Marilyn, le dernier secret
situer le décès de l'actrice aux premières heures du 5 août 1962, il apparaît relativement facile de déterminer le moment précis où Marilyn a succombé à une overdose massive. Car, une fois encore, la réponse se trouve dans l'autopsie du Dr Noguchi.
Comme le voulait l'usage, le médecin avait établi la rigidité cadavérique du corps, puis examiné ses lividités. La rigor mortis, raidissement progressif de la musculature commençant généralement trois à quatre heures après le décès, si elle n'était pas le seul outil possible, permettait, selon l'intensité de la rigidité, d'estimer le moment de la mort. Sur ce point Noguchi avait noté une intensité de niveau maximum. Ce qui signifiait que l'actrice était décédée au moins douze heures avant le début de son examen. L'autopsie de Noguchi ayant commencé à dix heures dans la matinée du 5 août, cela voulait dire que Marilyn était décédée la veille avant 22 heures.
En plus de la rigor mortis, le médecin avait remarqué deux zones de lividités. En plus de l'indication, comme nous le verrons, que le corps avait été déplacé, les livor mortis , colorations violacées de la peau liées à un phénomène de transfert de la masse sanguine entraînée par la pesanteur [1] , confirmaient la première estimation. Du reste, dans son rapport, Noguchi évoqua « des zones de lividités dites fixes au niveau du visage, du cou, de la poitrine, de la portion supérieure des bras et du côté droit de l'abdomen [2] .
En clair, Marilyn était morte allongée sur le ventre, le visage plaqué contre le matelas. Et ce, au moins douze heures avant l'autopsie, puisqu'une lividité devenait fixe lorsqu'une pression sur la partie colorée ne chassait plus le sang pour donner une teinte plus pâle à la peau [3] , phénomène irréversible apparaissant au minimum douze heures après le décès [4] .
Une soustraction de ce chiffre de celui de l'heure de l'autopsie permet donc d'affirmer que Marilyn était décédée avant dix heures le soir du 4 août.
*
Un dernier élément aide à affiner cette estimation.
En 1962, les répondeurs téléphoniques n'existaient pas. À la place, certains usagers souscrivaient à un service de réponse en cas d'absence. Milton Rudin avait utilisé ce service durant la nuit du 4 août 1962. Et lorsqu'Ebbins avait tenté de le contacter, il était tombé sur une standardiste. À laquelle, il avait laissé un message invitant Rudin à le joindre de toute urgence. Conformément aux recommandations de son client, la nature du message avait poussé l'employée à téléphoner à la soirée où Rudin se trouvait.
Une fois averti par la standardiste, Rudin avait rappelé Ebbins puis, in fine, Eunice Murray.
À New York, Ralph Roberts, le fidèle ami de Marilyn, était abonné au même genre de service. Et comme ce samedi 4 août 1962 le masseur était lui aussi de sortie, il avait activé le programme. À 20 h 30, comme le prouvaient les notes de la standardiste, la ligne de Ralph Roberts avait sonné [5] .
Mais la préposée eut du mal à comprendre les mots susurrés par la voix féminine à l'autre bout de la ligne, tant son discours était haché, incohérent, et sa voix cotonneuse. Plus étrange, dans une sorte de lente glissade, le flot irrégulier des paroles s'était interrompu sans que l'interlocutrice ait raccroché l'appareil.
Après quelques exhortations inutiles, la préposée avait interrompu la communication et préparé son rapport pour Ralph Roberts. En le découvrant, et après vérification, le confident de la star fut interloqué. Dans la poignée d'amis possédant son numéro, personne ne lui avait téléphoné cette nuit-là. Un seul nom restait donc sur la liste. Marilyn.
À 20 h 30, alors qu'elle était en train d'agoniser, dans un réflexe aussi vain que tragique, l'actrice avait tenté de joindre son ami de toujours. Et les sons incompréhensibles perçus par la standardiste du service de messagerie de Ralph Roberts n'étaient autres que les derniers mots de Marilyn Monroe.
1 -
Voir http ://www.med.univ-rennes1.fr/etud/medecine_legale/la_mort.htm
2 -
In Autopsy Report, File # 81128, August 5th, 1962, voir annexe.
3 -
.http ://fr.wikipedia.org/wiki/Datation_des_cadavres
4 -
In Guide to Forensic Medicine and Toxicology, B. Jain Publishers, 2005.
5 -
In Legend : The Life and the Death of Marilyn Monroe, Fred Lawrence Guiles, Scarborough House, 1992.
97. Brouillard
Le
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