Marilyn, le dernier secret
beaucoup. Et pourtant, elle méritait d'être reproduite, répercutée, martelée même.
En associant les résultats de l'investigation entreprise par le Los Angeles Police Department et différents entretiens confidentiels avec l'entourage médical de la star, les enquêteurs de Curphey confirmaient que Marilyn Monroe suivait scrupuleusement le plan de Greenson. Ce qui signifiait que pour guérir de son insomnie, elle avait cessé d'abuser des somnifères. Donc, en toute logique, contrairement à ses habitudes, Marilyn ne stockait plus chez elle, et de manière aussi anormale qu'excessive, les barbituriques.
*
Ainsi, le rapport censé justifier définitivement le suicide par ingestion de médicaments contenait en fait les éléments permettant précisément de remettre en cause la thèse officielle.
Deux piliers s'étaient effondrés.
Restait le dernier.
Celui qui, depuis le début, m'avait semblé pourtant le plus solide.
1 -
Entretien avec Maurice Zolotow in Marilyn Monroe, Batam , 1961.
2 -
Explorations in Psychoanalysis, Ralph Greenson, International University Press, 1978.
3 -
Citée in Marilyn, The Last Take , op. cit .
4 -
Ibid .
5 -
Deux semaines avant son décès, Marilyn dut interrompre un entretien avec un journaliste de Life pour recevoir son injection.
6 -
Statement by Theodore J. Curphey, M.D.Chief Medical Examiner-Coroner, County of Los Angeles, August 17th, 1962, op. cit.
7 -
Ibid .
44. Overdose
Marilyn n'avait rien laissé.
Pas de note rapidement crayonnée avant l'ingestion de la dose fatale.
Pas de lettre d'adieu où chaque mot aurait été soigneusement pesé.
Pas de conversations, de signes, de silences qui auraient pu inquiéter son entourage.
Dès lors, l'ultime geste de la star relevait de l'énigme. Et l'absence d'explications et de signaux d'alerte rendait complexe et délicate la mission de la Suicide Prevention Team. Devant l'impossibilité d'afficher une certitude absolue, Theodore Curphey avait donc eu recours à la formule devenue fameuse de « probable suicide ».
Cela ne signifiait pas que le Coroner en chef laissait la porte ouverte à l'hypothèse criminelle, non, mais que, en bon légiste, il préférait user du vocabulaire de la raison.
En somme, si le suicide était l'option « la plus probable », c'était parce qu'elle apparaissait comme la plus logique.
*
À défaut de pouvoir s'appuyer sur des documents rédigés par l'actrice revendiquant son geste, Curphey et ses enquêteurs fondaient leur jugement sur trois croyances.
La première, nous l'avons vu, c'était l'analyse précise des derniers mois de Marilyn Monroe. Une donnée malheureusement totalement faussée par le travail de sape des services de la communication de la 20th Century Fox. Comme Curphey n'avait pas eu accès aux bandes de Something's Got to Give, il adhérait, de fait, à la version d'une actrice tombée en pleine dérive.
La deuxième « preuve » à charge l'incitant à pencher vers le suicide touchait au mode de vie de Monroe et plus particulièrement à son habitude passée, parfois publique, d'abuser des barbituriques. Mais là encore, tout était faux. Et des investigations futures démontreraient que les conclusions des médecins étaient sur ce point erronées. Après une décennie de dépendance, Marilyn venait en effet de décrocher.
Restait le troisième socle. Celui qui, vraisemblablement, avait le plus de poids aux yeux de Curphey : les résultats de l'autopsie conduite par le docteur Thomas Noguchi.
Résumant les découvertes du médecin, le responsable du bureau du Coroner du comté de Los Angeles avait en effet écrit : « Les indices supplémentaires confirmant le suicide sont : le haut niveau de barbituriques et d'hydrate de chloral dans le sang qui, ainsi que les autres informations issues de l'autopsie, indique l'ingestion probable d'une grande quantité de pilules sur une courte période de temps [1] . »
En clair, selon Theodore Curphey, Marilyn Monroe avait bel et bien été victime d'une overdose de somnifères. Accidentelle ou volontaire, celle-ci se métamorphosait, dans la logique de ce représentant officiel, en « probable suicide ».
Le dossier 81128 pouvait être refermé, l'affaire classée et le certificat de décès de Marilyn Monroe définitivement complété.
*
Le challenge qui s'ouvrait à moi devenait évident.
Toute enquête sérieuse souhaitant remettre en cause la thèse officielle devait oser affronter le
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