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Marie Leszczynska

Marie Leszczynska

Titel: Marie Leszczynska Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Anne Muratori-Philip
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qui met un terme au conflit en promulguant le bref d’apaisement Ex Omnibus .
    La reine est soulagée, car elle déplorait la diplomatie hésitante de son époux. Toutefois, pendant la trentaine d’années qu’a duré ce drame de société, elle n’a jamais su comment le conseiller… ou n’a jamais osé le faire, soucieuse de ne pas risquer l’image de sa propre fonction !
    Rien n’est réglé
    En réalité, la querelle autour des jésuites et des jansénistes n’est pas enterrée. Les citoyens se sont apaisés mais le Parlement continue à s’opposer à l’Église romaine. La disparition de Benoît XIV, en 1758, réveille les tensions. Un banal échec économique met le feu aux poudres : le père La Valette
, supérieur des jésuites de la Martinique, ayant déclaré ses comptoirs en faillite, le Parlement exige la mise en accusation de l’ordre. Le 3 septembre, une tentative d’attentat échoue contre le roi du Portugal, Joseph I er . Les jésuites sont accusés d’avoir poussé les conjurés au crime en leur assurant que le régicide était permis en certaines circonstances. Une centaine de personnes sont arrêtées et une dizaine exécutées. L’année suivante, tous les membres de la Compagnie de Jésus sont déclarés hors la loi au Portugal.
    En France, les jansénistes profitent de l’occasion pour publier quelques pamphlets insinuant que les jésuites, sous la protection du dauphin, auraient intérêt à voir disparaître Louis XV. Il est vrai que le prince a hérité de la passion de la reine pour ces religieux qui dirigent toutes les consciences de la famille royale.
    L’hostilité s’accroît dès 1760. L’entreprise de démolition de l’image de la Compagnie de Jésus est en marche. D’attaques en procès, parfois provoqués par les propres erreurs des jésuites, leurs jours sont comptés ; d’autant que le principal ministre, Choiseul, est prêt à soutenir le Parlement. L’éviction des jésuites se dessine, bien que Louis XV ne souhaite pas leur disparition et suggère timidement des mesures d’apaisement.
    Impuissante et désabusée
    Le 23 juin 1762, Stanislas écrit à sa fille : « Pour les jésuites, je les crois perdus, puisque le roi ne s’oppose à leur perte. » Le 6 août, le Parlement ordonne la fermeture des collèges. Marie exprime son amertume au président Hénault
 : « Ce que le Parlement fait contre nos pauvres Pères est affreux et indigne. Hélas, mon Dieu, où sommes-nous ? C’est le pays où saint Louis a régné ! Quel siècle ! [...] Tout ce que l’on voit pénètre de douleur ; tout va de mal en pis : religion, autorité du roi, tout s’en va, et ce qu’il y a de pis, c’est que l’autorité s’en va, comme si cela devait être, sans que personne ne s’y oppose. [...] La main de Dieu est visiblement appesantie sur nous. » Désabusée, elle écrit à son père : « Je ne vis que d’amertume, et ma consolation, c’est Dieu et de penser que cette vie est courte. »
    Inquiète pour les jésuites, Marie les recommande à son père. Stanislas, qui leur a offert l’hospitalité dans ses duchés, n’est guère plus rassuré qu’elle : « Je ne suis pas un moment tranquille sur la sûreté des miens en Lorraine qu’il me semble que je ne tiens que par la queue [7] . » Avant de s’adresser au Parlement, il tente de convaincre son gendre : « [...] s’ils succombent par la persécution de leurs ennemis, rien ne leur sera plus glorieux que de se relever par une protection telle que la vôtre. Vos illustres prédécesseurs les ont établis, il ne vous reste que de les maintenir ; et à moi de vous assurer de mon tendre attachement avec lequel je suis [...] » Vains plaidoyers. Contre sa volonté, Louis XV signe l’édit qui met fin à la Compagnie de Jésus dans tout le royaume, le 19 novembre 1764 [8] . Ses biens sont confisqués, mais ses membres peuvent rester en France, à titre personnel. Ce qui permet à la reine de conserver son dernier confesseur polonais, le père Bieganski, à la condition qu’il devienne un ecclésiastique ordinaire.
    Maladresses malvenues
    Dans la mouvance de cette douloureuse affaire, on prétendra, à la cour, que la reine a rassemblé autour d’elle le parti dévot, entièrement voué aux jésuites. La situation apparaît plus complexe. S’il y a toujours eu des dévots à Versailles, ils ne forment pas un front uni. Ils s’associent ou changent de camp selon les causes à

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