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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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Alexandre, ne l’avait pas épousée.
    L’enfant aurait été élevé par les Lareau, mais il aurait été illégitime. Dans le registre de la paroisse, le curé n’aurait inscrit que son prénom, sans nom de famille, avec la mention: «parents inconnus».
    Alexandre avait toujours refusé de considérer les ragots, même si pendant longtemps, René avait conservé ses distances avec les Talham. Le docteur Talham lui avait même tendu la main en lui offrant d’être le parrain de son fils, Eugène, et René avait accepté, sans grand enthousiasme, toutefois.
    Marguerite ! Depuis sept ans, elle faisait de chaque jour un jour de bonheur. Absorbé par ses pensées, il ne l’entendit pas entrer dans la pièce. Elle était là, devant lui, vêtue simplement d’une chemise, les cheveux étalés, serrant un châle de laine sur ses épaules, son bonnet de nuit posé sur la tête, toujours aussi jolie.
    — Que faites-vous là, Alexandre ? Il est tard et vous ne venez pas dormir ?
    — Viens près de moi, lui dit-il d’une voix grave.
    Elle s’avança, et il la fit asseoir sur ses genoux, comme si elle avait été une enfant, et l’enlaça. Marguerite laissa aller sa tête sur l’épaule de son mari.
    — Il s’agit de la jeune Sabatté.
    — Agathe ?
    Il lui narra les détails des derniers arrangements.
    Marguerite n’en revenait toujours pas de l’audace de la jeune fille, mais elle était bien contente d’apprendre que tout s’était réglé, pour le mieux, apparemment.
    — En fait, ce n’est pas elle qui me trouble, mais c’est toi.
    — Moi ? Mais que vous ai-je fait? Que voulez-vous dire, Alexandre ?
    Le docteur Talham hésita à lui livrer le fond de sa pensée.
    Il lui dit plutôt :
    — Que penses-tu du geste d’Agathe ?
    Elle repoussa nerveusement une mèche sous son bonnet.
    — Je ne sais trop. Elle ne voulait sans doute pas qu’on lui impose un mari et s’est laissé entraîner par les belles paroles de cet homme. Mais je ne la crois pas très intelligente. Ce Me Ghie est venu chez nous aussi. Il a conté fleurette à toutes les jeunes filles, à toutes les femmes qui étaient prêtes { l’écouter, et même à celles qui le repoussaient.
    — Tu es sage, ma Marguerite. Si sage, répéta-t-il en caressant les cheveux qu’il aimait tant.
    Alexandre resta un moment silencieux, plongé dans des pensées qui semblaient le tourmenter. Marguerite se troubla. Elle comprenait que le sort d’Agathe lui rappelait la jeune fille qu’il avait épousée. Jamais ils n’avaient reparlé du père de Melchior. Alexandre avait depuis longtemps accepté cet enfant comme le sien.
    — Vous avez tenu parole et je vous en suis infiniment reconnaissante, dit-elle alors d’une voix étranglée.
    Tout cela lui semblait si loin. Sauf en présence d’Ovide.
    Alors, sourdaient sa vieille peur et ses menaces, si réelles, que jamais elle n’avait avoué, sauf au curé qui était tenu par le secret de la confession.
    — Mais tu étais si jeune. Peut-être avais-tu toi aussi un amour caché au fond de ton cœur, risqua-t-il en sachant à quel point sa réponse pouvait le blesser.
    Marguerite se releva. Elle était bouleversée par cette simple question. Assurément, autrefois, la réponse aurait été oui. Mais aujourd’hui, qu’elle était-elle ? La connaissait-elle seulement? René? Alors qu'Alexandre était l{ et qu’il l’aimait au-delà de tout ? À tel point que, chaque jour, elle pouvait presque toucher du doigt l’amour d’Alexandre. Cet amour-là était aussi le sien. Car jamais Alexandre ne pourrait l’aimer autant si elle-même ne participait pas à cet amour. Marguerite réalisa qu’elle aimait profondément son mari.
    Elle tressaillit et rajusta vivement son bonnet sur ses cheveux.
    — Alexandre, venez vous coucher. Il fait froid ici. Le feu s’éteint. Venez, montez { notre chambre, mon cher mari, Pinvita-t-elle d’une voix tendre.
    «Elle n’a pas répondu, constata Alexandre au même moment. Elle a sans doute raison. Inutile de ressasser le passé, seul le présent compte. » Il se leva. Il était tard et le sommeil se faisait insistant.
    Mais Marguerite le regarda intensément et tendit la main vers son visage. Ses doigts glissèrent sur la joue rêche de son époux.
    — Je t’aime, Alexandre, dit-elle doucement.
    C’était la première fois qu’elle le tutoyait depuis les débuts de leur mariage. Eperdu de joie, il resta sans voix et ses yeux se mouillèrent. Jamais encore il

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