Mémoires de 7 générations d'exécuteurs
révolte et aux meurtres ; ce sont les expressions du libelliste. C’était, continue-t-il, dans la laide et tortueuse rue Saint-Jean, dans la maison odieuse d’un bourreau, que se tenaient des assemblées dont les honorables membres s’occupaient utilement à rédiger leurs pensées ; c’était de ce foyer impur que s’élançaient ces écrits incendiaires qu’on faisait circuler ensuite sous le cachet respectable de l’Assemblée nationale.
Vous avez vu encore que le sieur Gorsas a annoncé l’arrestation et l’emprisonnement prétendu de celui que je défends ; vous connaissez les réflexions qu’il s’est permises à cet égard.
C’est cependant après avoir répandu dans toute l’Europe des calomnies de cette nature contre un citoyen connu par son patriotisme, que le sieur Gorsas prétend trouver grâce devant vous, et se faire décharger des justes condamnations que vous avez prononcées contre lui, à l’une de vos dernières audiences. Certainement, Messieurs, ce libelliste s’abuse, et le fol espoir qu’il a conçu d’échapper à la punition qu’il mérite, est un outrage fait à votre sagesse, à vos principes et à la loi, dont vous êtes les organes.
Le sieur Gorsas ne s’est pas contenté de faire circuler partout les accusations calomnieuses dont nous venons de vous rendre compte ; il a encore osé, depuis la réparation que lui en a demandée celui que je défends, le mettre au nombre de ce qu’il appelle des vagabonds soudoyés, et s’étonne de ce qu’un exécuteur des arrêts criminels, trouve des faiseurs d’exploits civils et des occupants aux tribunaux ( Feuille du sieur Gorsas du 9 janvier dernier ).
Voudrait-il donc, ce folliculaire diffamateur, nous obliger à jeter un coup d’œil sévère sur sa conduite ? Voudrait-il donc que nous fissions connaître l’opinion qu’il a donnée de lui dans le district des Cordeliers, sur lequel il demeurait précédemment, et les motions patriotiques qui y ont été faites contre lui pour d’autres calomnies répandues dans une de ses feuilles ? Non, Messieurs, Sanson aura pour lui, plus d’indulgence. Que l’adversaire revienne donc à lui-même, qu’il redoute l’instant où celui que je défends serait forcé de mettre à jour certaines actions que sa modestie lui fait tenir secrètes et de prouver qu’il n’est pas un vagabond soudoyé . Qu’il apprenne enfin, le sieur Gorsas, qu’on ne se présente pas devant les tribunaux pour demander justice quand on mène une vie douteuse et quand on professe des sentiments anti-patriotiques.
Quant à l’étonnement que témoigne le sieur Gorsas sur ce que nous avons le courage de défendre le sieur Sanson devant les tribunaux, nous nous contenterons de lui répondre, avec les sages représentants de la nation, que les hommes naissent et demeurent égaux en droits ; que nous regardons comme la plus noble des fonctions celle de défendre l’opprimé, quel qu’il soit, contre ses oppresseurs, et que nous ne calculons pas ce que la mauvaise foi, la calomnie et la vengeance méditent contre nous quand il s’agit de remplir notre devoir.
Nous déplorions, à l’une de vos précédentes audiences, les dangereux effets de la liberté de la presse. Par quelle fatalité, Messieurs, sommes-nous déjà forcés de gémir sur ce bienfait, encore nouveau, de la raison et de la philosophie, qui renverse les limites qu’un despotisme odieux fixait aux connaissances humaines ? Pourquoi faut-il que la plus belle prérogative d’un peuple libre soit déjà devenue l’instrument de la calomnie entre les mains de quelques hommes qu’elle devrait éclairer sur leurs devoirs ? Que le sieur Gorsas, loin de persécuter injustement les gens de bien, consacre son talent à les défendre ; qu’il éclaire les opinions et les principes, qu’il cite toujours les hommes au tribunal de la raison, et nous serons alors les premiers à l’admirer.
Mais, Messieurs, il est temps que vous fassiez cesser le scandale que causent dans cette capitale et dans les provinces les calomnies qu’il s’est permises ; il est temps que vous punissiez une diffamation effrayante par les conséquences qu’elle a déjà dans plusieurs villes du royaume ! celui que je défends vous confie sa vengeance. Des dommages et intérêts, l’impression et l’affichage de votre jugement à intervenir ; en un mot, la confirmation de celui auquel le sieur Gorsas est opposant, peuvent seuls apporter
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