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Meurtres Sur Le Palatin

Meurtres Sur Le Palatin

Titel: Meurtres Sur Le Palatin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Cristina Rodriguez
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paraissait perdu dans ses pensées. Le soleil de la mi-journée faisait
miroiter l'eau du bassin central et, par l'ouverture du toit, on entendait la
foule, de moins en moins nombreuse à mesure que l'heure de la sieste
approchait, quitter le forum, en contrebas.
    Un
serviteur apporta une aiguière de vin coupé d'eau fraîche et un élégant verre
bleu, qu'il posa sur un petit guéridon, près de son maître. Mais celui-ci ne
parut même pas le remarquer. Il jouait nonchalamment avec les petites tablettes
de cire qu'Aemilius Lepidus, le cousin de Caligula, lui avait remises un peu
plus tôt.
    Depuis
la mort de leur père, Lepidus et sa jeune soeur, Lepida, étaient sous la
tutelle du placide sénateur. Celui-ci s'acquittait de sa tâche avec d'autant
plus de bonne volonté et de bienveillance qu'il les connaissait depuis leur
naissance. À l'instar de sa propre fille et de Kaeso, Lepida et Lepidus avaient
grandi comme tous les enfants faisant partie de la famille , ou plutôt du
"clan" impérial : courant du verger d'Antonia, où ils pillaient les arbres
fruitiers, à la bibliothèque de Claude, qu'ils rendaient fou à force de
facéties ; des écuries de Germanicus, où ils montaient jusqu'à Morsus, l'énorme
chien de l'intendant, à ses chantiers navals, où ils jouaient à la bataille
d'Actium ; et de l'infirmerie de Hildr, où ils finissaient tôt ou tard, aux
jardins d'Agrippine, où ils se reposaient d'une journée riche en pitreries.
Autant dire qu'ils avaient tout partagé, des nourrices aux pédagogues en
passant par les indigestions de fruits trop verts ou les morsures de corniaud
au bord de la crise de nerfs.
    Combien
de fois Octavianus Torquatus n'avait-il pas envoyé ses esclaves parcourir la
moitié de Rome et de ses alentours pour savoir dans quelle maison sa fille
avait fini par tomber de sommeil ? Ou pour prévenir qu'il avait lui-même repéré
deux, quatre ou huit petits pieds surnuméraires dépassant de sous la couverture
du lit de Concordia ? Il avait renoncé très tôt à en tenir le compte. Dans la
famille, comme ils disaient tous, chacun savait de combien d'enfants il était
le père mais bien malin celui qui aurait pu dire combien il allait devoir en
nourrir ou en border avant la fin de la journée ! Cette familiarité et cette
vie au sein d'un clan excessivement fermé et surprotégé avait créé des liens
quasi indestructibles entre les enfants et, dans le contexte où ils devaient à
présent évoluer, il s'agissait d'un luxe plus rare que l'or.
    Octavianus
Torquatus laissa échapper un soupir mélancolique.
    Oui,
c'était une époque heureuse, alors, pleine d'espoirs et de rires d'enfants. Une
époque où ses chers amis Licinus et Germanicus, les pères de Kaeso et de
Caligula, étaient encore vivants. Une époque où ils étaient tous dans la force
de l'âge et où chacun croyait en un grand empire romain pacifié et influent.
    -
Sénateur Torquatus ?
    Il
sursauta et se tourna vers le jeune intendant de Concordia, qu'il n'avait pas
entendu approcher.
    -
Oh ! Ludius !
    -
Tu m'as fait appeler ?
    Le
vieux sénateur tapota un fauteuil, près du sien, pour guider l'aveugle.
    -
Oui, mon garçon, approche. Viens t'asseoir.
    Ludius
obéit, calme et souriant comme à son habitude.
    -
Je vais avoir besoin de ton habileté et de ta débrouillardise, commença
Torquatus. As-tu entendu parler de cet oracle qui s'est installé à deux pas
d'ici il y a quelques mois ? Apollonius.
    L'aveugle
acquiesça.
    -
Bien sûr, tout le quartier ne parle que de lui.
    -
J'aimerais que tu te renseignes un peu à son sujet. Tout ce que tu pourras
trouver.
    -
Un problème ? s'enquit Ludius en inclinant la tête sur le côté.
    -
J'ai bien peur que oui. Lepidus a trouvé un courrier, ce matin, dans les
affaires de Lepida. D'après le portier, l'esclave d'Apollonius l'aurait apporté
à l'aube. Écoute un peu ça.
    Le
vieux sénateur lui lut la lettre. Ludius fronça les sourcils et plissa les
lèvres, écoeuré.
    -
Comment peut-on écrire de telles choses à une fille de quinze ans ?
    -
Écrire quoi à qui ? demanda gaiement Concordia en entrant à son tour dans
l'atrium, agitant un petit éventail d'ivoire devant son visage. Cette chaleur
ne s'arrêtera donc jamais...
    Elle
se servit un peu de vin dans la coupe de son père et la vida d'un trait.
    -
Une nouvelle acquisition ? demanda Octavianus Torquatus en reculant un peu pour
admirer sa fille.
    Celle-ci
tourna sur elle-même pour montrer sa nouvelle robe sous

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