Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Marguerite

Marguerite

Titel: Marguerite Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Louise Chevrier
Vom Netzwerk:
prisonnier du secret de Marguerite Lareau. Le curé se demanda incidemment si Boileau connaissait la vérité.

    Chapitre 9

    L’heure du thé

    Françoise Bresse frissonnait, enfouie sous la courtepointe, le bout du nez gelé. A ses côtés, son mari dormait profondément, mais sa chaleur ne suffisait pas à la réchauffer.
    La couverture de laine supplémentaire posée au pied du lit remplirait cet office si seulement elle osait sortir un bras de sous les couvertures pour l’attraper, mais elle voulait retarder le plus longtemps possible le moment de bouger, de quitter le lit. Au cœur de la nuit, la maison refroidie était plongée dans l’obscurité que seule la lune éclairait faiblement. Pour connaître l’heure, Françoise devait allumer la chandelle du martinet, posé sur une petite table près du lit, puis se rendre dans la pièce d’{ côté. Sur un bahut de la chambre de compagnie se trouvait en effet la belle pendule de cuivre achetée à Montréal par son époux, au début de leur mariage.
    Un impérieux besoin naturel la força à reconsidérer sa décision. Il lui fallait se lever. Elle se décida courageusement
    { sortir du lit, cherchant { tâtons son châle de laine qu’elle serra sur ses épaules grelottantes, puis, tirant le pot de chambre dissimulé sous le lit, elle se soulagea enfin. Sous ses pieds nus, malgré la carpette tissée qui couvrait le sol, elle sentait le plancher glacé. Elle enfila ses pantoufles placées tout près du lit.
    «La Perrine doit ronfler. Je parie que tous les poêles de la maison sont éteints, sauf le sien ! » maugréa-t-elle pour elle-même.
    Françoise alluma le martinet et sortit de la chambre pour aller réanimer le feu dans la pièce voisine lorsqu’un bruit provenant de dehors l’attira { la fenêtre. Intriguée, elle jeta un regard par un carreau givré et aperçut vaguement la silhouette d’un attelage. Une carriole passait sur le chemin.
    Elle gratta le frimas avec ses ongles tout en cherchant rapidement autour d’elle un objet qui lui permettrait d’aller plus vite. Ne trouvant rien, elle dut se contenter de meurtrir le bout de ses doigts sur le carreau.
    La maison des Bresse constituait un observatoire privilégié pour épier tout ce qui se passait d’important dans le village de Chambly. La demeure était située entre l’église et le carrefour des vieux chemins, pas très loin de la maison rouge des Boileau, leurs voisins, à proximité du magasin général, des quais et du marché public qui se tenait dehors tout l’été. Cette excellente situation se confirma immédiatement à cette heure impromptue de la nuit lorsqu’un spectacle inattendu se déroula sous les yeux ébahis de Françoise. La belle carriole blanche et bleue, chaussée de lisses en métal, que Monsieur Boileau avait fait livrer de Montréal l’automne dernier - et qui avait fait pâlir Françoise d’envie - passait sous ses fenêtres. Facilement reconnaissable { sa pelisse de poil qui l’affublait d’un air prétentieux - c’était du moins l’opinion de Françoise -, Boileau lui-même tenait les rênes. Un homme était assis à côté de lui. L’attelage bifurqua vers l’allée qui menait { la maison rouge, confirmant l’impression de madame Bresse. Un deuxième attelage suivait le premier. Elle reconnut la carriole déglinguée du docteur. Près de lui était assise une femme bien emmitouflée, méconnaissable. Une troisième carriole apparut. Françoise crut distinguer l’habitant Lareau et sa femme, la cousine de Boileau, malgré les robes de mouton qui les recouvraient.
    Que signifiaient ces allées et venues intempestives au cœur de la nuit hivernale ? « La femme assise devant serait-elle leur fille ? se demanda Françoise. Comment s’appelle-t-elle, déjà ? Ah oui ! Marguerite. »
    Les pensées de dame Bresse s’agitèrent { un point tel qu’elle fut incapable d’aller se recoucher. Le cerveau en ébullition, elle se posait des questions, émettait des hypothèses toutes plus intéressantes les unes que les autres.
    Quelle urgence nécessitait de tels déplacements? Et que faisaient dehors tous ces gens, et à cette heure ? Personne n’était encore levé au village. Pas même les servantes ! « Ces gens n’ont pourtant pas l’habitude de mener le bal si tard dans la nuit», marmonna Françoise. Encore sous le choc de sa découverte, elle descendit réveiller sa servante afin que celle-ci rallume les autres feux de la maison.

    *****
    Un peu

Weitere Kostenlose Bücher