Meurtres Sur Le Palatin

prend ? Tu es fou !
    -
Et pour Columbus ?
    -
Quoi ?
    -
La prochaine fois, conseille-lui de rentrer ses griffes, ça évitera qu'on
remonte jusqu'à vous !
    Placidus
se raidit.
    -
Mais enfin, de quoi tu parles ?
    -
Des deux esclaves et du sénateur que ta fille a tués pour attirer mon attention
et me lancer sur la piste de Marcus Gallus !
    -
Que... Quoi ? s'écria Placidus. Ma fille n'a tué personne ! C'est Marcus qui...
ah !
    Io
venait de s'approcher et montrait les crocs, terrorisant le petit homme.
    -
Qu'est-ce que Marcus lui a fait de si terrible pour qu'elle lui en veuille à ce
point ? S'imaginait-elle vraiment qu'en couchant avec moi elle réussirait à
faire de moi son jouet armé ?
    -
Ma fille ne ferait jamais de mal à personne en dehors de l'arène ! pleurnicha
Placidus.
    Mais
Kaeso voyait à son expression que lui-même ne croyait pas à ce qu'il disait. Il
connaissait trop bien son impétueuse fille pour ne pas savoir que rien ne
l'arrêtait lorsqu'elle était en colère, et surtout pas le meurtre d'un esclave,
guère plus qu'un objet, à ses yeux.
    -
Victoria a froidement assassiné deux de tes meilleurs gladiateurs et c'est tout
ce que ça te fait ?
    Placidus
se redressa un peu et essaya de rassembler tout le courage dont il était
capable, c'est-à-dire très peu, pour défendre sa fille.
    -
Quand bien même aurait-elle tué ces deux garçons, centurion, ce qui est
impensable ! dit-il avec morgue, je ne vois pas en quoi ça te regarde.
    Ces
hommes m'appartenaient ! De quoi comptes-tu l'accuser ? "Dégradation volontaire
de son propre patrimoine" ? Elle a dû casser quelques assiettes, aussi,
cette année. Et une ou deux coupes. Veux-tu ajouter cela aux charges ?
    Kaeso
serra les poings. Placidus avait raison. Lacertus et Columbus étaient des
esclaves. Lui et sa fille avaient droit de vie et de mort sur eux. Auraient-ils
voulu les dévorer vivants morceau par morceau que ni lui ni personne n'aurait
eu son mot à dire.
    -
Je veux la vérité sur toute cette affaire, Placidus, et je la veux tout de
suite !
    -
Mais je t'ai dit tout ce que je savais, lorsque tu es venu ! J'ai même...
    Il
se tut et poursuivit un ton plus bas :
    -
J'ai même fait allusion à ce vicieux de Valerius Flacus.
    -
Tu m'as dit aussi que tu ne participais jamais à des jeux clandestins.
    Placidus
secoua la tête, affolé.
    -
Et c'est vrai, centurion.
    -
Pourtant, Victoria m'a assuré que tu étais au Loup gris, hier soir. Et avec tes
meilleurs combattants !
    Le
petit homme blêmit.
    -
Je... C'est impossible. Je... C'est faux, elle ne t'aurait jamais dit une chose
pareille puisque ce n'est pas vrai !
    -
Ta propre fille t'a trahi, Placius, martela Kaeso. Que lui a fait Marcus Gallus
pour vouloir sa tête à ce point, quitte à risquer la réputation de son propre
père ?
    -
Je ne connais pas cet homme ! Je te l'ai dit, je ne mange pas de ce pain-là...
    -
Arrête ! menaça le prétorien en le saisissant à la gorge, manquant de peu de le
faire s'étrangler. Un mensonge de plus et je jure sur les mânes de mes aïeux
que je laisse Io te dévorer les boyaux !
    Le
léopard feula en reniflant les jambes du petit homme.
    Celui-ci
laissa échapper une petite plainte étranglée en essayant de se libérer et Kaeso
raffermit sa prise, le soulevant presque du sol.
    -
Ils ont été amants ! avoua finalement Placidus en sanglotant. Ils devaient se
marier mais Danaé...
    -
Quoi, Danaé ?
    -
Cette putain... Marcus l'a engrossée !
    Kaeso
sentit une sueur glacée lui couler dans le dos, comprenant enfin ce que la
jeune gladiatrice avait essayé de lui cacher.
    -
C'est pour elle qu'il a quitté ta fille, n'est-ce pas ? C'est lorsqu'elle est
tombée enceinte que Marcus a envoyé paître Victoria ? Cela doit être
horriblement vexant de devoir abandonner sa place à une ancienne prostituée,
vulgaire et sans éducation... Que peut-elle avoir de plus que ta fille, dis-moi
? Hormis, bien sûr, l'enfant qu'elle porte. Marcus a perdu toute sa famille.
Cet héritier providentiel doit être vraiment important pour lui.
    -
À supposer qu'il soit de lui ! cracha Placidus, à la fois mort de peur et fou
de rage. Et avec cette putain, rien n'est moins sûr, tu peux me croire !
    -
Lui, le croit, apparemment. Danaé lui a donné ce que Victoria ne pouvait pas
lui offrir. C'est ce qui s'est passé, n'est-ce pas, Placidus ?
    Celui-ci
ne répondit pas mais c'était inutile. Ce qui s'était passé la nuit précédente
aurait pourtant dû mettre la puce à