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Marin de Gascogne

Marin de Gascogne

Titel: Marin de Gascogne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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inscrivit les noms des différents capitaines : Mr Dervy, Mr Labatte, Mr Castagne. Puis il tourna la feuille et, sur la page de droite, mit en titre : 1 er Esquade des volontaires Dervy.  
    Les hommes étaient désignés par leur nom de famille et non par leur chafre ou leur nom de casa. Seuls les maçons gardaient leurs noms de compagnonnage : La Violette, La Douceur, La Palme, La Tendresse. Dans la troisième escouade, commandée par Mr Couture, lieutenant en 1 er , Tignous inscrivit le nom de Capulet : Mr  Dubernet, puis, quand il arriva à Bourrut, il se gratta pensivement le menton avec les barbes de sa plume.  
    —  Aqueste qu’a un nom qu’es malestruc com un arrascle, grommela-t-il.  
    Il y avait des gens qui prononçaient le E d’Escarpit, d’autres pas. Finalement, Tignous se décida et, lettre par lettre, écrivit : S’Carpite.  
    Exceptionnellement, cette semaine-là, le samedi fut chômé par ordre du maire. Etienne Roudié, sans doute rassuré par la composition de la garde bourgeoise, faisait mine d’en avoir pris son parti. Le comité des électeurs avait des exigences, mais il se montrait discret et ne paraissait pas vouloir se substituer à la municipalité. Le plus habile était de l’amadouer jusqu’à ce que le rapport des forces redevînt favorable. D’autre part, le Journal de Guienne rapportait que le Roi lui-même, ayant reçu la nouvelle cocarde nationale des mains de M. le marquis de La Fayette à l’Hôtel de Ville de Paris, avait décidé de l’arborer. C’est donc avec une cocarde à son tricorne que Roudié, le dimanche après-midi, assista discrètement à l’assemblée de la garde bourgeoise.  
    La cérémonie devait commencer à quatre heures, après le dîner, mais, dès le matin, il régnait une atmosphère de fête sur les Allées Maubec où des guirlandes tricolores avaient été tendues d’arbre en arbre jusqu’à l’esplanade qui s’étendait au sud des Allées. Une estrade également garnie de tricolore était dressée à l’entrée de la route de Bazas et, en travers de la façade du Cercle langonnais, un calicot portait en lettres rouges l’inscription : VIVE LE ROI ! VIVE LA NATION !  
    A peine la soupe avalée, les enfants de la Maison du Port coururent jusqu’aux Allées Maubec où se pressaient déjà plus de mille personnes, la moitié de la population de Langon. Les compagnies étaient en train de se rassembler tant bien que mal. L’impression de désordre était encore accrue par la diversité des accoutrements. Seuls quelques hommes, notamment les officiers, portaient des uniformes complets qui avaient dû être envoyés de Bordeaux.  
    Tandis que les marchandes passaient dans la foule, les bonnets et les cocardes se multiplièrent. Pouriquète survint, portant un panier plein de cocardes. Elle en avait une elle-même, accrochée au bonnet de dentelle tout neuf qui encadrait son petit minois.  
    — Vous n’avez pas de cocardes ? s’écria-t-elle. Tenez ! je vous en donne une à chacun. Papa ne s’en apercevra même pas !  
    Elle accrocha elle-même celle de Bernard à sa chemise.  
    — J’avais porté une épingle pour toi, lui souffla-t-elle.  
    — Citoyens de Langon ! tonna la voix de Jude.  
    Il était monté sur l’estrade, encadré de Jean Lafargue et d’Etienne Roudié qui se tenait légèrement en retrait.  
    — Citoyens de Langon ! Au nom du comité des électeurs, je vais procéder à l’appel nominal des volontaires de l’armée patriotique par compagnies et par escouades. Je demande à ceux que j’appellerai de venir se ranger face à l’estrade afin d’élire leurs officiers.  
    Tandis que l’appel des noms commençait, Bernard et Pouriquète allèrent s’asseoir sur l’herbe, à l’ombre d’un arbre des Allées.  
    — Je voudrais être assez grand pour me porter volontaire, dit Bernard.  
    — Tu es pressé d’aller faire la guerre ?  
    — Ils ne vont pas faire la guerre. D’abord, ils vont faire l’exercice, de manière à être prêts.  
    — Prêts à quoi ?  
    — A défendre le Roi contre les ennemis de la Révolution.  
    Revolucion : le mot était nouveau et il venait tout juste de le traduire. Il l’avait entendu pour la première fois le matin même en surprenant une conversation entre le docteur Graullau et l’abbé Larroucaud à la sortie de la messe.  
    —  Co qui es, la revolucion ? demanda Pouriquète. Ce que c’était ? Confusément,

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