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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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même après que le Corbeau eut donne sa femme pour épouse à Qakan. Avec cette vision de Cheveux Jaunes vint l'écho d'un rire, mais la mort avait pris la voix de Cheveux Jaunes, aussi était-ce le rire de Queue de Lemming dont se souvenait Kiin. Pui;; l'image du Corbeau et de Queue de Lemming au cours des nuits où ils se roulaient ensemble dans les nattes et les fourrures.
    Kiin s'assit sur la plate-forme et recula pour faire de la place au Corbeau. Il tendit la main et effleura ses tétons qui pointaient. Il prit un de ses seins dans sa mai :i ouverte. Kiin observa les doigts du Corbeau mais soudain, elle vit les doigts de son père. Elle pensa à ces fois où son père l'avait vendue à un commerçant pour la nuit, au temps où elle luttait bec et ongles contre les caresses des marchands. Même lorsque le Corbeau bougeait au-dessus d'elle, les muscles de Kiin étaient douloureux au souvenir de ces blessures. Pourtant, elle s'étendit, ouvrit les bras et les jambes à l'étreinte du Corbeau. Il était lourd contre sa poitrine et elle se déplaça légèrement pour qu'il ne pèse pas de tout son poids sur la partie la plus tendre de ses seins.
    Le Corbeau se souleva et s'enfonça en elle, entamant le rythme de l'homme avec la femme. Kiin ferma les yeux, chassa toute pensée de lui pour accueillir celle de la nuit passée avec Samig.
    Elle pouvait presque croire qu'elle était avec Samig et son esprit s'emplit du contentement de Samig, l'enveloppant de la joie de leur union. Le Corbeau se jeta contre elle et gémit. Le besoin de Samig se répandit alors en elle comme une douleur dans son corps tout entier.
    « Chaque fois sera un peu plus facile, lui dit son esprit comme une mère chante pour réconforter son enfant. Chaque fois la douleur s'atténuera un peu. »
    6
    Premiers Hommes
    Baie de Herendeen, péninsule d'Alaska
    Samig était assis seul à côté de son ikyak. l es longues bandes de terre autour de la baie protégeaient la plage des Commerçants du vent du nord, mais le ciel était chargé de nuages sombres. Samig portait deux parkas l'un sur l'autre pour avoir plus chaud.
    Il déroula les bandelettes de peau de phoque autour de sa main droite. Au cours de la lune qui avait suivi la mort d'Amgigh, la blessure s'était bien guérie. Les petits points de sa mère Chagak avaient rapproché les bords de la plaie en une cicatrice qui n'était plus qu'une fine ligne rose sur son poignet sombre. Mais la blessure avait été plus qu'une déchirure de la peau et des muscles. Le couteau avait aussi tranché dans l'espril de la main et détruit sa force. Samig pouvait serrer le poing mais ne pouvait plus étendre la main droite à plat.
    Il plia les doigts autour de sa lance longue. Son petit doigt s'ourla comme il faut autour du bois, mais son pouce, celui qui devrait maintenir le bois et pointer \ srs l'épaule de Samig quand il pliait le bras pour lancer ce doigt-là refusait de rester droit. Le doigt recourbé inclinait le javelot et chaque fois que Samig le lançait, il dessinait un petit arc de cercle avant de retomber. S'il tentait d'ajuster son tir, la lance volait haut comme la fléchette à oiseaux d'un gamin, puis retombait du ciel en piqué.
    Samig se leva, arracha le javelot de sa main droite et, le serrant dans la gauche, le lançant aussi loin que possible. Il s'accroupit près de l'ikyak et ferma les yeux.
    Qu'est un homme s'il ne peut chasser ? Kiin m'aurait-elle laissé Takha si elle avait su que j'étais incapable de chasser ? Mieux valait avoir le Corbeau pour père.
    — N'as-tu donc pas plus de respect que cela pour la lance de ton grand-père ?
    Sous le choc, Samig leva les yeux pour découvrir son père, Kayugh. L'homme s'accroupit et plaça la lance aux pieds de Samig.
    — A quoi bon ? demanda Samig en tendant sa main aux doigts recourbés comme une serre d'oiseau. Comment vais-je nourrir ma famille ? Comment vais-je enseigner la chasse à Takha ? Pourquoi Trois Poissons m'appellerait-elle son époux si je suis incapable d'apporter de la viande pour elle et pour nos fils ?
    — Et alors ? Emmèneras-tu Takha à Corbeau ? Ren-verras-tu Petit Couteau chez les Chasseurs de Baleines ?
    Samig vit la colère dans les yeux de son père.
    — Que puis-je leur apporter de bon ? murmura-t-il alors.
    Kayugh haussa les épaules.
    — Si c'est ainsi, je garde ta lance. Ton grand-père Shuganan ne l'a pas fabriquée pour que tu la jettes. Ton imbécillité maudira tes chasses bien plus que la

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