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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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appela Samig dont la voix s'éleva en un cri.
    Il courut vers elle et la serra contre sa poitrine. Trois Poissons voulut se libérer mais Samig protesta.
    — Peu importe qui nous voit.
    Rouge de confusion, Trois Poissons baissa les yeux.
    — Tu vas écraser tes fils.
    Samig s'écarta brusquement, les yeux écarquillés.
    — Takha est ici, dit la jeune femme et caressant la bosse sous son suk. Notre autre fils est là, ajouta-t-elle en tapotant son ventre.
    8
    Waxtal fixait des yeux le morceau de bois flotté.
    — Mauvaise année pour les sculpteurs, remarqua-t-il en jetant le bout de bois avec dégoût. Si j'avais de l'ivoire, je pourrais sculpter tout l'hiver et me rendre chez le Corbeau, le mari de notre fille. Il achèterait mes statuettes. Regarde ce qu'il a donné pour les minables animaux que Kiin a faits.
    Coquille Bleue le regarda de l'endroit où elle était assise à trier de l'herbe, près de la lampe à huile.
    — Prends la journée pour remonter la plage jusqu'à la mer du Nord, suggéra-t-elle. Peut-être les esprits ver-ront-ils ce dont tu as besoin et t'enverront-ils une défense de morse.
    Waxtal la tança vertement :
    — Une femme pense qu'il est facile de marcher jusqu'à la mer du Nord. Une femme dit : « Prends la journée. Tu trouveras une défense de morse. » Tout chasseur sait que ce n'est pas une expédition facile, même en ikyak. Il y a de forts courants et des vents violents. Quel autre chasseur m'accompagnerait ? Ils trouvent peu de valeur aux défenses de morse. Nul esprit n'a ouvert leurs yeux à ce que peut réaliser un couteau de sculpteur.
    Coquille Bleue courba la tête sur son ouvrage.
    — D'ailleurs, ajouta Waxtal, on ne peut me demander de sortir par ce vent vêtu de la sorte. Il me faut un parka. Il fait plus froid ici que sur notre île. Je devrais m'habiller comme les Chasseurs de Morses, avec un capuchon pour couvrir ma tête et des jambières de fourrure. Kayugh et Samig possèdent des parkas mais ma femme est trop sotte pour m'en confectionner un.
    — Si tu désires un parka, j'en coudrai un, répondit Coquille Bleue avec calme, mais je ne peux pas en faire un avec des peaux d'oiseaux. Kayugh et Samig ont des fourrures grâce au troc de Kiin, pas nous. Tu vas devoir chasser et nous rapporter des fourrures de phoques ou des peaux de caribou.
    — Une femme pense qu'il est facile de chasser... commença Waxtal.
    Coquille Bleue soupira profondément et se remit à trier l'herbe.
    Samig posa à ses pieds les lances d'entraînement munies de plumes. Il avait aiguisé le bout de chaque fourreau et durci les pointes au feu. Il ficha la plus proche dans son bâton à lancer mais, avant de la projeter, il se tourna vers Trois Poissons.
    — Quand le bébé arrivera-t-il ?
    — J'ai manqué deux saignements.
    Samig hocha la tête et lança. C'était un bon jet, mais court.
    — Je suis heureux que Takha ait un frère ou une sœur, remarqua-t-il.
    Il ne donna pas cours à ses craintes : l'enfant naîtrait au début du printemps, période difficile pour tout le monde, surtout pour les mères avec de nouveaux bébés.
    Deux fils, songea-t-il — Petit Couteau et Takha. Non, trois. Shuku lui appartenait aussi. Si Trois Poissons avait un fils, cela ferait quatre.
    Samig effleura la joue de Trois Poissons.
    — Tu es une bonne mère pour Takha et pour Petit Couteau. Tu seras une bonne mère pour ce nouveau bébé.
    Trois Poissons sourit, bouche fermée.
    — Je chasserai, lui dit Samig. Même si je dois tout réapprendre comme un garçon. Nos enfants n'auront jamais faim.
    Il s'interdit de penser à leur maigre réserve d'huile de phoque et de viande séchée. Il préféra se rappeler que leur baie était poissonneuse. Chaque jour les femmes attrapaient des menhadens dans les lits de varech. Il y avait aussi des animaux de mer, des phoques, des veaux marins et des loutres. De plus, les femmes avaient fait bonne provision de racines et de baies. Les sculptures de Kiin leur avaient procuré des fourrures pour les vêtements d'hiver. Leurs ulas étaient solides. Ils n'auraient pas à brûler trop d'huile pour rester au chaud.
    — L'hiver ne sera pas facile, dit-il à Trois Poissons en préparant une autre lance d'entraînement, mais nous vivrons. Regarde ! Tu vois cet amas d'ivraie ?
    Il lança. Le javelot vola sans trembler et atteignit sa cible.
    — Encore une baleine, dit Trois Poissons.
    Mais, craignant que les esprits ne le trouvent orgueilleux, Samig dit

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