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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Appoline.
    — Comment ça, « elle » ? Depuis quand désignes-tu ta maîtresse de manière aussi grossière? Alors, Charlotte?
    Réponds !
    La colère le reprenait. Charlotte mentait et dissimulait dans l’espoir de dénigrer Marguerite. C’était parfaitement puéril, il le voyait bien, mais il ne pouvait pardonner à la servante d’avoir rendu la vie pénible { Marguerite, alors qu’il souhaitait tout le contraire pour elle. Il s’en voulait finalement d’avoir été aussi aveugle.
    Hors de lui, le docteur prit sur-le-champ une horrible décision.
    — Je ne veux plus te voir, Charlotte. Je te chasse. Tu as huit jours pour partir. Après tout ce que nous avons fait pour toi, madame Appoline et moi, c’est comme ça que tu me remercies ? En semant la pagaille dans ma maison ?
    Pendant que le docteur parlait, le visage de la pauvre Charlotte se défaisait. Marguerite s’interposa.
    — Ne faites pas ça, je vous en prie. Où ira-t-elle ? Avec l’hiver qui arrive, ce serait trop cruel. Je vous en prie, Alexandre, revenez sur votre décision. Demain, vous le regretterez amèrement.
    Mais les supplications de Marguerite ne réussirent pas à fléchir la colère de Talham.

    *****
    Le lendemain, l’atmosphère de la maison pesait aussi lourd qu’un jour d’orage. Charlotte s’était enfermée dans sa chambrette et Marguerite réfléchissait. Elle n’était pas d’accord avec la décision de son mari. Chasser Charlotte, c’était la condamner à coup sûr à la misère et cela, elle ne voulait nullement en être la responsable, et encore moins en être la cause. Charlotte serait forcée de quitter Chambly à jamais. Tout le village jaserait et ils seraient nombreux à penser que le docteur s’était débarrassé de sa servante parce qu’elle s’était laissée séduire par un beau parleur. C’était toujours pour cette raison qu’on chassait les servantes.
    Plus elle réfléchissait, plus Marguerite trouvait cette situation stupide, intolérable. Voyons ! Alexandre avait accepté de l’épouser alors qu’elle était enceinte d’un autre, notamment pour sauver sa réputation et voil{ qu’il allait obliger Charlotte { subir l’opprobre. Tout cela n’avait aucun sens.
    Marguerite en était là dans ses réflexions lorsque Charlotte survint et se jeta à ses pieds en lui saisissant les genoux.
    — Madame, je vous en supplie, hoqueta-t-elle en l’implorant. Je ne recommencerai plus.
    La servante avait le visage déformée par les larmes. Elle avait dû pleurer toute la nuit.
    Marguerite avait déjà pris sa décision. Elle contempla la pauvre Charlotte et imagina à quel point celle-ci devait regretter sa bêtise des derniers mois. Quel mauvais calcul !
    Elle avait pitié de la pauvre fille.
    — Je verrai ce que je peux faire, répondit-elle simplement.
    Maintenant, cours vaquer à tes occupations habituelles.
    Le regard de Charlotte exprima une reconnaissance éternelle.
    Lorsque le docteur Talham revint à la maison, le soir, il retrouva une Marguerite bien déterminée à lui faire changer d’avis.
    — Alexandre, je ne peux accepter votre décision concernant Charlotte. Cela ne vous ressemble guère de jeter à la rue une femme qui vous a servi avec fidélité depuis presque vingt ans.
    Alexandre contempla sa femme avec admiration, ému par sa générosité. Il était aussi heureux qu’elle lui en fasse la demande. Depuis le matin, il était tiraillé. Il savait bien qui avait agi avec précipitation, il s’en voulait. Mais en même temps, il était trop orgueilleux pour revenir sur sa décision. Il réfléchit un moment avant de se rendre aux arguments de Marguerite. Finalement, il lui demanda d’appeler Charlotte :
    — C’est { la demande de ta maîtresse, Charlotte, que j’accepte de te garder, dit-il d’une voix grave en la fixant d’un regard implacable. Ne l’oublie jamais. Va, maintenant, tu dois avoir du travail.
    La domestique éclata en sanglots. Elle n’avait jamais eu aussi peur de sa vie.
    — Merci madame, dit-elle en saisissant les mains de Marguerite. Je vous promets de tout faire pour vous satis-faire, désormais.
    — Allons Charlotte, fit Marguerite, bouleversée par la scène pathétique. Relève-toi. Je suis certaine que nous nous entendrons très bien.

    *****
    Quelques jours plus tard, René Boileau toquait à la porte d’une maison de la rue Bonsecours, { Montréal, où il était assuré de trouver l’hospitalité la plus chaleureuse.
    «Vieux frère,

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