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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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ne pratique plus ici, ce qui fait que je suis débordé et. .
    Françoise interrompit le notaire.
    — Je comprends bien, monsieur Boileau. Mais il vous faut de la distraction. Votre mère m’en parlait l’autre jour.
    Vous ne sortez pas. Et lorsqu’il y a du monde chez vous, vous vous repliez dans votre cabinet. Elle s’inquiète, vous savez? Il y a de quoi.
    — Vous vous préoccupez de ma santé ? demanda le notaire, narquois.
    — Eh bien. . hésita Françoise, nous savons tous que vous vivez des moments difficiles depuis votre retour.
    — Des moments difficiles ? Que voulez-vous dire ?
    — Nous croyons tous que avez été très affecté en apprenant le mariage de Marguerite Lareau avec le docteur Talham.
    — Rassurez-vous, madame, je l’avais appris avant de revenir à Chambly, répondit le notaire, troublé.
    Que voulait donc Françoise Bresse? Le torturer?
    — Vraiment? Vous saviez, bien sûr, qu’elle attendait un enfant le jour de son mariage ?
    — Madame Bresse, fit-il d’une voix qui contenait difficilement le tremblement qui l’agitait, je vous remercie de votre visite. Laissez-moi, je vous prie, ajouta-t-il en lui lançant un regard noir. J’ai du travail.
    Après son départ, René ouvrit un petit tiroir de sa table de travail pour en sortir une petite pochette de velours noir. Il hésita, puis se décida à faire rouler dans le creux de sa main l’objet qu’elle contenait. La pierre bleue jeta ses éclats brillants et le cœur de René se serra. Il se souvint avec quelle fièvre il l’avait achetée { Paris. La pierre lui plaisait.
    Il la voyait déjà au doigt de Marguerite ou pendue à son cou. Elle symbolisait la fidélité, lui avait spécifié le vieux joaillier. Il rangea le saphir dans la pochette et referma le tiroir sur ses espoirs éteints.
    Emmélie, qui avait vu madame Bresse sortir de l’étude de son frère, mit le nez dans l’embrasure de la porte. René était debout devant la fenêtre, l’air furieux, croisant et décroisant systématiquement ses longs doigts tachés d’encre en regardant dans le lointain. Il sursauta.
    — Ah ! C’est toi, dit-il.
    L’expression de son visage alerta Emmélie. Qu’avait donc pu dire Françoise pour mettre son frère dans un tel état?
    — René, que voulait madame Bresse ?
    — Elle est venue m’annoncer que Marguerite s’est'
    mariée grosse. Il lui semblait impératif que je connaisse ce détail, ajouta-t-il d’une voix sardonique qui fit frissonner Emmélie.
    Du drame de Marguerite, il n’en avait rien su, sinon quelques rumeurs disant qu’elle s’était mariée «pleine d’es-pérance». Et sa famille s’était bien gardée de lui en révéler tous les détails. Il n’en parlait jamais, n’avait posé aucune question et personne n’abordait ce sujet devenu tabou.
    — René, il ne faut pas en vouloir à Marguerite, commença Emmélie.
    — Tous ces racontars à propos de madame Talham et de son mari m’importent peu, lança-t-il violemment. Elle n’a jamais rien été de plus pour moi qu’une simple cousine, ajouta-t-il d’une voix brisée.
    Françoise Bresse s’était amusée { retourner le fer dans la plaie, se dit Emmélie, désolée pour son frère.
    — Ne crois pas tout ce qu’on dit. Marguerite n’a rien {
    se reprocher.
    — Que m’importe, fit-il en attrapant au vol sa canne et son chapeau. Maintenant, excuse-moi, mais je dois sortir.
    — Rien n’est de sa faute, René ! s’écria Emmélie.
    Ses mots se perdirent en vain dans un claquement de porte.
    La jeune fille soupira. L’amour, c’était donc si compliqué ?
    Elle connaissait son frère. Il marcherait pendant des heures.
    C’était sa manière { lui de contrer la douleur absurde qui lui étreignait le cœur.
    Par la fenêtre, elle le vit arpenter avec rage l’allée d’ormes, puis bifurquer sur le chemin du Roi en direction du fort. Triste, elle jeta à son frère un dernier regard, puis referma la porte de l’étude derrière elle.

    DEUXIÈME PARTIE

    Madame Talham
    1806-1810

    Chapitre 15

    Complot

    Dans les îles Richelieu, la journée s’annonçait belle au lever du jour. Le soleil jouait dans le vert tendre des jeunes feuilles des arbres et le temps fleurait bon l’approche de l’été, en ce premier jour de juin 1806. Ovide de Rouville avait logé dans une petite auberge des environs de la ville de Sorel - que certains nommaient aussi le bourg William-Henry en l’honneur du duc de Kent qui y avait séjourné, plusieurs

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