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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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elle était aimable comme une porte de cachot. Madame la notairesse, debout à ses côtés, était tout le contraire. Geneviève Cherrier affichait la sérénité de ceux qui jouissent paisiblement de la vie. Son mari, le notaire Leguay, tenait à la main une petite valise de cuir usé qui contenait son écritoire de voyage.
    — Maître Leguay, resterez-vous quelques jours à Chambly? demanda le docteur Talham, qui souhaitait entreprendre des réparations { sa maison. J’ai besoin de vos services pour les contrats avec le menuisier et le maçon.
    — J’y suis au moins jusqu’{ demain, répondit le notaire d’un ton aussi grave que l’habit noir corbeau qu’il portait, comme le voulait sa sérieuse profession. Je m’arrêterai chez vous dans l’après-midi, en retournant { Belœil.
    — Je tâcherai d’y être, en espérant qu’aucun de mes patients ne m’ait encore réclamé pour demain.

    *****
    Pendant que ces gens sérieux réglaient leurs affaires, Sophie et la demoiselle de Rouville commentaient en détail les dernières nouveautés de la mode, comme ces robes étroites et si légères à porter. Emmélie, qui venait de remarquer la disparition
    de
    Marguerite,
    se
    décida
    à
    partir
    { sa recherche. Or, une jeune fille s’approcha.
    — Mesdemoiselles, permettez que je me joigne à vous ?
    demanda une petite voix qui appartenait à Marie-Josèphe Bédard.
    Cette dernière venait d’arriver avec son frère, le curé Jean-Baptiste Bédard. Elle vivait au presbytère et tenait le ménage du prêtre. C’était une belle blonde aux yeux bleu clair qui était encore plus timide que Marguerite. Elevée au milieu d’une bande de sept garçons tous plus brillants les uns que les autres, elle s’effaçait naturellement, même devant son frère Jean-Baptiste, un homme pourtant tranquille qui préférait la méditation et la prière aux devoirs exigeants d’une cure, surtout comme celle de la paroisse Saint-Joseph-de-Chambly.
    La demoiselle Bédard venait { peine d’entrer dans la ronde des jeunes filles que les dames Bresse et Boileau s’approchèrent et l’accaparèrent. La pauvre Marie-Josèphe n’avait guère le choix d’écouter les suggestions de ces dames, comme si, { titre de sœur du curé, l’ornementation de l’église était son seul sujet d’intérêt.
    — Mademoiselle Bédard, que pensez-vous de mon idée ?
    demanda impérativement madame Bresse. Comme il faut une nouvelle nappe pour l’autel, nous pourrions faire une collecte et la commander chez les Sœurs de la congrégation Notre-Dame, à Montréal.
    — J’ai pour mon dire que quelques dames de la paroisse ou des jeunes filles habiles pourraient tout aussi bien faire que les religieuses, et cela coûterait moins cher à la paroisse, affirma pour sa part madame Boileau. Je suis persuadée que monsieur le curé sera d’accord.
    — Nous n’aurons pas un aussi beau travail que celui de ces saintes femmes, répliqua Françoise Bresse.
    — Ma nièce, Marguerite Lareau, est la meilleure bro-deuse de la paroisse, et je dirais même de toute la rivière Chambly, ajouta madame de Gannes de Falaise sur un ton sans réplique, tout en cherchant Marguerite des yeux. Mais où est-elle passée ? Elle était ici il y a à peine une minute.
    Emmélie, où est ta cousine ? Ses parents nous l’ont confiée et elle devrait être avec vous deux.
    — Ne vous inquiétez pas, chère mère, elle ne doit pas être loin, répondit Emmélie en jetant un regard circulaire autour d’elle. Je cours la chercher.
    Elle se faufila parmi les gens qui l’abordaient pour la saluer, cherchant { savoir si quelqu’un avait remarqué sa cousine Lareau. Personne n’avait vu la jeune fille. Emmélie commença { s’inquiéter. Mais où donc s’était cachée Marguerite ? Elle finit par s’écarter de la foule pour s’approcher d’un bâtiment en pierres éloigné du manoir d’une centaine de pieds. Un cavalier en sortit à toute allure.
    L’homme portait un de ces chapeaux extra-vagants semblables { ceux qu’affectionnaient des jeunes gens comme Ovide de Rouville. Elle recula vivement pour faire place, s’empêtra dans sa robe et trébucha. « Encore un qui a abusé du rhum », conclut-elle simplement en se relevant. Elle épousseta sa robe et pénétra dans le sombre bâtiment.
    Eblouie par la lumière de l’automne, Emmélie cligna des yeux.

    *****
    Ovide de Rouville entra dans l’écurie d’un pas vif. La défection de sa mère, les mots de

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