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Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
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l’heure, est d’échanger nos serments devant Dieu.
    En guise de réponse, Marguerite offrit un timide sourire.
    Et ce jour-là, avant de quitter sa fiancée, le docteur Joseph-Alexandre Talham avait discrètement déposé, dans la paume d’une petite main douce, un tendre baiser qui avait fait frémir la jeune fille.
    — A bientôt, belle Marguerite.
    « Belle Marguerite. . » Ces mots l’avaient touchée.

    *****
    Malgré cet épisode confortant, une fois à genoux dans l’obscurité du confessionnal, Marguerite avait perdu le peu d’assurance que Talham avait réussi { lui inculquer.
    La confession s’était déroulée comme { l’accoutumée, Marguerite énuméra ses petits péchés véniels, s’accusant surtout d’avoir été orgueilleuse, l’automne précédent. En confessant le plus grand nombre de péchés possibles - quitte à en ajouter quelques-uns qu’elle avait certainement commis sans s’en rendre compte -, elle calculait rendre à son âme toute sa pureté.
    Elle avait déjà beaucoup prié, mais ses appels à Dieu étaient-ils suffisants ? L’orgueil étant considéré comme une faute grave, le curé lui infligerait, du moins Pespérait-elle, une très longue pénitence. Ainsi, Dieu lui pardonnerait peut-être l'autre péché.
    — Ma fille, lui avait demandé le curé pendant qu’elle faisait sa comptabilité intérieure, réfléchit bien à cette question et, avant de répondre, souviens-toi de l’infinie miséricorde de Dieu. As-tu cherché ton malheur ?
    Même si elle s’y attendait, Marguerite fut prise au dépourvu. Mais elle avait répondu vaillamment, quoiqu’avec un sanglot dans la gorge.
    — Non, mon père, je vous le jure.
    — Ne jure surtout pas. As-tu incité à la fornication, par quelque artifice de séduction, le père de l’enfant ?
    — Je ne comprends pas ce que vous voulez dire.
    — Marguerite, Dieu sait tout.
    Un profond silence.
    — Il voit tout. Il a tout vu.
    Les larmes avaient inondé les joues de la jeune fille. Elle reniflait dans son mouchoir humide. Si Dieu avait tout vu, pourquoi n’avait-Il pas arrêté le malfaisant? S’il lui infligeait cette épreuve, c’était peut-être parce qu’il croyait que c’était sa faute ? Les seuls moments où la culpabilité la fuyait, c’était lorsque le docteur venait la voir. Sa gentillesse avait sur elle un effet bienfaisant et mettait du baume sur son cœur meurtri. Alors, elle était convaincue de ne pas avoir cherché
    { provoquer l'autre, de n’avoir rien fait pour mériter son malheur, comme le disait le curé. Et à mesure que le temps passait, il arrivait que, pendant des jours entiers, elle ne pensât pas à la chose affreuse. Mais lorsque subrepticement le terrible souvenir s’imposait { nouveau, elle se rappelait préci-sément certains gestes, mais des détails s’estompaient.
    S’était-elle défendue ? Avait-elle crié ? Tout cela demeurait flou dans sa mémoire. Seules demeuraient la violence de cette haine déferlante et cette douleur inouïe meurtrissant sa chair.
    Sophie l’avait accusée, avec ses paroles dures, «fille perdue»,
    « fornication » ; son père fuyait son regard et sa mère avait honte. Alors, Marguerite se sentait sale, flétrie ; son déshonneur la stigmatisait. Elle avait même souhaité mourir. Mais elle était bien incapable d’expliquer tout cela au curé. Les mots pour le dire ne lui venaient pas.
    — Je n’avais rien fait, murmura-t-elle. Je caressais le museau de son cheval. . en fait, j’ignorais que c’était le sien.
    C’était une si belle bête ! Je ne savais pas qu’il était l{. Est-ce que ce sont des artifices de la séduction, monsieur le curé ?
    Le curé n’avait pas répondu, décontenancé par l’innocence de la jeune fille. Messire Bédard n’avait jamais été confronté à pareille situation et ignorait comment il fallait agir dans ces cas-là. Mais Marguerite poursuivait. Peut-être allait-elle enfin avouer ?
    — Je ne l’ai pas entendu approcher, sinon. .
    Elle s’arrêta pour se moucher.
    — Sinon ?
    — Eh bien, je n’aurais jamais osé, vous comprenez, monsieur le curé.
    — Oui, certainement, l’encourageait-il doucement en ne voulant pas la brusquer. Continue. Tu n’aurais jamais osé caresser ce cheval-là ?
    — Bien non, monsieur le curé, si j’avais su, je n’aurais jamais eu cette audace-là.
    — Pourquoi, Marguerite ? Il n’y a rien de bien méchant
    { flatter le museau d’un cheval. Même si c’est

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