/, me dire qu’en arrivant chez moi, dans mon pays natal, on me soupçonnera de je ne sais quel méfait?
    — Holà, ami Boileau ! Ne

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