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Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Mémoires de 7 générations d'exécuteurs

Titel: Mémoires de 7 générations d'exécuteurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Henri Sanson
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elle, et la plus honorable de nos fonctions est de défendre les gens de bien contre les atteintes de l’oppression. Un effroi criminel nous saisirait-il donc ? Aurions-nous la lâcheté de laisser à leur désespoir des hommes jeunes et humains, rejetés en quelque sorte de leur mère-patrie ? Les abandonnerons-nous sans pitié aux traits meurtriers de leurs injustes ennemis ? Non, sans doute ! et ils trouveront toujours dans notre ministère tous les secours que les infortunés ont le droit de réclamer de nous. Feu M. Le Cauchois, avocat au Parlement de Rouen, dont la mémoire sera à jamais précieuse aux amis de l’humanité (1), nous a donné l’exemple que nous suivons ; il a écrit avec autant de chaleur que de succès en faveur des exécuteurs de Rouen (François-Thomas et Charles Ferey frères) contre les persécutions qu’ils éprouvaient de là part de leurs concitoyens. M e Thouret, aussi avocat au Parlement, plus tard membre de l’Assemblée nationale ; feu M e Gerbier, ce savant jurisconsulte que son siècle et la France s’honorent d’avoir produit, cet orateur étonnant, qui, pendant une longue suite d’années, a fait revivre au barreau de cette capitale l’éloquence des Démosthènes, des Cicéron et des Hortensius. MM es Rimbert, Benoît et Gautier, aussi avocats au Parlement de Paris, ont défendu comme nous les infortunés en faveur desquels nous réclamons la justice bienfaisante de l’Assemblée nationale. Serait-ce donc un crime à nous d’imiter ces estimables jurisconsultes ?
     
    (1) Pierre Noël Le Cauchois, avocat au Parlement de Normandie, naquit à Rouen en 1740. Après avoir sacrifié toute sa fortune, et s’être fait des magistrats souverains de Rouen autant d’ennemis, pour arracher au dernier supplice les sieurs Savary, en 1762 ; le Cannu, en 1764 ; la dame Blanchard, en 1778 ; les Tirat et le sieur Leroux, en 1779 ; le sieur de Bichen et la fille Salmon, en 1786 ; il mourut à Paris, en 1788 dans la plus grande pauvreté et fut inhumhé le lendemain à Saint-Sulpice, aux dépens d’un généreux citoyen nommé Cailleau, imprimeur-libraire, qui donna 121 livres 10 sols pour le convoi de cet homme sensible, dont la capitale pleure encore la perte. (Note du Mémoire)  
     
    Les préjugés, dit Bacon, sont autant de spectres et de fantômes qui tourmentent les âmes faibles ; nous ajoutons que le préjugé, cet enfant odieux de la féodalité qui distingue l’homme de l’homme, est un monstre qui désole la société, et les gens de bien doivent se disputer l’honneur de le combattre.  
    Peut-être éveillerons-nous la haine de quelques folliculaires faméliques, ennemis du bon ordre, en défendant des hommes de bien qu’ils calomnient : peut-être chercheront-ils à nous couvrir de ridicule dans leurs pamphlets périodiques ; un silence de mépris sera notre réponse, tant qu’ils ne porteront aucune atteinte à notre honneur, et nous poursuivrons toujours l’erreur quand nous pourrons la découvrir.  
    Sed nos errorem, quo esse cunque receptet Insequimur.
    Voilà notre profession de foi : c’est mériter de ses concitoyens, c’est rapporter à leur bonheur les connaissances qu’on a acquises que d’éclairer leurs opinions.  
    Signé : C.-H. SANSON et L.-C.-C. SANSON,  
    Fondés des pouvoirs de tous nos confrères du royaume.  
    M e MATON DE LA VARENNE, avocat.
     
    Chose étrange ! ce Mémoire trouva des apologistes dans la presse. Le Fidèle Observateur , dans ses numéros 8, 9, 10, 11, 14 et 15 ; le Journal général de la Police et des Tribunaux , dans son numéro 70, en rendirent avantageusement compte ; et enfin l’ Ami du Peuple , de Marat, lui consacra ces quelques lignes :  
     
    Quoiqu’il ¿l’entre pas dans le plan de notre journal d’annoncer les ouvrages nouveaux, nous ne pouvons résister à l’envie de faire connaître à nos lecteurs un chef-d’œuvre de sensibilité, de goût et d’érudition : c’est le Mémoire de M. MATON DE LA VARENNE, jurisconsulte aussi estimable que littérateur distingué, qui a plaidé avec tant de chaleur, d’énergie et de succès contre les calomniateurs du sieur Sanson. Le préjugé, qui voue les exécuteurs à l’infamie, se trouve absolument détruit dans ce Mémoire qu’on ne peut lire sans attendrissement ; et l’Assemblée nationale, à laquelle il est adressé, ne peut qu’accueillir des réclamations qui ont pour base les droits imprescriptibles de l’homme,

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