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Mathieu et l'affaire Aurore

Mathieu et l'affaire Aurore

Titel: Mathieu et l'affaire Aurore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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verdict.
    Ces hommes s’appelaient Achille Laquerre, Josaphat Auger, Louis Laliberté,
    Ovide
    Demers,
    Casimir
    Chénard
    et
    J. S. Laquerre.
    Placés épaule contre épaule, les nombreux spectateurs parlaient de plus en plus fort, la chaleur montait, bientôt l’odeur serait à peine tolérable.
    — Le vieux Marois doit perdre la main, ronchonna le coroner en tirant sa montre de son gousset. Il sera bientôt cinq heures.

    *****
    — Christ ! Lafond, approche cette foutue lampe.
    Le médecin se pencha un peu plus sur l’abdomen grand ouvert, inclina encore la lampe, au risque de brûler les chairs. Marois tenait un tube en métal dans sa main. Il avait espéré tirer un peu d’urine de la vessie, afin de l’analyser.
    Après un mauvais mouvement, le liquide coulait sous le cadavre, tachait le drap et s’égouttait sur le plancher de terre battue.
    — Voilà, c’est raté, conclut le vieil homme. Autant recoudre, nous avons tout recueilli, tout regardé.
    Le cerveau se trouvait déjà dans un bocal. L’intestin avait été fendu sur toute sa longueur, les reins tranchés en deux, tout comme la rate, le pancréas et les poumons. Mathieu, pâle et épuisé, tenait sa plume quelques pouces au-dessus de la feuille de papier, en attendant de la suite de la dictée.
    — Que faisons-nous avec l’estomac et son contenu ?
    demanda le médecin de campagne.
    — Cette rougeur me paraît suspecte. Nous enverrons le tout au docteur Derome, à Montréal. Il nous dira s’il s’agit de poison.
    — Dans ce cas, comment entendez-vous conclure tout à l’heure?
    Songeur, Marois se tourna à demi pour dire :
    — Picard, écrivez soigneusement. «Cause de la mort: empoisonnement général causé soit par septicémie ou autres causes que seule l’analyse des viscères pourra déterminer.
    L’autopsie
    démontre
    d’une
    façon
    évidente
    que
    la
    défunte n’a pas reçu les soins que requérait son état. »
    Puis, il chercha un gros fil dans son sac en cuir, émit quelques jurons avant de réussir à le passer dans le chas d’une grande aiguille. Le corps de l’enfant, si pitoyable deux heures plus tôt, devenait grotesque.

    Chapitre 5

    Quand le trio remonta dans la sacristie, tous les yeux se tournèrent vers lui. Le docteur Caron imposa le silence en frappant la table de son poing. L’assistance se tut bien vite, comme à la grand-messe.
    — Nous sommes réunis ici afin de faire enquête sur une mort suspecte, celle d’Aurore Gagnon, âgée de dix ans et demi, fille de Télesphore Gagnon et de feue Marie-Anne Caron. Six habitants de votre paroisse composeront le jury.
    Il leur appartiendra de conclure sur les causes du décès et, ultimement, sur la suite à donner à cette affaire.
    Du geste, le magistrat désigna la chaise placée près de lui tout en cherchant des yeux Mathieu Picard. Ce dernier ferait office de greffier. Encore une fois, spécialiste de rien, mais informé sur tout, on lui demanderait de prendre des notes. Alors qu’il s’asseyait en dévissant sa plume, son voisin continua :
    — Nous entendrons d’abord le docteur Albert Marois, médecin autopsiste domicilié à Québec.
    Un sourire ironique sur les lèvres, le stagiaire entendit le vieil homme lire à haute voix, sans, en changer un mot, ses commentaires de la phase précédente. Il reprit la conclusion formulée quelques minutes plus tôt.
    — Monsieur Marois, vous parlez bien d’un empoisonnement?

    — Généralisé. Elle avait une demi-livre de pus juste dans la tête.
    — Cet empoisonnement peut-il venir de la multitude de blessures dont vous avez fait la liste ?
    Le coroner était habituellement choisi parmi les médecins précisément pour ce genre de situation. Il fallait déterminer si les causes de la mort procédaient d’une intention criminelle. Par sa façon de mener les interrogatoires, il devait
    clarifier
    les
    informations
    de
    telle
    manière
    qu’un jury, peu familier avec cette profession, puisse tirer des conclusions.
    — En soi, aucune de ces blessures n’était mortelle. Elle est morte du manque de soins, dans le meilleur des cas. Une intervention médicale aurait permis de la sauver.
    —- Voilà une curieuse affirmation. Il existe donc un
    « pire » des cas.
    — Oui. J’ai trouvé une allure suspecte à l’estomac. Il était d’un rouge vif, comme si elle avait absorbé une substance très
    irritante.
    L’examen,
    mené
    au
    laboratoire
    de
    médecine légale de Montréal, nous permettra de

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