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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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machinalement Victoire à la discussion du docteur, éberluée par la tournure de la conversation. Notre petite Esther a toujours la morve au nez, mais c’est pas ma première { qui ça arrive.
    La conversation retomba ensuite sur les incontournables considérations sur le temps. Une fois le sujet clos, il y eut à nouveau un silence que le docteur rompit en s’inclinant cérémonieusement devant François.
    — Monsieur Lareau, j’ai l’honneur de vous demander la main de votre fille Marguerite.
    Pris de court, François ne répondit pas. Il ne s’attendait pas à recevoir une demande en bonne et due forme, croyant que le docteur était simplement venu pour qu’on s’entende sur les conventions de mariage, comme on préparait un marché. La délicatesse du médecin laissa Victoire sans voix.
    Son futur gendre lui plut immédiatement et ce fut elle qui répondit :
    — Vous nous faites grand honneur, docteur Talham, proclama-t-elle d’une voix émue. Avec tout le respect qu’on vous doit, nous acceptons.
    François acquiesça à sa suite, laissant tomber sa garde en serrant franchement la main du docteur, profondément ému. Avec des
    picotements
    dans
    les
    yeux,
    il
    servit
    une
    nouvelle tournée de rhum et les deux hommes se mirent à bavarder tout bonnement. Alexandre Talham était un homme rassurant.

    *****
    Après s’être entendus sur les détails du mariage, le docteur avait demandé à François et Victoire l’autorisation de parler en tête-à-tête à leur fille, permission qui lui avait évidemment été accordée. Les parents s’étaient retirés au fond de la pièce pour laisser Marguerite seule avec son prétendant.
    — Votre famille m’accorde votre main. Mais vous, mademoiselle Lareau, acceptez-vous de devenir ma femme ?
    Je tiens à ce que vous y consentiez. Je suis certain que vous avez eu le temps d’y songer.
    La gorge serrée, Marguerite était bien incapable de répondre.
    — Je connais votre situation, ajouta doucement Talham, mais jamais je ne vous forcerai en rien. Si vous m’épousez, je promets de prendre soin de vous et de votre enfant. Il portera mon nom et nous n’en reparlerons plus jamais.
    Maintenant que cet homme était là, devant elle, lui offrant sa protection et sa maison, Marguerite n’osait le regarder. Elle ne pouvait protester, il n’y avait plus rien {
    ajouter.
    Talham la regardait en souriant gentiment. Il avait pris sa petite main dans la sienne, attendant toujours sa réponse.
    Elle était jeune et si attendrissante.
    — Vous ne voulez pas savoir? Jamais? demanda-t-elle timidement, les yeux baissés, l’air contrit.
    — Non, répondit gravement Talham. C’est vous qui serez juge, s’il faut en reparler.
    Marguerite lui trouva l’air gentil, malgré tout. Elle découvrit un visage légèrement ridé, mais pas plus finalement que celui de son père. Il avait pris une voix douce en s’adressant { elle. C’était certainement un homme lion. Alors, elle avait levé les yeux et murmuré un «oui»
    presque inaudible. Mais Talham l’avait entendu et cela lui suffit.
    — Mademoiselle Lareau, je suis très honoré que vous acceptiez. Jusqu’au jour de notre mariage, je viendrai vous voir au moins une fois par semaine. Nous pourrons ainsi mieux nous connaître. Est-ce que cela vous convient ?
    La jeune fille acquiesça d’un signe de la tête.
    De retour dans la grande salle familiale, il retrouva François qui tirait nerveusement sur sa pipe.
    — Votre fille accepte, monsieur Lareau. C’est un grand bonheur pour moi que de faire bientôt partie de votre famille.
    — Ça lui fait pas beaucoup de temps pour monter son trousseau, intervint Victoire en abordant le côté pratique des choses.
    — Nous lui en ferons un, ne vous inquiétez pas, madame Lareau. Nous discuterons de tous ces détails lors de ma prochaine visite. Je reviendrai dès que je pourrai. Mais je ne peux pas toujours m’annoncer d’avance. Mes malades, vous comprenez..
    — Mais vous resterez bien manger avec nous ce midi ?
    demanda Victoire.
    — Cela aurait été un grand plaisir, croyez-moi. Malheureusement, je dois partir. On m’a averti plus tôt, ce matin, que la veuve Robert est toujours souffrante et une des demoiselles de Niverville me réclame, impérativement, ajouta-t-il dans un sourire à demi-moqueur.
    Les demoiselles de Niverville étaient connues dans la paroisse pour leurs nombreux maux, la plupart du temps imaginaires.
    Talham s’apprêtait { reprendre son

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