Meurtres Sur Le Palatin
l'oreille de Kaeso, ou du moins l'alerter.
S'il n'avait pas bu plus que de raison au banquet de Caligula, peut-être
aurait-il trouvé le comportement de Victoria suspect.
Habituellement,
quand on faisait l'amour avec une femme qui n'était pas la sienne, celle-ci
s'arrangeait pour éviter les conséquences "fâcheuses". Et la plus
sûre façon d'y arriver était de demander à son partenaire de se retirer avant
qu'il ne soit trop tard.
Pas
Victoria.
Sur
le moment, Kaeso s'était dit qu'elle avait dû prendre des précautions
particulières, comme une petite éponge imbibée de vinaigre ou quelque chose du
genre. Il n'avait pas songé à une autre possibilité : Victoria savait qu'elle
ne risquait absolument rien.
-
Marcus l'a rejetée parce qu'il a découvert qu'elle était stérile, n'est-ce pas,
Placidus ? C'est pour ça que Victoria est devenue gladiatrice en dépit du fait
que, contrairement à sa mère, elle n'était pas née esclave. Et c'est pour ça
aussi que tu l'as laissée faire. Parce qu'elle n'avait aucune chance de trouver
un mari et de fonder une famille.
Kaeso
lâcha Placidus, qui s'écroula à ses pieds en pleurnichant.
-
Elle a été mariée deux fois..., haleta-t-il en hoquetant à chaque mot. Et, à
chaque fois, son mari l'a répudiée pour les mêmes raisons... Avec Marcus, elle
pensait que ce serait différent. Il n'avait qu'un nom souillé de traîtrise à
transmettre, et il avait tout perdu. Qui aurait pu penser qu'il voudrait un
héritier ?
Il
y eut un long silence seulement entrecoupé par les sanglots du petit homme.
Kaeso
prit une profonde inspiration.
-
Lacertus et Columbus étaient tes esclaves, Placidus, et, c'est vrai, ce que toi
ou ta fille faites d'eux ne me regarde pas. Mais Appius Publius, lui, était
sénateur. Même s'il ne manquera à personne, et surtout pas à sa femme dont il a
joué jusqu'à la dot, ta fille doit payer pour son crime.
Placidus
laissa échapper une exclamation outrée.
-
Assassiner un sénateur ! Victoria n'aurait jamais fait une chose aussi stupide
!
-
Il faut croire que sa haine pour Marcus l'a emporté sur son bon sens.
-
Impossible ! Je connais ma fille !
-
Victoria doit répondre elle-même de cette accusation.
-
Ne trouves-tu pas qu'elle a assez souffert comme ça ?
Kaeso
se pencha sur lui, méprisant.
-
Énormément, persifla-t-il. Et tu en es si bouleversé, poursuivit-il
impitoyablement, que tu n'hésites pas à te rendre chez l'homme qui l'a humiliée
et à accepter son argent. Touches-tu aussi un pourcentage sur les paris,
lorsque tu te produis dans des bouges comme le Loup gris, Placidus ? Bien sûr que
oui.
Le
petit homme agita les mains, gagné par l'appréhension.
-
D'accord, je veux bien l'admettre mais, je t'en supplie, essaie de comprendre :
comment crois-tu que les écoles telles que celles-ci arrivent à survivre ?
plaida-t-il. Tibère César n'a pas autorisé de jeux publics depuis des années !
-
C'est vrai, mais les riches patriciens qui engagent des gladiateurs pour
distraire leurs invités lors d'une réception sont légion. Comment se fait-il
que ce ne soit pas le cas de tes poulains, Placidus ? Question idiote,
excuse-moi. Tu n'avais pas besoin de ça tant que ta fille était la maîtresse de
Marcus, pas vrai ? Tu assurais probablement tous les spectacles ! Ce qui
n'était probablement plus le cas lorsque la grossesse de Danaé a définitivement
mis fin à tes petites combines. Réalises-tu bien ce qui te pend au nez,
Placidus ? Organiser des jeux clandestins avec un homme dont la famille a été
condamnée pour crime contre l'État... Je doute qu'un seul juge t'accorde la
faveur d'une exécution rapide.
Le
petit homme, terrifié, s'agenouilla et leva ses mains jointes vers le grand
prétorien, suppliant.
-
Dis-moi ce que tu veux, je ferai ce que tu voudras.
-
Je veux des noms.
-
Oui ! Oui, d'accord, je te donnerai tous les noms que tu voudras !
-
Qui est derrière tout cela ?
-
Marcus Gallus !
Kaeso
le saisit à nouveau à la gorge et Io découvrit ses crocs à quelques centimètres
du visage du petit homme, qui n'en menait pas large.
-
Moque-toi de moi encore une fois et je la laisse te déchirer la gorge ! Une
dernière fois : qui est derrière tout cela ?
-
M... Marcus Gallus ! pleurnicha le petit homme. Je te le jure ! C'est lui qui
me contacte, qui organise les combats et qui me paye. C'est la stricte vérité !
Sur la tête de ma fille !
Le
prétorien le lâcha et Placidus se recroquevilla
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