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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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tout ouïe, fit son cousin en reprenant le tutoiement fraternel de jadis.

    Ressaisie, Victoire se confia. Elle raconta tout. Le retour de Marguerite après la Saint-Martin, les nausées d’avant Noël, ses doutes et l’absolue certitude que sa fille était bel et bien enceinte. A l’air épouvanté de Marguerite et { ses propos confus, elle avait finalement compris que sa fille avait été forcée et craignait son agresseur. Ces explications n’avaient pas diminué pour autant la colère de son mari et sa famille était dans une situation sans issue.
    Atterré par les révélations de sa cousine, Boileau l’écoutait sans un mot, hésitant entre la colère et la consternation.
    Marguerite ! Qu’il considérait autant que si elle avait été sa propre fille. Comment un tel malheur avait-il pu arriver ?
    Assurément, il éclabousserait toute la famille. Ses ennemis en feraient des gorges chaudes.
    — Près de deux mois, dis-tu ? Pourquoi as-tu attendu si longtemps pour m’en parler?
    — J’ai honte de dire ça, mais j’ai espéré un moment qu’elle perde l’enfant. [ tel point que je devrais m’en confesser, avoua-t-elle. Puis, les fêtes de fin d’année sont arrivées. Nous sommes tellement occupés avant l’hiver !
    — Pourtant, nous nous sommes vus, aux alentours de Noël.
    — C’est bien vrai, mais François espérait encore qu’on lui trouve un mari autrement, expliqua Victoire, dévoi-lant ainsi l’échec du père de famille { régler ce problème délicat. Il était persuadé qu’elle avait un cavalier secret dont elle taisait le nom. Il refuse d’admettre qu’on ait pu porter la main sur sa fille sans son consentement. Pour ma part, je suis certaine que Marguerite n’a jamais eu de galant.
    — Nom de Dieu de nom de Dieu ! Sais-tu qui a pu lui faire cela ? N’aurait-elle pas tout inventé pour cacher quelque sottise ? Elle aurait pu céder à un beau parleur.
    — Tu
    connais
    suffisamment
    Marguerite.
    Elle
    est
    coquette parce qu’elle est fière. Mais elle avait aussi des ambitions, je veux dire, elle espérait. . un mariage selon son inclination.
    Victoire se tut.
    Le visage de son cousin s’était rembruni. Ainsi, songea-t-il, Victoire savait, elle aussi, ou se doutait qu’il y avait une attirance entre Marguerite et René, son fils, qu’il se félicitait une fois de plus d’avoir expédié en Europe.
    — Des rêves de jeunesse, ajouta vivement Victoire afin que son cousin comprenne qu’elle ne croyait pas non plus à un mariage entre Marguerite et René. Rien que des rêves. Jamais Marguerite ne nous a donné des raisons de ne pas être contents d’elle, affirma-t-elle avec force. Chez nous, il y a toujours tant { faire qu’elle est sans cesse occupée. Et quand elle n’était pas chez nous, elle était dans la meilleure maison qui soit, sous ta protection.
    — Très fâcheux, en effet, lança Monsieur Boileau, mécontent. Et il y aura toujours une âme charitable qui se rappellera que ta fille a été élevée chez nous lorsque son forfait sera public, ironisa le bourgeois en songeant que le malheur de Marguerite éclabousserait aussi le nom de sa famille. Les langues du village iront bon train et s’empres-seront de répandre des rumeurs malveillantes. Mais tu as certainement des soupçons, un doute quelconque sur ce qui a pu se produire ?
    — Non, pas du tout. Je ne sais pas comment c’est arrivé, reprit Victoire en se tamponnant les yeux de son mouchoir.
    Depuis l’automne, elle s’est absentée les trois jours qu’elle a passés chez vous, mais c’est tout.

    — Tu ne crois quand même pas. . Tu insinuerais que c’est sous mon toit que ta fille aurait péché ?
    Boileau se leva et arpenta la pièce, l’air courroucé, furieux que Victoire puisse soupçonner qu’une chose pareille ait pu arriver chez lui.
    — Non, se rattrapa Victoire, je ne veux rien insinuer.
    Mais si on y réfléchit bien, il n’y a qu’{ la Saint-Martin oii Marguerite a pu se faire. . Enfin, tu vois ce que je veux dire.
    Mais peu importe où et quand. Pour l’instant, ma fille est condamnée. Et mon pauvre François a tellement honte qu’il est incapable d’envisager une solution.
    A cet aveu, Boileau se calma. C’était bien l{ le pire.
    Marguerite, condamnée { l’opprobre, la famille déshonorée et le père de famille, humilié. Victoire avait raison, il fallait absolument sauver cette petite du déshonneur et lui seul y arriverait. Après tout, c’était lui le

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