Marilyn, le dernier secret

société Christie's organisait à New York une vente aux enchères d'effets ayant appartenu à Marilyn Monroe. Un événement sans précédent qui dura deux jours et dépassa les prévisions les plus optimistes puisque les commissaires priseurs recueillirent plus de treize millions de dollars.
    Estimé à quatre cents dollars et vendu douze fois plus, le lot 386 brisait en mille morceaux cette énième rumeur. Il s'agissait d'un lot de gobelets de couleur verte achetés par Marilyn quelques semaines avant son décès. Or un objet, présent à la page 318 du catalogue de la vente, apparaissait bien sur les clichés pris par le LAPD dans la chambre de l'actrice. Présenté comme un petit vase, il était posé à même le sol, à proximité du lit de Marilyn.
    La légende urbaine, vieille de plusieurs décennies, selon laquelle elle n'avait rien pour l'aider à avaler les comprimés de Nembutal, s'effondrait.
    1 -
    Cet article s'inscrit dans une série consacrée aux derniers instants de certaines célébrités. En plus de Monroe, j'avais eu à traiter des cas Elvis Presley et James Dean. http ://www.williamreymond.com/monroe.htm.
    2 -
    Extraits du texte de la quatrième de couverture de Marilyn Monroe, enquête sur un assassinat, Don Wolfe, Albin Michel, 1998.
    3 -
    Coroner, op. cit.
    4 -
    In The DD Group, David Marshall, Universe, 2005.

49. Disparition
    Les deux ultimes points à éclaircir liés à l'autopsie de Noguchi prenaient évidemment plus de relief et d'importance. Le premier, qui concernait l'absence d'une substance dans l'estomac de la défunte, donnait – du moins l'affirmaient-ils – du poids aux arguments des tenants du crime. Le second propulsait carrément l'affaire dans une autre dimension en impliquant une manipulation organisée au sein même du bureau du Coroner du Los Angeles County.
    *
    « De plus, le Dr Weinberg et plusieurs autres médecins légistes de renom ont souligné qu'on appelle le Nembutal “la veste jaune” à cause du jaune de la gélatine qui entoure le produit actif. Si Marilyn Monroe avait avalé une quarantaine de comprimés de Nembutal comme on l'a dit, il y aurait eu des traces de teinture jaune dans le tube digestif, surtout dans un estomac vide. Le Dr Noguchi ne trouva aucune trace de teinture jaune [1] . »
    Don Wolfe n'avait pas été le premier à souligner pour s'en étonner cette absence de « jaune » dans l'organisme de l'actrice, puisque cette observation figurait dans presque tous les ouvrages et documentaires contestant la version officielle du décès de la star.
    Pourtant, l'explication de cette « anomalie » se trouvait – une fois encore – à la disposition de tous ceux qui avançaient dans ce dossier avec objectivité, et ce depuis 1983.
    Quelques mois plus tôt, le 4 novembre 1982, le docteur Thomas Noguchi avait en effet été entendu par deux membres du bureau du District Attorney de Los Angeles, l'officine enquêtant officiellement à l'époque sur les circonstances de cette mort alimentant les phantasmes. Ce jour-là, les inspecteurs s'intéressaient à quatre points de l'autopsie.
    Dont l'un relatif au défaut de couleur jaune. « La question (…) a été posée selon toute apparence par quelqu'un qui n'est pas familier avec le Nembutal, leur expliqua Noguchi. En tant que médecin légiste, c'est un produit que je connais très bien. Il semble que cela soit un des médicaments préférés de ceux qui veulent commettre un suicide. Comme je l'ai expliqué, il suffit de prendre un comprimé de Nembutal, de le passer sur ses lèvres pour l'humidifier et d'y frotter ensuite ses doigts pour constater que la couleur jaune ne s'y dépose pas. Le Nembutal est fabriqué avec une capsule dont la couleur ne déteint pas lorsqu'elle est avalée [2] . »
    Et si la réponse du légiste n'apparaît pas suffisamment convaincante aux yeux des sceptiques, je les invite à songer au documentaire Unsolved History , diffusé sur la chaîne Discovery Channel en octobre 2003. Dans ce film, on voit en effet une équipe de scientifiques recréer in vitro les conditions d'absorption de comprimés de Nembutal. Et confirmer, une bonne fois pour toutes que, quelle que soit la quantité avalée, le somnifère ne laisse aucune trace jaune dans l'organisme !
    *
    L'autre point en suspens vacillait déjà sous les coups de ces explications sérieuses. Néanmoins, clore ce débat s'imposait. De quoi s'agit-il ?
    Laissons parler Don Wolfe. « Le Dr Abernathy