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Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
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un accusé, le supplice sera le mime, quelle que soit la nature du crime dont il se sera rendu coupable. Le criminel sera décapité ; il le sera par l’effet d’un simple mécanisme.  
    Cette proposition se formulait, je l’ai déjà fait remarquer, trois ans, jour pour jour, avant celui où le mécanisme recevrait sur la place de la Révolution le baptême d’un sang royal : triste consécration qui ne fut certainement pas étrangère au rôle qu’il a joué dans nos discordes civiles.
    Les articles proposés par Guillotin furent renvoyés au comité des sept, chargé du travail sur la jurisprudence criminelle. Ils n’en sortirent qu’en 1791, où le Code pénal porta enfin définitivement que tout condamné à mort aurait la tête tranchée, mais sans fixer encore le système de décapitation. Mon grand-père s’alarma vivement de cette décision qui, si l’on n’adoptait pas un moyen mécanique, menaçait de faire à l’habileté de l’exécuteur, dans les supplices, une part dont la responsabilité l’effrayait à bon droit. Il adressa au ministre de la justice un Mémoire dans lequel il lui représentait toutes les difficultés de la décollation par l’épée : la nécessité d’une fermeté et d’un courage qu’on ne rencontre point chez tous les patients ; l’impossibilité des exécutions multiples, à cause de la fatigue des épées sujettes à s’ébrécher ou à perdre leur fil.  
    Il est certain, ajoutait-il dans ce Mémoire, que lorsqu’il y aura plusieurs condamnés à exécuter successivement, la terreur que produira cette exécution, par l’aspect du sang répandu, portera l’effroi et la faiblesse dans l’âme des derniers à exécuter. Cette faiblesse, en ne leur permettant plus de se soutenir, mettra un obstacle invincible à l’exécution, qui, si l’on voulait passer outre, deviendrait un véritable massacre.  
    Enfin, une chose encore essentielle à remarquer, c’est que lorsque les condamnés auront des révélations à faire, et monteront à l’Hôtel-de-Ville, ce qui souvent conduit jusqu’à la nuit, l’exécution ne pourra plus avoir lieu pour le jour indiqué ; car il sera impossible de la faire aux flambeaux, la lumière ne donnant qu’une clarté douteuse, mobile et susceptible de tromper le coup d’ œ il. Il faudra donc ajourner, c’est-à-dire prolonger l’agonie de ces malheureux, mourant de la pire de toutes les morts, la mort violente et contre le vœu de la nature.
     
    De toutes ces observations, Charles-Henry Sanson concluait à l’indispensabilité d’adopter l’usage d’une machine qui fixât le patient dans la position horizontale, pour qu’il n’eût plus à soutenir le poids de son corps, et qui permît d’opérer avec plus de précision et de sûreté que la main de l’homme n’en peut avoir.
    C’était bien aussi ce que cherchait Guillotin, et pour cela il n’avait point reculé à venir, plusieurs fois chez mon grand-père lui demander des renseignements auxquels l’expérience spéciale de l’homme qui les donnait attachait certainement une grande autorité. Ils avaient eu ensemble de longs entretiens, mais dont il n’était sorti jusque-là que des combinaisons défectueuses. En vain on avait passé en revue tout ce qui dans le passé et dans d’autres pays se rapprochait du type que l’imagination ne faisait que concevoir, sans pouvoir encore en arrêter la forme. Trois gravures allemandes de Pentz, d’Aldegreder et de Lucas de Cranach, une gravure italienne de 1555, due à Achille Bocchi, offraient bien quelques modèles, mais tous laissaient à désirer. La dernière de ces gravures représentait un instrument de supplice appelé la Mannaïa , et dont on s’était servi quelquefois en Italie, notamment à Gênes, lors de l’exécution du fameux conspirateur Giustiniani. L’appareil était dressé sur un échafaud, la hache placée au haut de deux coulisses, le condamné à genoux, la tête posée sur un billot et l’exécuteur contre un des montants de la coulisse, prêt à lâcher la corde qui tenait la hache suspendue. Les gravures allemandes étaient à peu de chose près semblables.
    On avait recueilli de minutieuses informations sur divers supplices usités très anciennement en Perse, et plus tard en Écosse, pour les nobles, mais ce n’étaient que des variantes plus ou moins grossières de la Mannaïa . En France même on avait eu déjà recours à la décapitation mécanique ; le maréchal de

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