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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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qu’une attaque devait avoir lieu à l’aube, refusait le sommeil, pour ne pas voir le moment fatidique arriver trop vite.
    — Tu n’as pas à dormir, mais tu te reposeras...
    Il plaça les chaises de la façon convenue, elle s’étendit de tout son long. Gentilhomme, il enleva sa veste pour la couvrir. De la chaise restante, il contemplait la silhouette de son petit soldat. La dernière bataille ne serait pas la plus facile.

    *****
    Les réticences du témoin à revenir « dans la boîte »
    entraînèrent un petit retard de la reprise de l’audience.
    Quelqu’un, sans doute Fitzpatrick, s’était assuré que Mathieu retrouve son siège. Marie-Jeanne pourrait s’asseoir pour la suite de son interrogatoire.
    D’entrée de jeu, le juge Louis-Philippe Pelletier entendit la rassurer un peu.
    — Je vais vous parler comme un père parle à son enfant.
    Vous n’avez pas besoin d’avoir peur, personne ne vous fera de mal, le juge vous protégera. Cessez de pleurer de même.
    Maître Francœur a le droit de poser ces questions, c’est même son devoir de le faire. Je comprends que c’est pénible, mais il accomplit son devoir. Tout ça, mon enfant, est un concours de circonstances malheureuses, vous n’avez pas besoin de pleurer.
    Le magistrat jeta un regard du côté de l’accusée, une sinistre silhouette noire encadrée de deux personnes en uniforme, puis il passa au tutoiement.
    — Parle tranquillement et personne ne te fera de mal, je te garantis ça.
    Mathieu sourit. D’une façon peu conventionnelle, le juge venait d’accorder la protection de la cour au témoin: elle pouvait maintenant confesser les pires crimes sans craindre une poursuite à son tour.
    — Monsieur l’avocat, vous pouvez maintenant poursuivre, ajouta-t-il d’un ton sévère après une pause.
    — Votre Honneur, interrompit le substitut du procureur général en se levant, j’aimerais auparavant que l’on débatte de la lettre déposée ici comme pièce à conviction numéro quinze. Elle incite clairement un témoin de la Couronne à se parjurer...
    — Objection!
    Francœur frémissait de colère. Marie-Jeanne avait expliqué son parjure à l’enquête du coroner en plaidant la crainte de recevoir une volée, accepter cette lettre comme élément de preuve donnerait un plus grand poids à ses affirmations. Il continua d’un ton mal contenu.
    — Cette lettre aurait été adressée par l’accusée à son beau-père, Gédéon Gagnon. Ce dernier n’a pas été entendu pour prouver qu’il l’a bien reçue et qu’elle venait de l’accusée.

    — Mais nous avons un témoin ici même, dans la boîte, qui nous a affirmé en avoir fait la lecture à monsieur Gagnon. Ce témoin a reconnu l’écriture de sa belle-mère.
    L’homme étant analphabète, il ne pourrait pas, de toute façon, s’exprimer sur le sujet.
    Le magistrat eut un petit sourire amusé quand il conclut :
    — La pièce à conviction est donc reçue.
    Francœur encaissa mal le coup. Marie-Anne Houde avait écrit :
    . . il vont aller chercher Gérard pour l’enquete vous lui direz quand même le detective le questionnerait qu'il ne parle pas il n'a pas le droit et c'est ce qui a fait Marie-Jeanne et à la cours qu'ils disent rien que oui ou non vous lui direz par ceux que lui vous comprenez il est sourd il peuvent lui faire dire ce qu'il voudront vous lui direz.

    La mauvaise prose était tout de même assez explicite.
    Demander le silence à un témoin, c’était admettre que celui-ci pouvait révéler des informations incriminantes !
    L’avocat fit semblant de s’absorber dans des documents étalés sur sa table, puis il revint vers la barre.
    — Vous n’avez pas besoin de pleurer, Marie-Jeanne, je ne suis pas là pour poser des questions inutiles. Je suis obligé de poser ces questions-là. Je ne vous ai jamais maltraitée quand vous êtes venue à mon bureau. Je voudrais répéter une question posée cet avant-midi : Persistez-vous à jurer que
    vous
    n’avez
    jamais
    couché
    avec
    votre
    petite sœur, Aurore, après votre passage à l’orphelinat d’Youville ?
    Les larmes revinrent en même temps que cette allusion à des actes impurs. Elle admit d’une toute petite voix, de façon bien indirecte :

    — Ça, je ne peux pas dire ça.
    — Ne pleurez pas, intervint le juge Pelletier, répondez comme une brave fille, ça va finir bien vite.
    Pendant un long moment, l’avocat orienta ses questions sur le séjour des deux petites filles à

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