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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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l’avait longuement caressée, plus qu’{ l’habitude, prenant tout son temps, embrassant
    ardemment
    la
    chair
    tendre
    et
    mûrie,
    comme si c’était la première fois. Il avait doucement glissé ses doigts dans la chevelure brune, éparse sur le traversin.
    Victoire avait murmuré quelques mots, il avait répondu qu’il l’aimait, qu’elle était sa force. L’automne suivant était sur-venue la naissance inattendue de la petite Appoline après vingt-trois ans de mariage, fruit suprême de ce merveilleux moment d’abandon.

    Cette petite Lareau ne manquait pas de caractère, mais ce tempérament s’adonnait bien avec celui de sa mère qui, en vieillissant, s’était radoucie. Les enfants étaient presque tous élevés. Noël, l’aîné des garçons, célibataire, vivait toujours à la ferme pour aider son père. Godefroi était au collège, Marie s’était mariée et les autres n’allaient pas tarder à quitter le foyer.
    Les Lareau étaient venus aux nouvelles. La reconstruction de l’église incendiée préoccupait au plus haut point François, qui avait déjà été marguillier en charge de la paroisse.
    — Désolé de vous déranger, docteur, s’excusa-t-il comme de coutume.
    La présence de son gendre l’intimidait toujours.
    — Au contraire ! le rassura Talham en se rapprochant du poêle pour se réchauffer. Votre visite arrive à point nommé et me fait plaisir autant qu’{ ma petite femme, telle que je la connais.
    Marguerite lui répondit par un sourire radieux.
    — Hum ! Ça sent bon ! Bien entendu, nous vous gardons à souper.
    — Tout est décidé ! approuva Marguerite. J’ai déj{ fait le nécessaire et nous n’attendions plus que vous pour passer à table, Alexandre. Les enfants ont soupé à la cuisine avec Charlotte. Comme ça, nous serons tranquilles.
    Marguerite avait fait mariner un bon morceau de viande dans du cidre avec quelques herbes, avant de le faire cuire lentement dans la braisière. Une bonne heure avant de servir, elle avait ajouté au bouillon des légumes frais et une nouvelle poignée d’herbes. A la dernière minute, suivant les instructions de sa maîtresse, Charlotte y avait versé une belle lampée de crème fraîche.

    Ils prirent place autour de la table dans un joyeux brouhaha de chaises pendant que la servante apportait le plat fumant, avec une grosse miche de pain et une motte de beurre. Le tout était arrosé d’un cidre frais, la boisson favorite d’Alexandre. Une tourte aux pommes couronnait ce repas comme le docteur les aimait, simples mais réconfortants après une longue journée.
    — Ta cuisine me rappelle celle que nous servait ma mère dans notre maison de Fauville, dit-il en avalant avec contentement sa dernière bouchée.
    — Faut dire que Marguerite a de qui tenir, approuva François, rassasié, en désignant Victoire.
    Marguerite et sa mère échangèrent un sourire complice.
    Cela se passait toujours ainsi. François entrait chez les Talham en triturant son chapeau, puis, au fur et à mesure que le repas avançait, il finissait par se dégêner. À la diffé-
    rence de François, Victoire était très { l’aise avec son gendre de docteur, et ce dernier éprouvait une grande affection pour cette femme qui ne manquait jamais de l’étonner. [ bien des égards, madame Lareau était une femme dépareillée.
    Marguerite savourait le plaisir de ces réunions improvisées. A vingt ans, la jeune madame Talham avait pris de l’assurance. Elle était la mère d’un bambin de trois ans et attendait un deuxième enfant. Rien ne lui plaisait plus que ces soirées à quatre. Les conversations, parfois très sérieuses et si différentes des échanges { bâtons rompus qu’elle avait avec ses cousines, lui confirmaient son statut d’adulte vis-
    à-vis de ses parents. Son mari la traitait en égale, tout en lui prodiguant une tendresse inépuisable qui la touchait profondément. En réalité, Alexandre Talham était amoureux fou de sa femme, sa «jolie fleur» comme il l’appelait dans l’intimité, et ne cherchait pas à le cacher.

    Les Lareau n’avaient jamais eu { se plaindre du drôle de mariage de leur fille. «Marguerite semble heureuse», se réjouissait Victoire en les observant.
    — Racontez-nous plutôt comment ça s’est passé au presbytère, demanda François, impatient d’en savoir plus.
    L’ancien marguillier avait lui-même dirigé les travaux d’une nouvelle sacristie, il y avait une dizaine d’années de cela. Il

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