Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
quelle joie de te revoir!» répéta encore Louis-Michel Viger en posant la main sur l’épaule de Boileau, tandis que les deux jeunes gens sortaient de table et s’installaient pour un porto, assis confortablement auprès du feu, appréciant le plaisir de leurs retrouvailles. Malgré leur différence d’âge - Viger n’avait que dix-huit ans - les deux hommes s’étaient liés d’amitié pendant les dernières années de collège de Boileau. Pensionnaire solitaire, ce dernier avait pris sous sa coupe le jeune garçon dont il admirait l’intelligence et la famille Viger invitait régulièrement René lors des congés de fin de semaine. Des liens solides s’étaient tissés entre les deux étudiants. Lorsque Boileau avait quitté le collège, ils avaient poursuivi une correspondance assidue. Les lettres d’impressions de voyage de Boileau, fourmillant de détails sur la France et l’Angleterre, avaient fait rêver le collégien Viger qui les relisait avidement.
    — Montréal et Québec doivent te sembler à peine plus grands qu’un pauvre hameau, { comparer aux villes d’Europe ?
    — C’est vrai. Paris et Londres, avec leurs monuments, leurs jardins, leurs boulevards sont des endroits sublimes. Le château du baron de Longueuil n’est qu’une humble masure comparé à certains châteaux des campagnes françaises. Et je ne te parle pas des châteaux de la Loire !
    — Juste { voir tes vêtements, je me fais l’impression d’un pauvre paysan, dit Viger en désignant le coude de sa vieille veste rapiécée, tout en admirant les vêtements élégants et bien coupés de son ami. Un tailleur anglais, sans doute ?
    — Oui, mais je n’ai pas pu en profiter autant que j’aurais voulu. La traversée de la Manche m’a enlevé toute ma fortune.
    — C’est ce que tu racontais dans ta dernière lettre ?
    — Malgré tout, pendant les dernières semaines, crois-moi, j’aurais donné tout l’or du monde pour me retrouver chez moi, dans mon village du Bas-Canada. Les Anglais n’entendent absolument pas la différence entre un Canadien et un Français. Pour eux, je ne pouvais être qu’un espion et j’ai bien failli visiter les prisons britanniques.
    Heureusement, j’ai pu donner comme référence monsieur Sheppard, qui entretient des relations d’affaires avec de nombreux marchands d’ici et qui connaît mon père de réputation.
    — Il fallait bien que ce séjour idyllique comporte quelques aventures que tu pourras raconter à tes petits-enfants, blagua Viger. Mais admettons sans rire que peu d’entre nous peuvent se vanter d’avoir voyagé dans les vieux pays. Mon père s’est ruiné pour m’offrir mes études au collège et un tel voyage n’est pas { la portée de ma bourse.
    Le jeune homme se leva pour jeter une bûche dans le foyer.
    — Alors, tu n’es pas trop déçu de retourner { Chambly?
    — Ce voyage a été fabuleux. Mais c’est certainement le seul que je ferai de toute ma vie. Peut-être un jour irais-je aux Etats-Unis, mais plus jamais de l’autre côté de l’océan, assurément.
    Viger entreprit de resservir son hôte.
    — Figure-toi que l’hiver dernier, j’ai fait la connaissance d’une de tes cousines !
    — Une de mes cousines ? fit Boileau, étonné. Tu te trompes sans doute.
    — Cette jeune dame parlait pourtant de toi avec beaucoup d’affection, ajouta Viger en faisant tournoyer nonchalamment son verre { la lueur d’une flamme.
    — Je ne vois pas de qui tu veux parler, fit Boileau, faussement indifférent.

    — J’ajouterais même que depuis son séjour { Montréal, cette jeune personne correspond régulièrement avec ma cousine Rosalie.
    — Rosalie ? Tu veux dire la jeune sœur de Papineau ? Tu te trompes certainement, Viger, aucune de mes cousines ne pourrait intéresser la demoiselle Papineau. Ce sont de braves campagnardes sans intérêt.
    — Pas celle-l{. Je ne peux pas croire que ne l’aies oubliée.
    Elle est trop jolie pour cela. Justement, Rosalie m’a appris la semaine dernière la naissance d’un gros garçon. . arrivé, selon elle, après à peine six mois de mariage.
    René eut soudain l’intuition qu’il ne voulait plus entendre la suite. Même si Viger n’avait nommé personne, tous ses sens avaient déjà compris.
    — Il s’agit de la jeune madame Talham, fit Louis-Michel, sans savoir qu’il torturait son ami. La femme du médecin.
    — Talham ? Marié ?
    — Oui, et visiblement très amoureux de sa femme et, ma foi, je le

Weitere Kostenlose Bücher