Marilyn, le dernier secret
théorie largement diffusée dans les ouvrages « conspirationnistes », j'étais coupable de la même dérive.
Qui méritait donc, quelques années plus tard, une brève correction.
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La théorie de l'hématome dissimulant la trace d'une injection fatale remonte à la fin des années 1970 lorsque certains auteurs ont commencé à diffuser l'idée selon laquelle la Mafia avait assassiné Marilyn Monroe. Un acte le plus souvent justifié par la volonté du crime organisé d'atteindre les frères Kennedy à travers le décès de l'actrice.
Quelles qu'en soient les raisons, le mode opératoire prêté aux tueurs de la Cosa Nostra était souvent le même : le coup de la piqûre invisible. Une explication d'autant plus séduisante qu'elle apportait une réponse à peu près sensée. Non seulement elle autorisait la piste criminelle, mais elle correspondait à une méthode fréquemment utilisée dans le passé par des assassins soucieux de faire disparaître la preuve de leur méfait.
Malheureusement, aussi excitante qu'elle puisse paraître, cette théorie ne fonctionnait pas dans le cas de Marilyn Monroe.
Le diamètre de l'hématome relevé par Noguchi livra une information précise sur la taille de l'aiguille éventuellement utilisée. Puisque la trace a disparu, il ne peut s'agir que d'une aiguille extrêmement fine. Le problème, c'est que l'importante quantité de barbituriques retrouvée dans l'organisme de Marilyn Monroe indiquait que, en cas d'injection, celle-ci avait été conséquente. Et avait, par définition, nécessité l'emploi d'une aiguille assez large, dont la marque serait apparue malgré l'hématome.
Certes, on pourrait arguer que les supposés assassins de l'actrice avaient procédé à différentes injections afin d'utiliser une aiguille de petit diamètre, mais une telle opération aurait laissé de multiples lésions qui n'auraient pu échapper à l'examen à la loupe de Thomas Noguchi.
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Ce point est confirmé par un élément servant aux partisans du crime à désavouer le travail du médecin légiste.
Le 3 août 1962, à la veille du décès, le docteur Engelberg avait effectué une injection à Marilyn. Ce fait, jamais contesté, fut confirmé par la facture détaillée envoyée par le médecin à l'exécuteur testamentaire de la star.
Or, parce que Noguchi n'a pas signalé cette marque, cela prouverait que l'ensemble de son rapport serait erroné. Hélas pour les tenants de cet argument, cela n'atteste rien du tout. Car il est médicalement prouvé qu'une aiguille fine du type utilisé par Engelberg ne laisse une marque décelable que pendant quatre heures. Or, Noguchi écrivait précisément : « Seules des piqûres récentes peuvent être découvertes. » Et ajoutait : « L'injection pratiquée par le médecin de Marilyn Monroe avait eu lieu presque quarante-huit heures avant l'autopsie. De fait, je n'ai pas trouvé de marque [3] . »
Une dernière preuve, visuelle cette fois-ci, propulsait définitivement l'hypothèse d'une injection dissimulée dans la catégorie des fausses pistes. Différents clichés issus de la séance des photos effectuées à la maison des Lawford-Kennedy montraient un hématome de taille similaire situé au même endroit. Ce qui signifie que la marque n'est pas la signature d'assassins du crime organisé, mais l'indication que Marilyn avait dû, à plusieurs reprises, se heurter à un de ses meubles. D'ailleurs, David Marshall écrivait : « Si elle s'était cognée contre le bureau installé dans sa chambre, cela aurait créé un hématome situé exactement à l'endroit de celui découvert à l'autopsie [4] . »
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La persistance, malgré son impossibilité médicale, de la théorie de l'hématome fatal dans la littérature conspirationniste renvoyait à une autre rumeur. Qui, née dans les premiers livres consacrés à la mort de Marilyn, circule encore dans des ouvrages récents comme ceux d'Anthony Summers et Don Wolfe.
Photos à l'appui, elle avançait qu'il n'y avait pas de verre d'eau dans la chambre de Marilyn. Et que, sans cet objet, avaler autant de comprimés de Nembutal était impossible. Surtout en songeant que la salle de bains attenante à la chambre était en travaux le jour du décès, ce qui rendait inenvisageable l'idée que la star s'y soit rendue pour ingurgiter sa dose fatale.
Sans eau, pas de pilules, donc pas de suicide. CQFD !
Mais rien n'est jamais aussi simple ni basique.
Le 27 octobre 1999, la célèbre
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