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Mon frère le vent

Mon frère le vent

Titel: Mon frère le vent Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sue Harrison
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son pouvoir, notre chaman ne pouvait se protéger de cette femme Morse.
    Il y eut des murmures d'approbation, puis le sculpteur demanda :
    — Ses sculptures ont-elles été détruites ? Toutes choses qui détenaient son pouvoir ?
    — Toutes choses, répondit Canne Qui Marche. Même ses vêtements. Même ses fourrures de nuit.
    — Pourtant, le fils de Fait la Pluie est mort, protesta le conteur. Pourtant la vieille femme est morte.
    — Qui sait de quoi ils sont morts ? remarqua le chanteur. Cela n'a peut-être rien à voir avec les pouvoirs du Morse.
    Mais aucun ne sembla de cet avis. Au contraire, le conteur déclara :
    — Saghani est un homme de mensonges. Nous n'aurions pas dû permettre à notre chaman de garder la femme. Notre chaman a vendu une peau médecine. Fait la Pluie a vu Saghani avec. Personne ne devrait faire une chose pareille. Les esprits donnent des pouvoirs à ceux qu'ils choisissent. Même un chaman n'est pas autorisé à vendre une peau médecine.
    — Saghani a certainement repris ses enfants et si nous n'avions pas tué cette femme, ceux qui se prétendent marchands l'auraient volée elle aussi.
    — Ils nous ont dit qu'ils étaient Premiers Hommes, objecta le chanteur.
    — As-tu déjà vu des Premiers Hommes vêtus de la sorte, avec des parkas Morses et des jambières en peau de caribou ? demanda le conteur.
    — Ils portaient des bottes en nageoire de phoque.
    Le conteur émit un son grossier par le nez.
    — Ils se sont donc rendus dans un village Premiers Hommes où ils ont acheté les bottes.
    Le danseur, un homme tranquille, plaça plusieurs bâtons dans l'âtre au centre du logis puis leva les yeux sur les autres :
    — Ils disaient être commerçants, pourtant ils sont arrivés dans des bateaux gainés comme ceux des chasseurs marins. Ils disaient être Premiers Hommes mais combien de fois les hommes de ce village ont-ils vu un marchand des Premiers Hommes ? Ils restent dans leurs propres îles. Ils ne viennent pas à nous.
    — Le plus jeune, dit Canne Qui Marche. Tout homme voudrait son couteau.
    — Je l'ai vu, approuva le sculpteur. La lame est en obsidienne. Les têtes de lances des Premiers Hommes sont en obsidienne, et même leurs pointes de harpons, mais c'était trop beau, trop parfait pour avoir été façonné par une main Premiers Hommes.
    Le chanteur leva les mains et n'ajouta mot.
    Alors, Canne Qui Marche se leva. S'exprimant avec l'autorité acquise par de nombreuses années, il proclama :
    — Je me dis que les deux hommes ne sont pas des marchands. Ce sont des chasseurs. Ce ne sont pas des Premiers Hommes. Ils appartiennent aux Morses. Ils ont été envoyés par Saghani pour ramener les bébés et la femme, surtout le garçon avec la figurine sur son parka. N'avez-vous pas remarqué que le chasseur Morse le plus jeune portait lui-même une sculpture identique ?
    — Mais pourquoi, si ces enfants étaient dotés de pouvoirs spéciaux, Saghani les aurait-il vendus ? demanda le chanteur. Il aurait pu en choisir sans cadeaux des esprits.
    — Il voulait les pouvoirs spirituels promis par notre chaman, répondit le conteur. Tu crois que notre chaman n'aurait pas su si on lui avait donné les mauvais enfants ?
    — Mais s'il savait pour les enfants, repartit le chan-teur, il devait aussi savoir que les hommes envoyés par Saghani mentaient.
    — A ce moment, notre chaman avait déjà cédé son pouvoir, expliqua le danseur.
    — Les femmes prétendent qu'il leur a donné les enfants, à ces Premiers Hommes, à ces Morses, enfin, je m'y perds, dit le chanteur. Les femmes assurent que le jeune homme a promis d'élever les garçons dans la connaissance que notre chaman était leur père, dans l'honneur et le respect des coutumes du Peuple des Rivières.
    — Les femmes entendent ce qu'elles veulent entendre, objecta le conteur. L'homme avait un bon visage et un corps robuste. Les femmes n'ont pas été chercher plus loin.
    Le sculpteur demanda alors :
    — Que devrions-nous faire ? Est-il préférable d'offrir des prières ? De jeûner et de brûler de la viande ? Ou d'aller chez les Morses tuer Saghani ?
    Un sifflement sembla monter de la flamme, comme si chaque homme était habité du désir de tuer.
    — Tuer, dit posément le conteur.
    — Tuer, dit le sculpteur.
    — Si cela signifie que notre village sera sauf... dit le chanteur.
    Le danseur observa longuement Canne Qui Marche.
    — Selon toi, que devrions-nous faire ?
    — Rien de bon n'est

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