Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
Vom Netzwerk:
solution, fit le baron Stern en hochant
la tête, mais je ne peux confier une telle mécanique à n’importe
qui.
    – Prenez alors un chauffeur russe. Ce n’est pas ce qui manque et
ils sont très bien.
    – Mon enfant, vous avez entendu ? demanda le baron en
tournant son visage vers sa fille qui se tenait à ses côtés. Votre
bon médecin me conseille un chauffeur russe.
    – J’ai entendu, fit Mathilde d’un ton las.
    – De toute façon, reprit le baron en s’adressant de nouveau au
Dr Jacob, avec une telle voiture, il faut un chauffeur. Je
n’aimerais que l’on me prît pour celui de ma fille.
    – Peu me chaut, dit Mathilde. Pour ma part, je n’ai aucune
raison d’embaucher un chauffeur puisque cette voiture ne
m’appartient pas, et je doute fort, mon père, que vous ayez les
moyens de le faire sur vos propres deniers.
    – Vous avez effectivement raison, mon enfant. Je me trouve,
hélas ! momentanément à votre charge, bien que cela ne soit
que provisoire car je nourris certains projets…
    – Je vous en prie, père, le coupa agacée Mathilde.
    Le baron Stern se passa la main dans les cheveux en
soupirant.
    – Je me sens un vieil homme, mon enfant. Ce que je suis
d’ailleurs, n’est-ce pas, docteur ? ajouta-t-il en prenant à
témoin le médecin.
    – N’exagérons rien, baron, fit celui-ci, mais, en tout cas, je
vous interdis formellement de conduire vous-même votre
automobile.
    – Donc nous en revenons à la nécessité d’un chauffeur, russe de
préférence, reprit Paul Stern l’air songeur.
    – Dont je n’ai pas, lâcha Mathilde.
    – Que voulez-vous dire, mon enfant ? demanda le baron
feignant de ne pas comprendre les paroles de sa fille.
    – Dont je n’ai pas la nécessité car je n’ai pas de voiture,
précisa Mathilde de plus en plus agacée du jeu de son père.
    – Mais, vous-même, mon enfant, si vous possédiez cette voiture,
ne prendriez-vous pas un chauffeur ?
    – La question ne se pose pas !
    – Si, mon enfant, car je vous l’offre.
    – Ah ! quel beau cadeau ! s’exclama Mathilde. Je n’en
veux point.
    – Ma fille, si vous souffrez de voyager en train, c’est votre
affaire, dit le baron en haussant les épaules. Mais peut-être
n’avez-vous point les moyens d’engager un chauffeur ?
ajouta-t-il non sans perfidie.
    – Certes si ! répondit Mathilde en tombant dans le piège
adroitement tendu par son père.
    – Donc tout s’arrange pour le mieux, intervint le Dr Jacob
conciliant.
    – Assurément, fit le baron. Mon cher ami, vous êtes non
seulement un excellent médecin mais un homme de bon conseil.
N’est-ce pas, mon enfant ?
    Mathilde s’abstint de répondre, craignant de ne pouvoir se
contenir et de proférer des paroles qui, loin de trahir sa pensée,
ne seraient pas pour autant de bon aloi.
     
    C’est ainsi que Mme de La Joyette, alors qu’elle n’y songeait
nullement, se trouva dans l’obligation de prendre à son service le
capitaine Markov et qu’elle dut souffrir les louanges à la gloire
de « la sainte protectrice des pauvres Russes » que lui
décerna de sa voix de bourdon le prince Babeskoff comme s’il eût
prononcé son oraison funèbre.
    La renommée, dont il était le héraut, de Mme de La Joyette au
sein de la communauté russe était telle que, le prince Babeskoff
voulut prouver sa reconnaissance en mettant deux taxis à sa
disposition pour son départ dans ses terres berrichonnes.
    Le jour venu, le dimanche 15 juillet, Mme de La Joyette voyagea
dans l’Hispano-Suiza en compagnie de son père et de Miss
Sarah ; les enfants et Marinette Breton prenant place dans le
premier taxi et les trois domestiques dans le second.
    Malgré une malencontreuse panne sans gravité de l’un des taxis,
le trajet se déroula agréablement pour la plus grande joie des
petits et des grands dont le fier équipage traversait villes et
villages sous le regard étonné des habitants. En traversant un
hameau, nos voyageurs firent même l’acquisition quelque peu
involontaire de trois poulets qui avaient eu le malheur de croiser
pour la première et dernière fois de leur existence une automobile.
Trois poulets aplatis net que les paysans du cru leur vendirent au
prix de l’oie sans que le prix pût en être discuté car l’un d’eux
s’était emparé de son fusil de chasse pour empêcher les
« étrangers » de prendre la fuite avant de les avoir
dédommagés.
    Mme de La Joyette, mise de bonne humeur par le voyage, jugea
l’incident

Weitere Kostenlose Bücher