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Mathilde - III

Titel: Mathilde - III Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Alain Pecunia
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effectivement bénéfique –, la nature fait
bien les choses et un décès peut rétablir une harmonie familiale
mise à mal.
    Le mardi 14 août 1923, en effet, Charlotte-Henriette de Mauclair
de Montélian trouva l’apaisement de ses tourments en décédant dans
son sommeil la veille de ses quatre-vingts ans. Sa petite-fille
Mathilde en fut des plus affectées. Elle avait dix-huit ans lorsque
son grand-père le marquis Louis Octave de Mauclair était décédé et,
depuis cette année 1909, elle n’avait pas revu sa grand-mère qui,
éperdue de douleur, avait alors fermé sa porte au monde.
    Feue la marquise avait demandé à être revêtue de sa robe de
mariée et, face à sa dépouille toute desséchée par les ans flottant
dans cette ample parure nuptiale, Mathilde ne put reconnaître en
elle la femme qu’elle avait tant aimée et qui l’avait élevée avec
tout l’amour d’une mère. C’était d’ailleurs un spectacle fort
éprouvant pour tous ceux – ils furent heureusement rares – qui
tinrent à rendre un dernier hommage à la défunte. Il y avait un
je-ne-sais-quoi d’incongru et de dérisoire, certains eurent même le
sentiment de pénétrer dans un univers fantomatique, à l’image de
cet hôtel aux volets laissés clos depuis de si nombreuses années et
aux relents d’outre-tombe, où Amandine et Gustave, les deux
derniers domestiques de feue la marquise tout aussi âgés qu’elle,
semblaient veiller, tel Cerbère, à l’entrée des Enfers. Au point
que chacun éprouva un grand soulagement lorsque le caveau familial
des Mauclair de Montélian se referma sur la nouvelle venue après la
cérémonie funèbre qui eut lieu en la cathédrale de Bourges le
vendredi 17 août.
    En cette occasion, Mme de La Joyette se vit entourée de
lointains parents ou d’inconnus se faisant passer pour tels et dont
elle n’avait que faire, mais elle eut l’heureuse surprise de
retrouver sa chère amie du temps du pensionnat, Héloïse Lameur, de
passage à Bourges chez ses parents et qui avait tenu à lui
présenter ses condoléances. Malheureusement, les circonstances ne
leur permettaient pas de se réjouir de leurs retrouvailles, encore
moins de s’épancher sur leurs vies respectives, et, à son grand
regret, Héloïse prit congé en lui promettant vaguement de lui
rendre visite.
    Dès le lundi suivant, Mathilde se rendit à Bourges chez le
notaire qui devait ouvrir le testament de sa grand-mère.
Auparavant, elle dut batailler pied à pied avec son père qui ne
cessait de la harceler pour l’y accompagner et, bien évidemment,
avoir connaissance de la fortune qui allait revenir à sa fille,
mais Mathilde ne voulait en aucun cas que son père pût se mêler de
ses affaires ni supposer que ce qui lui appartenait pouvait lui
appartenir également de quelque façon que ce fût.
    – Mais enfin, ne suis-je pas votre père ! s’exclama-t-il en
désespoir de cause.
    – Si peu ! lui rétorqua-t-elle pour clore le sujet qui ne
le fut réellement que le dimanche après déjeuner lorsque son père
se fit une entorse à la cheville en engageant mal son pied dans
l’étrier de la jument qu’il avait voulu monter.
    S’agissant de la même cheville que celle foulée précédemment, il
dut irrémédiablement garder le repos, au grand dam des fillettes
dont il s’était institué professeur d’équitation.
    Quant à Éléonore, sa belle-sœur, avec laquelle elle s’était
rapapillotée autour du lit de la défunte, elle se vexa que Mathilde
choisît de se faire accompagner par Miss Sarah au prétexte qu’elle
entendait de ces choses-là et était sa conseillère financière,
alors que le notaire était celui-là même qui s’occupait de ses
propres affaires.
    Mais tant Éléonore que le baron Stern savourèrent leur revanche
au retour de Mathilde et de Sarah Dufort de chez le notaire en fin
d’après-midi. De toute évidence, à en juger par l’air contrarié de
Mathilde, les choses n’avaient pas dû se dérouler au mieux, même
s’ils ne purent en tirer la moindre révélation lorsqu’ils la
questionnèrent.
    – Cela s’est-il passé ainsi que vous le désiriez, ma
chère ? demanda courtoisement Éléonore.
    – Alors, ma fille, où en êtes-vous ? demanda son père plus
abruptement.
    – Ces choses-là sont harassantes, répondit négligemment Mme de
La Joyette. Je vous prie de m’excuser, mais je monte me
reposer.
    Intérieurement, Mathilde n’avait pas décoléré en apprenant par
le notaire

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