Marie Leszczynska
exposées par l’évêque d’Ypres, Cornelius Jansenius, dans l’ Augustinus , un ouvrage publié après sa mort en 1640. Ce mouvement répond à une volonté de retour spirituel à l’Église primitive. Il gagne Port-Royal par l’abbé de Saint-Cyran et reçoit le soutien de Pascal dans Les Provinciales. Mais sa condamnation par Rome entraîne la fermeture et la destruction de l’abbaye de Port-Royal.
En 1713, la querelle reprend de plus belle avec la publication de la bulle Unigenitus qui condamne cent une propositions extraites des Réflexions morales du père Quesnel, parce qu’elles s’inspirent des thèses de Jansenius. Jusqu’alors élitiste, le jansénisme trouve écho dans certaines couches populaires. Des foules se précipitent au cimetière Saint-Médard à Paris où repose le diacre François de Pâris
, janséniste pur et dur, mort en 1727 à l’âge de trente-sept ans. Louis XV ordonne la fermeture du cimetière, mais la dévotion populaire gagne maintenant la noblesse de cour et le monde de la robe. En 1730, Fleury tente d’enrayer la querelle en transformant la Bulle en loi du royaume. Semi-échec car le feu continue de couver.
L’affaire du « vingtième »
En 1749, le principe de l’absolutisme royal est à nouveau mis en cause avec l’affaire du « vingtième », déclenchée par Machault d’Arnouville
. Chargé de remettre de l’ordre dans les finances de l’État, il crée le « vingtième » par l’édit de Marly de mai 1749. Ce nouvel impôt consiste en un prélèvement de 5 % sur les revenus nets. Le rôle est dressé à partir des déclarations des contribuables et concerne tout le monde, clergé compris. La réforme est mal accueillie par l’assemblée quinquennale du clergé, en mai 1750, qui se contente de voter sa contribution volontaire, dite « don gratuit ». Entendant conserver ses privilèges, elle adresse des remontrances à Louis XV qui réplique par sa dissolution. Pourtant, la reine a plaidé la cause du haut clergé auprès du roi. Et ce n’est pas un hasard si son grand aumônier, le cardinal de Saulx-Tavannes, a présidé la commission traitant du « vingtième » et si son ancien aumônier, l’abbé de Montazet désormais évêque d’Autun, a rédigé une partie des remontrances de l’assemblée.
Cette affaire divise la cour en deux clans : celui de Machault
, soutenu par Madame de Pompadour, les financiers, les maréchauxde Noailles et de Richelieu ; et celui dit des dévots, avec Monseigneur de Beaumont, archevêque de Paris, le comte d’Argenson, l’évêque de Mirepoix et le cardinal de Tencin
. La famille royale, Marie Leszczyńska en tête, partage le point de vue des dévots. Au centre, Louis XV tente de trouver une issue honorable mais finit par céder au clergé, le 23 décembre 1751.
Le royaume se déchire
L’affaire du « vingtième » a provisoirement occulté la querelle janséniste, toujours aussi virulente. Les catholiques se divisent en « constitutionnaires » partisans de la Bulle et en « appelants », surnom donné à ceux qui font appel devant le Parlement des décisions prises à leur encontre par les autorités ecclésiastiques. Monseigneur de Beaumont, nouvel archevêque de Paris, exige des mourants la révélation du nom de leur confesseur ou la présentation d’un billet de confession signé par un prêtre « constitutionnaire ». Sans ces justificatifs, les derniers sacrements et la sépulture chrétienne leur sont refusés.
Le royaume se déchire. D’un côté, les parlements pro-jansénistes, la bourgeoisie et le petit peuple de Paris ; de l’autre, la cour, la famille royale, les jésuites et la plupart des évêques. Les incidents se multiplient à Paris et en province. Louis XV tente en vain de rappeler l’archevêque de Paris à davantage de diplomatie. Marie Leszczyńska qui entretient de bonnes relations avec le prélat lui aurait écrit, selon le marquis d’Argenson : « Mon cher papa [5] , tenez bon pour la Bulle ; autrement la religion est perdue. » Les parlements se mobilisent et adressent des Grandes Remontrances [6] au roi pour dénoncer la mainmise de l’Église sur la monarchie. Irrité, Louis XV exile le Parlement… puis le rappelle ! Il expédie Monseigneur de Beaumont en Périgord et promulgue un édit imposant le silence sur les questions religieuses. Mais ses initiatives ne calment pas les affrontements.
Le 2 novembre 1756, c’est le pape Benoît XIV
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