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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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agrippa en s'arrachant la peau, déchirant ses ongles pour ralentir sa chute. Puis la corde de varech se tendit, ce qui la fit s'arc-bouter en arrière jusqu'à ce que les os de sa colonne vertébrale frottent les uns aux autres.
    — Faites que la corde tienne, pria Kiin dans l'espoir qu'un esprit l'entendrait.
    Son cœur cognait tant qu'elle avait l'impression qu'un oiseau de la falaise était prisonnier dans sa poitrine. Elle releva lentement la tête puis tendit la main pour saisir la corde. Elle referma les doigts autour du varech, leva les yeux et vit que deux ongles de sa main droite et un de sa main gauche étaient arrachés. Son avant-bras droit était à vif et des lambeaux de peau pendaient.
    La falaise était lisse et abrupte, avec trop peu de fissures pour les prises et aucune saillie hormis celle aux œufs à cinq ou six longueurs de bras au-dessus de sa tête. Les oiseaux commençaient à revenir mais ils étaient silencieux si bien que Kiin n'entendait que le vent, la mer et le crissement de la fibre de varech contre la roche.
    « Grimpe, dit sa voix d'esprit. Si tu restes ici, le bord de la falaise coupera ta corde. »
    Kiin regarda en bas les vagues de la mer du Nord qui s'écrasaient, blanches, contre la falaise. Elle en eut le souffle coupé. Elle regarda vers le haut et ses yeux s'accrochèrent à la saillie aux œufs aussi sûrement que si c'étaient ses mains.
    « Grimpe, allez, grimpe ! »
    Kiin agrippa la corde et tira. Fine, tendue, elle faisait comme une lame de couteau. Des larmes jaillirent de ses yeux mais elle déplaça sa main gauche légèrement au-dessus de sa main droite.
    — Je peux y arriver.
    Elle s'adressait à elle-même et aux esprits du vent qui la balançaient contre la roche. Lentement, main droite, main gauche, elle escalada. Enfin, elle leva les pieds, les maintint contre la roche et progressa contre la paroi en tirant, les orteils saisissant de minuscules crevasses et affleurements.
    La sueur la piquait sous les bras et entre les jambes et son cœur tambourinait dans sa poitrine. Ses mains la brûlaient et elle devait pincer les lèvres pour ne pas crier sa douleur. Encore, elle leva la main droite, mais cette fois ses doigts ne trouvèrent aucune prise. Elle resta immobile un moment, suspendue au flanc de la falaise. Elle leva les yeux dans l'espoir d'approcher du rebord, mais si la longueur de la corde montrait que Kiin avait gagné du terrain, elle avait l'impression que tout restait à faire.
    « Tu avances, murmura la voix en elle. C'est la douleur qui te fait croire que c'est si loin. Ne regarde pas en bas, contente-toi de grimper. »
    Une main après l'autre. La douleur dans les épaules s'accordait à celle de ses bras en feu. Une main après l'autre. Le vent soufflait plus fort, montant de la mer, il plaquait Kiin contre la falaise. Une crampe à la jambe droite l'obligea à s'interrompre.
    — Je ne peux pas.
    « Qui es-tu pour abandonner si près du but ? dit son esprit. Lève les yeux. Tu vois ? »
    Kiin obtempéra et s'aperçut que le rebord était proche. Si elle s'étirait, elle l'atteindrait du bout des doigts.
    « Encore un effort, un tout petit effort. Une fois sur le rebord, tu pourras te reposer, alors ce ne sera rien de parvenir au sommet. »
    Kiin se hissa de nouveau. La crampe revint, si douloureuse qu'elle hurla. Elle leva son genou et l'attira
    contre sa poitrine pour étirer ses muscles. La crampe passa et Kiin respira profondément. Elle s'appuya avec précaution sur sa jambe, leva la gauche, déplaça sa main le long de la corde et réprima un cri...
    Sa jambe droite dérapa sur la roche et la gauche, pas encore assurée, en fît autant. Elle sentit tout le poids de son corps sur ses mains.
    Elle réussit un moment à se maintenir, mais bientôt la corde fila entre ses doigts. Son sang avait rendu le varech poisseux, mais Kiin parvint à interrompre la glissade. Levant les yeux, elle comprit de combien elle était redescendue.
    — J'étais en haut ! s'écria-t-elle.
    Le vent s'empara de ses paroles et les projeta contre la paroi.
    « Grimpe, allez, recommence. »
    — Je n'y arrive pas, dit Kiin en pleurs.
    « C'est ça ou tu meurs. Le vent agite déjà ta corde. Les rochers au bord de la falaise la trancheront et tu tomberas à la mer. »
    — Comme ça je serai morte, hurla-t-elle au vent, à la mer, aux roches grises. Ça m'est égal.
    « Cela t'est égal ? A toi, toi qui as survécu aux malédictions et à l'esclavage ? Et ceux que

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