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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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vais laisser un peu de camomille à votre mari. Vous la ferez préparer en simple infusion.
    — Je sais bien que c’est pour rassurer mon mari que vous êtes ici. Je ne saurais trop vous remercier, docteur.
    — Soyez sans inquiétude, madame Ferrière, je m’occupe aussi de lui.
    Il quitta la pièce et rejoignit le capitaine qui l’attendait en bas. Ce dernier saisit la main de Talham et la secoua longuement comme si le docteur venait d’accomplir un miracle.

    — Capitaine, je n’ai fait que mon devoir. Surtout, n’hésitez pas { m’appeler si vous croyez que je peux vous aider. Je vous souhaite le bonsoir.
    Talham voulut remettre son chapeau de castor trempé, puis y renonça. Son capot bleu comportait un capuchon qu’il remonta, puis il sortit pour se rassoir dans sa calèche.
    L’état de madame Ferrière lui apparaissait plus inquié-
    tant qu’il ne l’avait laissé paraître devant le capitaine de milice. La sage-femme avait raison : la dame inspirait les pires craintes. Une fois de plus, Talham mesura son impuissance. Pourquoi n’y avâit-il rien { faire ? Son cœur se serra à la pensée de Marguerite. Certes, son épouse était jeune et forte, mais comment faire fi de la mort, cette menace diffuse rôdant autour des futures mères, les jeunes comme les plus âgées ? Alors que justement, la naissance était la vie.
    — Hue da, la belle ! fit-il à sa jument grise en secouant vivement les rênes. A la maison !

    Chapitre 18

    L’espérance des femmes

    Au retour, Talham traversa le village plongé dans la noirceur d’une nuit sans lune éclairée par les seules lueurs qu’on voyait { l’intérieur des maisons. Habitué { sortir {
    toute heure du jour ou de la nuit, il avait toujours avec lui une lanterne tempête qui lui permettait de voir le chemin.
    Avec ce temps, il n’y avait pas un chat dehors. La noirceur recouvrait le silence d’un sombre linceul. «C’est l’heure de l’angélus, et aucune cloche pour l’annoncer. C’est sinistre. »
    Il détela son cheval et l’engagé Jean-Baptiste Ménard apparut pour s’occuper de la bête. Le docteur aperçut la charrette des Lareau, bien { l’abri dans la grange. «Nous avons de la visite», se dit-il. La compagnie de ses beaux-parents arrivait à point nommé et lui changerait les idées.
    Alexandre s’était pris d’affection pour la famille de Marguerite, devenue la sienne depuis son mariage.
    Une bonne odeur l’accueillit. Il trouva François et Victoire fumant chacun paisiblement leur pipe, confortablement installés dans la chambre de compagnie tout en devisant tranquillement
    avec
    Marguerite
    tandis
    que
    deux
    enfants s’amusaient près d’eux.
    A trois ans, Melchior portait déjà une culotte que sa mère lui avait cousue, plus pratique que les robes dont on affublait habituellement les enfants, fille ou garçon. A peine plus âgé que sa petite tante, Appoline Lareau, il joùait avec un cheval de bois, cadeau de son parrain, Melchior de Rouville. La fillette, dont les jolies boucles châtaines débordaient de son béguin, le couvait de regards alanguis, et parfois, le gar-

    çonnet lui cédait la place en baisant sa menotte potelée comme il avait vu son père le faire à des dames, sous les yeux émerveillés de Charlotte.
    Les enfants s’adoraient. Désormais, impossible pour Victoire et François de se rendre chez les Talham sans que la petite ne fasse partie du voyage ; Appoline ne l’aurait pas toléré et les parents ne refusaient rien à la petite dernière, que son père appelait sa «jolie princesse». La minuscule enfant savait pertinemment qu’elle occupait une place privilégiée dans le cœur de ses parents.
    François Lareau chérissait comme un trésor le souvenir de ce qui s’était passé ce fameux 16 février 1803, le jour du mariage de Marguerite, précisément. Souvent, lorsqu’il était seul, { l’étable ou aux champs, il se remémorait chaque geste et les soupirs discrets de Victoire qui ne voulait pas que les enfants entendent. Sa femme, forte comme le chêne qu’aucun vent ne faisait fléchir, avait rarement eu besoin de réconfort autant que ce soir-l{. L’angoisse des jours précé-
    dant le mariage et le bonheur de voir Marguerite bien mariée, toutes ces émotions l’avaient profondément bouleversée. Dans le creux de leur lit, Victoire s’était blottie contre son mari, qui l’avait prise dans ses bras. François l’avait sentie fragile, et plus belle que jamais. Il

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