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Marin de Gascogne

Marin de Gascogne

Titel: Marin de Gascogne Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Escarpit
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gai.  
    — Je suis timonier, dit-il, tandis qu’ils descendaient l’échelle de poupe. Tu feras équipe avec moi. Nous sommes tribordais tous les deux.  
    En avant de l’espace réservé à la maistrance, ils suivirent une étroite coursive. Par une porte entrouverte, Bernard vit Mondin qui écrivait à une table dans une minuscule cabine. Au bout du couloir, Lacaste poussa une tenture, révélant un cagibi encombré de sacs de toile. Trois hamacs étaient repliés contre la paroi.  
    — Le poste des timoniers ! annonça Lacaste. Fourre ton sac par terre.  
    — Il n’y a que trois hamacs ?  
    — Hé bé ? Un pour deux hommes. Les tribordais dorment quand les bâbordais sont sur le pont ! Et ne te plains pas : dans ce rafiot, les timoniers sont les seuls hommes d’équipage qui logent à l’arrière du grand mât. La cuisine est juste de l’autre côté de cette cloison. Il y a des jours où tu apprécieras le voisinage, d’autres pas !  
    Quand Bernard retourna à la timonerie, Sven était déjà au travail, rangeant des pavillons à signaux dans un coffre.  
    — Il faudra que tu apprennes les signaux toi aussi, dit Le Coadic, sans oublier les pavillons étrangers. En attendant, va donc faire un tour jusqu’à la vigie du grand mât, que je voie comment tu grimpes.  
    La montée fut facile : les haubans de revers et les gambes de hune d’un grand trois-mâts offraient plus de ressources que les deux ou trois drisses d’un courau. Quand il fut dans le baquet, Bernard évita d’abord de regarder en bas. Le très léger roulis suffisait à lui faire tourner la tête. Il risqua un œil. Le pont était encore noyé dans les brumes grises de l’aube. Ce n’est qu’au bout de quelques secondes qu’il aperçut la minuscule silhouette de Le Coadic, les yeux levés vers lui. Serrant les dents, il enjamba le bord et voulut imiter les gabiers qu’il avait vus faire en se laissant glisser le long d’un galhauban. Il faillit lâcher prise sous la morsure brûlante du cordage. Quand il toucha le pont, ses paumes étaient en sang.  
    — Pas mal, petit, dit Le Coadic, mais il faudra apprendre à descendre. Va te faire panser par le chirurgien. Ensuite, tu viendras aider Lacaste à vérifier les sabliers.  
    L’onguent qu’appliqua Mondin sentait le soufre. Il lia des charpies autour des mains de Bernard.  
    — Tu enlèveras ça quand tu seras au repos. Il n’y a rien de tel que l’air pour faire cicatriser. Le métier rentre ?  
    — Je ne me plains pas. Lacaste et Le Coadic ont l’air de bons bougres.  
    — A ces deux-là, tu peux faire confiance. Les autres, méfie-toi.  
    Dans l’après-midi, un semblant d’ordre sembla s’établir. Les écoutilles de cale étaient verrouillées, les canots étaient accorés, les agrès et apparaux étaient amarrés et le pont était entièrement déblayé. Sur le gaillard d’avant, une équipe achevait de brêler un grand prélart sur une masse indistincte.  
    — Qu’est-ce que c’est ? demanda Bernard.  
    — Tu le sauras bien assez tôt, répondit Lacaste. Si le diable veut que nous ôtions ce prélart, nous ne serons pas loin de le tirer par la queue !  
    Quand la cloche piqua quatre heures, Roumégous surgit à la rambarde du gaillard d’arrière et poussa un coup de sifflet à percer les oreilles.  
    — Les tribordais en bas pour la soupe !  
    Devant la cuisine, un jeune aide-coq distribuait des gamelles et des quarts en fer-blanc. Bernard reçut sa ration de purée de pois avec un morceau de bœuf salé et sa demi-pinte de vin. Il mangea et but debout dans le poste d’équipage où se pressaient une centaine de marins. Puis un nouveau coup de sifflet rappela les tribordais sur le pont et envoya les bâbordais à la soupe. Une demi-heure plus tard, les aboiements de la maistrance appelèrent tout l’équipage à se rassembler devant le gaillard d’arrière.  
    — Le capitaine monte à bord ! cria Roumégous. Partout, les hommes s’immobilisèrent. Sortis pour la première fois de leurs cabines, les officiers vinrent se ranger devant la coupée. Ils étaient cinq : trois lieutenants et deux enseignes à peine plus âgés que Bernard. Mondin arriva, essuyant ses lunettes.  
    — Comment vont les mains ?  
    — Ça fait moins mal. Dites, qui est le premier lieutenant ?  
    — Le petit sec. Il s’appelle Alexis Barre. C’est un ancien des Antilles : il était second lieutenant du corsaire le

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