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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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devant le fort, ils virent que même les soldats de la garnison s’étaient réfugiés { l’intérieur des murs d’où provenaient îles bruits sourds. Les hommes préparaient leur ordinaire pour le repas du soir.
    Au bout d’un moment, le capitaine Ferrière sortit de son mutisme.
    — Hier, nous avons eu la visite de la sage-femme. La bonne femme Stébenne est inquiète. Cette naissance me fait peur, docteur ! J’appréhende le pire, ajouta-t-il, les yeux brillants de larmes.
    Jamais depuis le premier jour de son mariage, célébré vingt ans auparavant, Ferrière n’avait regretté d’avoir approché sa Louise. Mais il avait négligé les avertissements de la sage-femme après le dernier accouchement de son épouse.
    «Les femmes de quarante ans ont le ventre las et leurs humeurs en sont lourdement affectées», avait dit la Stébenne en espérant que le mari la comprenne à demi-mot. Le curé n’aimait pas que la sage-femme tienne des propos de ce genre. Le capitaine était un homme sage et réfléchi, mais était encore trop jeune pour ignorer la vigoureuse sève qui montait en lui, certains soirs, lorsqu’il s’allongeait auprès de sa femme. Maintenant, il était pétri de remords, coupable d’avoir cédé { ses appétits. Et si Louise mourait?
    — Ces jours-ci, je n’arrive plus { accomplir convenablement mes devoirs de capitaine, avoua-t-il humblement.
    Même le sort de l’église me laisse froid.
    — C’est plutôt celui de votre femme qui vous préoccupe, c’est compréhensible, répondit simplement Talham, compatissant.
    «Si la Stébenne s’inquiète, c’est qu’elle a de bonnes raisons», pensa-t-il. Malgré ses côtés brusques, la sage-femme connaissait son métier. Depuis qu’il l’avait vue {
    l’œuvre, il avait pleinement confiance en son savoir-faire.
    Ses propres compétences en la matière se limitaient à un cas tragique où il avait dû sortir un enfant mort de la matrice de la mère. Il repoussa ce souvenir effroyable.
    En arrivant chez Ferrière, les deux hommes croisèrent la Stébenne qui sortait. «C’est mauvais signe», se dit Talham.
    — Comment va-t-elle ? demanda le capitaine anxieux.
    — Elle doit rester couchée, ordonna sans détour la bonne femme.
    Ferrière se précipita dans l’escalier, abandonnant Talham, sans même un mot d’excuse. La Stébenne toisa le médecin d’un air narquois.
    — Alors docteur, vous croyez faire mieux que moi ?
    — Ça va si mal que ça ? s’informa-t-il sans se formaliser du ton impertinent de la femme.
    — Je le dis comme je le pense, fit doctement la Stébenne.
    Cette femme qui est là-haut n’aurait pas dû avoir un autre enfant.
    — C’est vrai, mère Stébenne, admit le médecin. Mais vous savez comme moi que la nature et la volonté divine ne se laissent pas si facilement gouverner.
    — Allons docteur, marmonna la sage-femme, il y a des manières d’éviter les enfants. Elles ne sont pas infaillibles, mais. . Changement d’{ propos. Elle est faible, n’allez pas la déranger, dit-elle en désignant l’escalier de la tête. Que pourriez-vous faire de plus pour elle? Rappelez donc au capitaine de me faire appeler à la première douleur, sans attendre. Je me sauve.
    Talham la retint par un bras.
    — Avant de partir, sage-femme, promettez que si vous avez besoin d’aide, vous me ferez mander de toute urgence.
    Qui sait si à deux nous ne pourrons pas éviter le pire ? Mais pour tout vous dire, j’espère sincèrement ne pas vous revoir avant le jour de l’accouchement de ma propre femme.
    La sage-femme se sauva sans un mot. Ferrière descendait l’escalier.
    — Venez, docteur Talham. Ma femme se repose, mais elle vous recevra.
    Le médecin s’approcha et poussa les courtines du lit. Il ne reconnut pas madame Ferrière. Ses cheveux étaient gris et rares, comme ceux d’une vieille femme, alors que le dernier souvenir qu’il en avait était celui d’une femme encore jeune. Elle semblait minuscule, malgré sa grossesse, perdue au milieu du matelas et des oreillers. En apercevant le médecin, elle sourit faiblement en lui tendant la main.
    — Docteur, vous êtes bien aimable de vous être dérangé par ce temps.
    — Madame Ferrière, c’est le moins qu’on puisse faire pour de vieux amis. Je me range aux conseils de la sage-femme. Vous avez surtout besoin de repos. -Lorsque vous en aurez la force, faites quelques pas dans la chambre. Vous verrez, un exercice léger agira comme un fortifiant. Je

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