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Marin de Gascogne

Marin de Gascogne

Titel: Marin de Gascogne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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    Jantet est arrive hier a Langon et nous a compté le Glorieux Combat ou il a ete blesse mais le Docteur Graulau dit qu’il sera vite guéri et bon pour le service de nouvau et lui même brûle de te rejoindre sur la mer ou il dit qu’il a vu ton bathau l’ete dernier.  
    Savoir Jantet à Langon était plus supportable à l’idée qu’il reprendrait bientôt la mer. Et, soudain, il sentit une deuxième vague de soulagement dégager sa poitrine de l’angoisse qu’y avait fait peser, sans qu’il s’en rendît compte sur le moment, la nouvelle de la mort de Jantet. Il s’en voulut d’avoir laissé la jalousie lui faire oublier l’amitié. Jantet était sauf et Pouriquète pensait toujours à lui. Sa joie était double.  
    Il décida sur-le-champ de leur écrire à tous deux et se mit en quête de Bottereaux pour lui emprunter de l’encre et du papier. Il le trouva près de la coupée.  
    — Tu tombes bien, Hazembat, dit l’officier dès qu’il le vit. Je voulais justement vous voir, toi et Verdier.  
    — A vos ordres, lieutenant.  
    — Le Mathurin-Mary va passer au carénage. Il en a besoin, le pauvre, sans quoi les cravans et les moules vont lui manger la coque. Nous allons tous recevoir d’autres affectations. Le commandant Le Guillou vient de passer lieutenant. Quant à moi, j’embarque à Lorient comme enseigne de signaux sur un navire de ligne. J’ai la faculté d’emmener avec moi quelques hommes d’équipage. Deux bons timoniers ne sont jamais de refus sur un navire. Parles-en à Verdier. Si le cœur vous en dit, nous embarquerons demain matin sur le transport la Poulette que tu vois mouillé là-bas.  
    La Poulette, c’est ce que signifiait le nom de Pouriquète. Hazembat y vit un signe.  
    — Pour ce qui est de moi, lieutenant, je suis d’accord et je suis sûr que Verdier sera d’accord lui aussi.  
    — Parfait. Eh bien, vous voilà donc tous deux matelots sur l’ Argonaute !  
    —  L ’Argonaute !  
    —  Qu’y a-t-il ? Le nom te déplaît ?  
    — C’est que, lieutenant, c’est le navire sur lequel mon père a fait la guerre d’Amérique.  
    — Ce qui prouve qu’il ne doit plus être très jeune, mais, baste ! le Vengeur avait bien cent ans quand il a livré son combat héroïque. Il n’y a pas d’âge pour se faire couler !  

CHAPITRE XII :
L’ARGONAUTE
    Passer d’un lougre chasse-marée à un navire de soixante-quatorze canons, c’était comme quitter Coi-mères ou Saint-Pierre-de-Mons pour aller habiter une ville de la taille de Bordeaux ou de Baltimore.  
    Ils étaient plus de huit cents hommes à bord, en comptant la compagnie de soldats de marine, parquée à l’avant, dans le premier pont, où il était impossible de marcher autrement que cassé en deux.  
    La timonerie, abritée sous la dunette, ne comprenait pas moins de dix-huit hommes dont six étaient toujours de veille. En tant que timonier spécialisé, Hazembat, tout comme Verdier, faisait équipe avec deux matelots qui devaient se relayer à la barre toutes les heures.  
    Pour le moment, l’ Argonaute était au mouillage. Hazembat profita des loisirs que cela lui laissait pour explorer les deux batteries superposées où s’alignaient les hamacs entre les gros canons de 24 et de 42. Comme il était d’usage quand un navire était en rade pour un certain temps et qu’on n’autorisait pas l’équipage à se rendre à terre, par peur des désertions, les visites étaient admises et les femmes pouvaient venir retrouver leurs maris. Les plus légitimes s’installaient, lessive au vent des sabords et mangeaille déballée sur les affûts des canons. D’autres étaient des épouses professionnelles qui ne faisaient que passer. Hazembat en reconnut quelques-unes qu’il salua de gaillardises choisies.  
    Tout cela donnait aux batteries des airs de campement de Bohémiens et contrastait avec l’ordre relatif qui régnait sur le pont supérieur où le maître d’équipage s’évertuait à inculquer les rudiments de la manœuvre aux gabiers de la bordée de quart. C’était un homme dans la force de l’âge qui ressemblait un peu au père d’Hazembat. Il s’appelait Guirrec et venait de Brest. Sa voix était puissante et autoritaire, mais jamais il n’élevait le ton, ni ne jurait. On sentait en lui une patience infinie, presque désespérée.  
    Il y avait de quoi désespérer. La plus grande partie de l’équipage était composée de rebuts de la

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