Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
croisé son père dans l’escalier.
    — Je t’interdis de retourner harceler ta pauvre mère ! lui avait ordonné son père d’un ton sec. Si tu as des dettes, il te suffit d’accepter la charge militaire qu’on vient de te proposer. Je viens d’apprendre que tu l’as refusée, mais que tu t’es empressé de séduire une des servantes chez monsieur Baby. La malheureuse a été jetée à la rue avec des grands cris !
    — Ce n’est qu’une servante. Elle ne fera pas de procès.
    — C’est ce que tu crois, jeune sot ! Il y a eu des précé-
    dents et tu auras une nouvelle somme à ajouter à la longue liste de tes dettes. Dès aujourd’hui, je t’ordonne d’écrire pour accepter cette charge.
    — Mais père, quel besoin ai-je d’appartenir { l’armée britannique ?
    — Parce qu’il est de ton devoir de servir ton pays !
    Quand je pense que des hommes valeureux mais désargentés attendent des années pour obtenir une commission qu’ils méritent largement et toi, qui a les moyens de tout, tu n’en uses d’aucuns ! Je ne peux croire que mon sang coule dans tes veines, moi qui ai servi deux rois. J’ai honte !
    — Honte ?
    — Honte de tes dettes de jeu, des frais insensés de ton entretien, de ta fainéantise et de ta lâcheté ! Honte que tu sois mon fils !
    Humilié, le jeune homme allait répliquer vertement lorsqu’une voix s’était fait entendre :
    — Voulez-vous crier moins fort, monsieur ? Tout Chambly sera bientôt au courant de vos différends. Que se passe-t-il, encore ?
    Madame de Rouville s’apprêtait { sortir rejoindre ses invités, mais les cris de son mari lui avaient fait rebrousser chemin.
    — Il se passe que votre fils déshonore le nom qu’il porte !
    Que la rumeur atteigne Chambly n’aura rien d’étonnant.
    A Montréal, déj{, personne n’ignore ses frasques.

    — Mon cher, avait soupiré la dame, excédée, ne faut-il pas que jeunesse se passe ? J’en ai assez de vos disputes incessantes, avait-elle ajouté d’un ton sec, sachant d’avance que son mari allait ressasser son sempiternel couplet sur ses exploits militaires.
    Pour ce que ça pouvait rapporter ! En bonne fille de commerçant, madame de Rouville évaluait toujours le prix des choses en bon argent. Les anciens militaires comme son mari suppliaient les gouverneurs qu’ils leur accordent des charges honorifiques pour obtenir une rente. Tous ces grands noms ronflants avaient eu leur heure de gloire et gagné leur particule, mais ils étaient toujours sans le sou et faisaient les pires gestionnaires, incapables de faire fructifier leurs terres.
    — À vingt ans, un Hertel de Rouville a déjà servi !
    avait en effet répété monsieur de Rouville en rappelant à son fils qu’il était un descendant du grand François Hertel de Lafïresnière.
    — Ce ne sont que des fredaines, et bientôt, on n’en parlera plus, avait expliqué simplement la dame de Rouville en cherchant à atténuer la colère de son irascible époux qui portait la fierté de son nom au bout de son épée.
    —Mère, laissez-moi me défendre seul, avait sèchement répliqué Ovide. Sinon, mon père croira encore que je ne suis qu’un pleutre qui se réfugie dans les jupes des femmes.
    N’est-ce pas là ton ordinaire? avait rétorqué le père.
    Des fredaines? Engrosser la servante d’une grande maison!
    Baby me réclame une pension pour la malheureuse. Disparais !
    Avait-il ordonné en pointant du doigt le coupable. Quitte cette maison et ne t’avise pas d’y remettre les pieds avant d’avoir retrouvé ton honneur.
    —Mais, enfin ! Mère !

    — Ton père a raison. Accepte la charge qu’on te propose.
    II est temps. Cette fois, je ne peux rien pour toi et tu auras une pension à payer, avait conclu amèrement la mère, à la luis furieuse et déçue.
    Elle devait se rendre { l’évidence et admettre que son mari avait raison. Son fils chéri devait faire ses preuves.
    Ovide avait tourné les talons et dévalé l’escalier. Il ne resterait pas un instant de plus sous le toit paternel.
    « Plutôt le toit maternel, avait-il marmonné, hargneux.
    C’est avec l’argent des Hervieux qu’on a construit ce manoir de seigneur. L’honneur? Laissez-moi rire ! »
    Bouillant d’une sainte rage, il avait bousculé la fille de cuisine qui apportait de nouvelles victuailles pour les invités et était sorti en trombe de la maison, les poings serrés, rempli de haine.
    «Fainéant! Lâche!» Dans sa poitrine, son cœur se

Weitere Kostenlose Bücher