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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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que faisais-tu dans un
endroit comme celui-ci en pleine nuit ?
    Au
fur et à mesure que Kaeso formulait la question, la réponse lui paraissait
évidente. On ne venait à Subure que pour trois choses : chercher des
prostitués, garçons ou filles, jouer à des jeux d'argent illégaux ou préparer
un mauvais coup. Et, après la comédie qu'Apollonius lui avait jouée dans sa
litière, point n'était besoin de trop se creuser la tête pour deviner laquelle
de ces trois activités le garçon avait décidé de pratiquer.
    Le
jeune centurion agita la main.
    -
Oublie ce que je viens de demander, reprit-il. Ça ne me regarde pas.
    Apollonius
rit et haussa les épaules.
    -
Pas ce à quoi tu penses, centurion ! railla-t-il. Je n'étais pas venu chercher
un bel éphèbe mais voir une femme qui dit avoir reçu un message du dieu en
rêve.
    -
Oh... Et ?
    Le
garçon grimaça.
    -
Pour parler franchement, centurion, je soupçonne le message en question de
s'être évaporé dans les fumées de chanvre que cette femme inhale
quotidiennement !
    Kaeso
sourit et hocha la tête.
    -
Je vois.
    -
Laisse-moi plutôt répondre aux autres questions qui te brûlent la langue mais
que tu n'oses pas poser, ajouta Apollonius avec un sourire mutin en clouant son
regard au sien comme s'il pouvait lire en lui aussi aisément que sur un
parchemin. J'ai vingt-sept ans, même si j'en parais quinze ; je viens d'Asie
Mineure ; cette drôle de couleur de cheveux qui est la mienne ne doit rien aux
artifices de la décoloration et, non, je n'ai pas pour habitude de faire du
plat dans les litières à chaque soldat que je croise, raison pour laquelle je
t'ai sans doute paru si emprunté. Ai-je oublié quelque chose ?
    Le
prétorien écarquilla les yeux, estomaqué, puis rit de bon coeur.
    -
Non. Tu es excessivement perspicace.
    -
Ne le répète pas mais, pour un oracle, ça fait partie du minimum acceptable.
    L'hilarité
de Kaeso redoubla et il tendit la main au garçon, qu'il considérait à présent
d'un oeil nouveau.
    -
Je n'ai pas été très courtois moi-même, accepte mes excuses.
    Apollonius
serra sa main tendue avec bien plus de force que nécessaire. Le prétorien
allait lui faire une réflexion malicieuse sur sa poigne de fer lorsqu'il
remarqua que son bras était très gravement brûlé en plusieurs endroits.
    -
Ne souffres-tu pas ? lui demanda-t-il, médusé que le garçon ne soit pas en
train de grimacer de douleur.
    Celui-ci
secoua la tête et haussa les épaules en souriant.
    -
La force du dieu me permet de contrôler ce genre de chose, assura-t-il.
    -
Mais ces brûlures sont profondes, nota Mustella, qui avait gardé le silence
jusque-là. Elles risquent de s'infecter.
    -
Malah s'en occupera lorsque nous rentrerons. Ne vous inquiétez pas pour moi.
    -
Ma mère est guérisseuse, l'informa Kaeso. Elle pourrait jeter un oeil à ces
brûl...
    -
Centurion ? l'interrompit le chef des vigiles.
    -
Oui ?
    -
Merci. Nous n'y serions jamais arrivés sans l'aide des cohortes prétoriennes.
    Le
jeune centurion lui pressa l'épaule.
    -
À charge de revanche, mon frère, répondit-il, épuisé. As-tu encore besoin de
nous ?
    -
Non, toi et tes hommes pouvez rentrer à la caserne. Maintenant, c'est... C'est
notre affaire.
    Il
fit un ample geste du bras pour désigner ce qui les entourait et Kaeso regarda
autour de lui. Une vingtaine de cadavres noircis s'entassaient sur le sol
détrempé et des enfants en pleurs passaient entre les blessés, à la recherche
de leur mère. L'un d'eux s'accrocha à la tunique d'Apollonius en l'appelant "papa"
et il le prit dans ses bras frêles. Le garçonnet s'y blottit et sembla
s'endormir mais lorsque l'oracle le serra contre lui pour le protéger un peu de
la fraîcheur du petit matin, il poussa un petit cri et Kaeso comprit que
l'enfant avait cessé de respirer.
    Malah
le prit avec une délicatesse étonnante pour un tel colosse et l'allongea au
milieu des autres cadavres.
    -
Que la Fortune nous préserve et nous vienne en aide, pria Apollonius d'une voix
étranglée, les deux mains sur la bouche, profondément choqué. Dieux de l'Olympe
tout-puissants, qu'est-ce qui a donc pu attirer tant de malheur sur nos têtes ?
Quoi, grands dieux ?
    Kaeso
serra les poings, gagné par une rage impuissante.
    -
Les dieux n'y sont pour rien, Apollonius, affirma-t-il.
    Balbus
Taurus acquiesça en serrant les mâchoires, aussi furieux que le jeune
prétorien. Les conséquences de cette maudite guerre entre bandes rivales, que
ni lui ni ses

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